ne enquête a été ouverte dimanche par le parquet de Paris après l'enlèvement d'une humanitaire française à Gao. Pour François-Xavier Freland, journaliste spécialiste du Sahel, cette ville est "l'une des plus dangereuses" du Mali.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête, dimanche 25 décembre, pour enlèvement et séquestration en bande organisée, après le rapt de l'humanitaire française Sophie Pétronin à Gao, au Mali. Selon François-Xavier Freland, journaliste spécialiste du Sahel pour le magazine Jeune Afrique et invité de franceinfo lundi, Gao est "une ville de non droit", particulièrement dangereuse pour les Français.
franceinfo : Comment expliquer la dangerosité de la ville de Gao ?
François-Xavier Freland : Gao est à la fois l'une des villes les plus sécurisées et l'une des plus dangereuses pour les Occidentaux, et pour les Français en particulier. Il y a les troupes de l'opération française Barkhane, grâce à laquelle environ 1 000 hommes sont basés près de l'aéroport, et celles de la Minusma, les troupes africaines. Mais Gao est au carrefour du nord et du sud. Le nord n'a été libéré de l'occupation islamiste qu'en 2013. Il y a donc toujours des infiltrations de jihadistes et des habitants qui collaborent avec eux.
Y a-t-il un climat particulier à Gao en comparaison avec d'autres grandes villes du pays ?
La différence avec d'autres grandes villes comme Tombouctou ou Kidal, c'est qu'un islam radical s’est imposé à Gao depuis une dizaine d’années, avec notamment une influence wahhabite. Des mosquées ont été construites. La ville compte énormément de prêcheurs. Avant, c'était essentiellement une ville de commerce. Aujourd'hui, l'État malien peine à reprendre le contrôle.
L'humanitaire Sophie Pétronin vivait au Mali depuis le début des années 2000. Est-ce que l'habitude a pu lui faire oublier le danger ?
Souvent les expatriés se sentent proches de la population, alors qu'ils restent des cibles. Beaucoup ont leur vie là-bas et n'imaginent pas revenir en France. Mais malgré la mission qu'ils mènent sur place, les humanitaires sont souvent visés par les organisations terroristes. Pour l'instant, l'enlèvement n'a pas été revendiqué, mais tout porte à croire qu'il pourrait être l'œuvre d'Al-Mourabitoune, le groupuscule de Mokhtar Belmokhtar.