PolitiqueDr Soumana Sako, président de la Cnas Faso Hèrè: « Il nous faut convoquer un congrès extraordinaire du peuple malien …pour convenir d’un nouveau contrat social »
Le samedi 24 décembre lors de l’ouverture du 2e congrès ordinaire de son parti la Cnas Faso Hèrè, Soumana Sako, l’ex Premier ministre du Mali a plaidé pour la tenue d’un Congrès extraordinaire du peuple malien à la place de la Conférence d’entente nationale prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation issue des pourparlers d’Alger. Selon Soumana Sako, il nous « faut convoquer un congrès extraordinaire du peuple malien avec toutes les composantes politiques, civiles et sociales pour convenir d’un nouveau contrat social, d’une refondation démocratique de l’Etat malien et une refondation de notre armée nationale ».
La maison des ainés a abrité le samedi 24 décembre passé, le deuxième congrès ordinaire de la Convention Nationale pour une Afrique solidaire (Cnas Faso Hèrè). C’était en présence du président d’honneur du parti Dr Soumana Sako, de son secrétaire général Soumana Tangara et des congressistes venus de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Plusieurs leaders politiques et présidents d’associations étaient présents à la cérémonie d’ouverture du congrès. On peut citer entre autres : Soumaïla Cissé, président de l’Urd, Tiébilé Dramé, président du Parena, Moussa Mara, président de Yelema, Souleymane Koné, 1er vice président du parti Fare An Ka Wili, Allaye Bocoum, responsable du Sadi, Nouhoum Sarr, président du Fad, Ali Nouhoum Diallo, président de la Comode et ancien président de l’Assemblée Nationale…
Dans son allocution d’ouverture, Dr Soumana Sako a remercié les congressistes et les personnalités présentes au congrès. L’ex Premier ministre du Mali a indiqué : « Depuis notre premier congrès, en décembre 2011, beaucoup d’évènements ont marqué le passage du temps. Certains ont secoué notre jeune démocratie jusque dans ses fondements, d’autres ont mis à rude épreuve l’unité nationale, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la République du Mali, la quiétude des populations, l’économie nationale et la confiance de notre peuple dans les institutions publiques et dans les hommes et les femmes les incarnant. »
Au nombre de ces événements, ajoute Soumana Sako, il faut citer le déclenchement d’une énième rébellion dans le septentrion malien, rébellion séparatiste associée à des groupes djihadistes étrangers et locaux, le coup d’état militaire fasciste du 22 mars 2012 qui a non seulement accéléré la chute du deux tiers du territoire nationale entre les main de l’alliance séparatiste et djihadiste, mais aussi susciter, nourri et entretenu une violente et vicieuse campagne de dénigrement de la démocratie et de remise en cause des valeurs et des idéaux du 26 mars 1991. « A la faveur du coup d’état a fait irruption sur la scène publique des politiciens de type nouveau se masquant derrière le manteau de la religion », a déclaré Soumana Sako. Autres faits marquants, note-t-il, il convient de citer les élections générales de 2013 marquée par la corruption, il y a aussi les élections communales plusieurs fois reportées mais finalement tenues sur fond d’achat de vote.
Les dérives du pouvoir et les nécessaires concertations nationales
Selon Soumana Sako, alors que les élections de 2013 avaient suscité de l’espoir chez les couches populaires qui avaient été abusivement manipulées, la désillusion a très vite pris le dessus. « La Cnas Faso Hèrè avec ses alliés de l’ADPS ont été les premiers à dénoncer dès le 2 avril 2014, les dérives et les nombreux scandales du pouvoir (achat de l’équipement de l’armée, de l’avion présidentiel, l’acquisition de tracteurs et de l’engrais frelaté…) la nouvelle loi électorale promulguée… si l’on n’y prend garde les prochaines élections générales verront les narcotrafiquants briguer le pouvoir d’état par eux mêmes ou par manière interposée », a expliqué le président de la Cnas Faso Hèrè.
Concernant l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, Soumana Sako a indiqué qu’il « viole la constitution, menace la république et consacre la partition du pays ». Cet accord, selon lui, doit connaitre un seul sort : le déchirer et le jeter à la poubelle. « L’insécurité et le narcotrafic sont en train de gangrener l’ensemble du Mali et y compris les pays voisins. »
Selon l’ex Premier ministre du Mali, organiser une conférence d’entente nationale prévue dans l’accord dont les participants se limitent aux seuls signateurs et qui a pour but de légitimer l’Azawad n’est pas une solution. « Il nous faut convoquer un congrès extraordinaire du peuple malien comme celui qui a eu lieu en septembre 1960 après la première transition du Mali par le Président Modibo Keïta et ses compagnons. Le Mali se trouvait à la croisée des chemins à l’époque. Face à son destin, ils se sont retrouvés entre fils du Mali et ont décidé de la voie à suivre. Aujourd’hui aussi, explique-t-il, le Mali est à la croisée des chemins, il nous faut convoquer ce congrès extraordinaire du peuple malien avec toutes les composantes politiques, civiles et sociales pour convenir d’un nouveau contrat social, d’une refondation démocratique de l’état malien, une refondation de notre armée nationale. »
Les leaders politiques présents ont aussi plaidé pour la tenue des concertations nationales réclamées depuis fort longtemps par l’opposition malienne. « Faisons ces concertations appelées congrès par Soumana Sako. Retrouvons nous et discutons de l’avenir de notre pays, de son unité. Dans le centre du pays, il n’y a plus d’administration, il n’y a pas de justice… a ce rythme là on va un pays de hors la loi. Depuis trois ans, il n’y a pas de vision. Depuis trois ans, c’est comme un bateau ivre sur la mer.
Ou est le cap ? Vers quoi allons-nous ? Vers quelle société allons-nous ? », a indiqué Soumaïla Cissé, le président de l’URD. Moussa Mara a demandé à Soumana Sako d’engager le processus afin que tous les fils du Mali puisse se retrouver au chevet du Mali. « J’ai entendu Soumana Sako dire qu’il faut que les forces progressistes, les forces du changement, les forces de la vérité se mettent ensemble, je voulais profiter de cette tribune pour l’inviter à engager le processus, pour prendre l’avant-garde », a déclaré Moussa Mara.
L’ accord de réadmission des Maliens de l’extérieur signé et déjà appliqué
Actualité oblige, le communiqué conjoint relatif à la coopération sur la migration signé le 11 décembre 2016 entre le gouvernement du Mali et l’Union Européenne a dominé les débats lors du congrès. Selon Soumana Sako, les autorités maliennes ont signé l’accord. « Un communiqué conjoint est un accord international quel que soit l’appellation.
Ici même à Bamako les 29 et 30 octobre 1963 c’est un communiqué conjoint signé par le président Modibo Kéïta, de l’empereur Haïlé Selassié d’Ethiopie, de Ben Bella d’Algérie et du roi Hassen II du Maroc qui a mis fin au conflit fratricide entre l’Algérie et le Maroc », a-t-il expliqué avant de réclamer la démission des ministres signataires. « Monsieur vous l’avez signez. Après votre signature, il ne vous reste qu’un seul choix : c’est de rendre le tablier et rentrez dans vos villages et laisser les braves maliens prendre en charge les décisions du Mali et des maliens. Le ministre des maliens qui traitent ceux qui critiquent l’accord de « fassoden djougou ». Il est qui ce monsieur là pour donner des leçons de patriotisme ? Ce monsieur ne doit pas passer cette journée dans le gouvernement qui est un gouvernement de la démission nationale».
Sur le sujet, Soumaila Cissé a indiqué : « au-delà d’une convention signée, il y a quand même une convention appliquée. On l’a appliqué sans la signer. Voilà ce qui se passe dans notre pays. Tous les mercredis nous avons un communiqué du Conseil des ministres. Donc il ne vaut rien ce communiqué ? On nous dit qu’un communiqué n’a aucune valeur juridique. Donc qu’est ce qu’on fait désormais des conseils des ministres ? ». Si aujourd’hui, le Mali dit qu’un communiqué conjoint n’a pas de valeur juridique avec qui allons-nous travailler demain ?, s’interroge aussi Souleymane Koné. « Un communiqué conjoint signé équivaut à un accord signé. L’accord est déjà signé. On n’a jamais vu un pouvoir qui a si maltraité le peuple malien que le pouvoir en place…», explique le 1er vice président des Fare An Ka Wili.
Selon Tiébilé Dramé, le président du Parena, Incapables de protéger les Maliens à l'intérieur, le Président et le Gouvernement sont incapables de protéger les Maliens de l'extérieur. « Malgré les dénégations du président de la République et du Gouvernement, il apparaît non seulement que les autorités maliennes ont pris des engagements précis avec l'UE bien avant la visite de Koenders (11 décembre) mais que ces engagements ont connu un début d'exécution par l'envoi de délégations officielles maliennes chargées d'interviewer des détenus dans plusieurs pays européens en vue de préparer leur retour forcé au Mali », a-t-il dit.
La régularisation de la situation administrative des sans-papiers africains, de l’avis du président du Parena, n'est pas au-dessus des forces de l'Europe qui a généreusement ouvert ses portes pour accueillir plus de deux millions de Syriens et d'Irakiens fuyant la guerre. Tiébilé Dramé a invité le « gouvernement du Mali, en relation avec les gouvernements des pays africains concernés, à négocier avec l'Europe la régularisation des sans-papiers africains. »