La libération anticipée, début décembre, de l’historien Ferdinand Nahimana, principal idéologue du génocide contre les Tutsis, et du prêtre Emmanuel Rukundo, respectivement condamnés à trente ans et à vingt-trois ans de prison, a provoqué la fureur du gouvernement rwandais, de la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG) et de l’association de rescapés Ibuka.
Si Kigali critique de longue date la « clémence excessive » du juge Theodor Meron, président du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), à qui l’on doit nombre de réductions de peine en appel et de libérations anticipées, la complaisance des autorités maliennes à l’égard des génocidaires rwandais incarcérés à Koulikoro (à 60 km de Bamako) semble tout aussi problématique.
En 2012, Kigali s’était indigné de leur « mode de vie luxueux » et du laxisme entourant leur vie carcérale. À la lecture des récents jugements de remise en liberté, il apparaît que les autorités judiciaires et pénitentiaires maliennes ont appuyé la requête des intéressés en les présentant comme des détenus modèles offrant toutes les garanties de réinsertion. Or, à l’instar de Nahimana, auteur en 2011 d’un brûlot négationniste, ils n’ont jamais manifesté le moindre repentir.