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Noël : Les couples mixtes fêtent dans la convivialité
Publié le samedi 24 decembre 2016  |  L’Essor
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Mali est un pays laïc où se côtoient l’islam, le christianisme et les confréries traditionnelles

La laïcité favorise les rencontres entre jeunes de confessions différentes. Ce brassage donne naissance à de nombreux couples mixtes. Les conjoints vivent ensemble malgré leur différence de religion. Depuis le Soudan français jusqu’au Mali de maintenant les mariages mixtes islamo-chrétiens jalonnent l’histoire de centaines de familles. Soit un homme musulman s’unit à une femme chrétienne, soit c’est le contraire qui se passe.
La communauté chrétienne célèbre la fête de Noël dans deux jours. Nous avons approché certains couples mixtes. Ils ont accepté de nous confier un secret de famille. Comment célèbrent-ils cette fête malgré leur différence de religion ?
La musulmane, Mme Traoré, est mariée à un chrétien. Au début de leur relation les conjoints ont pris l’engagement que chacun est libre de vivre sa foi. Et qu’il n’y aura aucune restriction dans les célébrations des fêtes religieuses organisées par le mari ou son épouse. Le foyer de Mme Traoré baigne depuis des décennies dans l’harmonie. La tolérance et la convivialité ont forgé un comportement positif dans toutes les circonstances. Depuis qu’ils sont mariés, Mme Traoré et son époux célèbrent toutes les fêtes religieuses chrétiennes et musulmanes ensemble. « Mon mari, lors de la fête de Ramadan, de Tabaski, de Noël ou de Pâques, me donne le même prix de condiments. Toute notre famille est habillée de neuf pour bien célebrer toutes ces fêtes », a-t-elle expliqué.
Lors de Noël, Mme Traoré et son mari fêtent avec leurs six enfants et leurs proches parents. « Nous commençons la fête depuis la veille. J’appelle des cousines, frères et sœurs qui viennent passer la nuit chez moi. On passe la nuit à causer pendant que mon mari et les enfants vont à l’église pour assister à la messe de minuit. Le lendemain également d’autres parents viennent s’ajouter à la liste des invités. Nous passons toute la journée ensemble jusqu’au petit soir», a-t-elle raconté. Mme Traoré ne compte pas rompre avec cette tradition. Déjà les préparatifs de la prochaine fête de Noël vont bon train dans cette famille islamo-chrétienne.
La fonctionnaire S. D, chrétienne est mariée à un musulman. Depuis qu’ils se sont mariés, chaque Noël, les conjoints fêtent dans la famille paternelle de la femme. «Le matin, nous partons tous dans ma famille, où nous fêtons avec mes parents. Nous invitons également des amis musulmans qui passent la journée avec nous », a-t-elle confié.
Olivier est marié à une femme musulmane. A l’instar de Noël, son couple célèbre toutes les fêtes des deux religions dans la même communauté de cœur et d’esprit. La sincérité des sentiments de l’un envers l’autre est patente dans ce couple. Ce mari large d’esprit affirme qu’il n’impose rien à sa femme. Elle pratique librement sa religion et le mari fait de même. Mais Olivier insiste : « quand les fêtes, ces moments de joie arrivent, nous les partageons ensemble ».
Chaque année sa femme organise une grande fête en famille pour lui faire plaisir. Elle convie plusieurs couples amis musulmans. La fête commence avant le retour d’Olivier de l’église et se prolonge jusqu’à deux heures du matin. Le lendemain dans la journée le couple et sa progéniture se rendent dans la grande famille. Le déjeuner solennel enregistre la présence de nombreux amis musulmans.
L’exceptionnelle Bintou vit seule sa foi musulmane dans une grande famille chrétienne. Le mari est chrétien et tous les enfants du couple pratiquent le christianisme. Ce foyer atypique fête toutes les fêtes religieuses musulmanes et chrétiennes ensemble dans la ferveur et la joie. L’épouse musulmane âgée de quarante ans est rassurée et fière de son homme. Ce mari a toujours respecté sa religion. Lors de la fête de Tabaski, il lui achète un mouton, et lors de la fête du Ramadan, il achète beaucoup de viande. L’épouse à son tour déploie tous ses talents de cordon bleu les jours de fêtes chrétiennes. La soirée de Noël dans sa famille est mémorable. Le mari et ses enfants vont à la messe. Avant leur retour, Bintou accueille les invités d’honneur que sont ses cousines et ses cousins. A leur retour de l’église, le dîner copieux se déroule dans la bonne ambiance jusqu’au petit matin. La fête reprend le lendemain après l’église. « Nous mangeons dans un plat commun et buvons dans la joie et la confraternité sans montrer la différence de religion », se réjouit-elle.
Mère de deux enfants, la musulmane Oumou, est mariée à un chrétien depuis quelques années. Dans son couple, les conjoints ne font pas de différence entre les fêtes musulmanes et chrétiennes. Le chef de famille est originaire de la région de Ségou. Chaque année à Noël et à Pâques, les époux retournent au village pour fêter avec les parents. Tous les frères de son mari sont présents. Généralement, ce voyage a lieu deux jours avant la fête. La nuit de Noël après la messe, une veillée est organisée jusqu’au petit matin. On danse, on chante. Le lendemain Oumou aide les autres femmes à la cuisine. La famille élargie africaine passe ainsi un bon temps ensemble.
Le couple de Mariam également mariée à un chrétien passe Noël chaque année auprès des parents de son mari au Burkina Faso. Les enfants sont du voyage. Mariam fête avec eux comme si c’était une fête musulmane. La main sur le cœur elle confesse : « Seulement je ne bois pas car ma religion me l’interdit ».
A. D. SISSOKO

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