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Le ministre Sylla sur l’accord réadmission: « c’est faux ! le Mali n’a rien signé »
Publié le mercredi 28 decembre 2016  |  Info Matin
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse du ministre Abdoulaye Diop
Bamako le 19 décembre 2016 le ministre a tenu une Conference de presse sur l`accord de réadmission avec l`UE a Koulouba
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Le ministre des Maliens de l’extérieur, le Dr Abdramane Sylla, sur la rumeur qui s’est enflammée sur la prétendue signature per le Mali d’un accord avec l’Union européenne, visant le rapatriement des Maliens de la diaspora en situation irrégulière, est on ne peut plus clair : « c’est faux ! Le Mali n’a rien signé ». Tel un couperet, ce démenti cinglant du ministre Sylla sonne comme un rappel des valeurs, pour le respect desquelles le Mali et ses autorités, à la tête desquelles le président IBK, tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Aucun reniement face à ces valeurs, hier, comme aujourd’hui. C’est bien de cela qu’il s’agit quand le ministre en charge des Maliens de l’extérieur dit tout de go que cela relève de la manipulation, la rumeur sur la signature de l’accord de réadmission avec l’Union européenne. Le ministre Sylla, qui s’étonne lui-même de l’ampleur de cette rumeur fallacieuse, qu’il n’hésite pas d’ailleurs de qualifier d’un gros mensonge, a en profité pour dire que le Mali est le seul pays en Afrique, en dehors du Nigéria (qui dispose d’une charte), à avoir une politique nationale de migration, articulée en plan d’actions, estimé à plus de plus de 120 milliards de nos francs. Il n’y a donc ni fuite en avant, ni justification dans l’attitude du Mali, sur une question aussi embarrassante que révoltante, comme celle liée à la migration, mais une approche consciente et responsable vis-à-vis d’un problème dont il convient de s’attaquer aux causes profondes. Rappel à l’ordre ministériel…

« Je voudrais à priori dire que c’est faux et que cela relève de la manipulation. Le Mali n’a pas signé d’accord pour rapatrier les Maliens partout où ils sont parce qu’ils n’ont pas de papiers. C’est faux ! Cela ne saurait pas l’être. Je suis le ministre en charge de cette question ; excusez-moi, si je n’ai pas parlé de cette situation en son temps, parce que j’étais malade : le président de la république, je puis vous dire, combien la question des Maliens de l’extérieur lui tient à cœur personnellement et avant tout. J’ai reçu de ses confidences parce qu’il se considère lui-même comme étant un Malien de l’extérieur pour avoir vécu 23 ans à l’extérieur. Je l’ai vu pleurer, dans les foyers, pour ceux qui sont à Paris, quand il évoquait la souffrance de nos compatriotes, venus en France, travailler parfois comme des forcenés pour rapatrier des fonds vers le pays. J’ai vu le président pleurer… Ce n’est pas cet homme-là qui va instruire pour rapatrier les Maliens. Cela est faux ! Il ne l’a pas fait. Il ne l’a pas dit. Au contraire, il m’a instruit d’être présent partout où les Maliens sont en détresse. Il m’a instruit d’intervenir partout où un Malien est en difficulté. Et c’est ce que nous faisons à longueur de journée. Dites-moi, à travers le monde, où est-ce qu’un Malien ait connu un problème, que nous avons été saisis et que nous n’avons pas couru pour l’assister et l’aider. Moi-même, en personne, j’ai sillonné des villages à la rencontre des Maliens. Récemment, j’étais en Côte d’Ivoire : j’ai parcouru plus de 3 000 kilomètres à la recherche des Maliens dans les profondeurs de la forêt ivoirienne pour leur parler, leur dire que l’État est à leurs côtés, qu’il n’est pas question que quelqu’un d’une autre nationalité se moque d’eux.
L’État du Mali est là. Il s’assume par rapport à cette question. Donc, aujourd’hui dire que cet État, qui est soucieux, qui comprend les problèmes de ses compatriotes vivant à l’extérieur, signe un accord avec l’Union européenne, pour le rapatriement des Maliens, est un mensonge.
De quoi il a été question ?
Avant que cette question de migration ait atteint une telle proportion, je puis vous dire que le Mali a bien réfléchi, depuis plusieurs années sur la question migratoire et est arrivé à adopter un document de politique nationale de migration qui n’existe dans aucun autre pays africain, à part le Nigéria qui n’a qu’une charte. Le Mali est le seul pays, en Afrique, qui dispose d’une politique nationale de migration. Dans cette politique nationale, il y a un plan d’actions, chiffré à 120 milliards de FCFA. Ce montant, pourquoi ? Nous sommes conscients que tant que nous n’agissons pas sur les causes profondes de la migration, en créant les opportunités, chez nous, les jeunes continueront à partir à l’extérieur. Donc, je cours derrière l’argent pour trouver à fixer les jeunes gens dans leur milieu de départ. Voilà le plan d’action contenu dans la politique nationale de migration.
C’est fort de tous ces agissements et des voyages que j’ai effectués, en Europe, partout dans le monde, que l’idée de la Valette est née d’un document que nous nous avons élaboré. J’ai voulu convoquer, sur instruction du président de la république, organiser, à Bamako, un forum international sur la migration. Lorsque j’ai fait le document et que j’ai envoyé à l’Union européenne, à l’Union africaine, à la CEDEAO, à toutes les organisations internationales, quelque temps après, l’Union européenne a décidé de convoquer un sommet de chefs d’État à la Valette. Nous y sommes allés. Nous sommes allés pour dialoguer sur la migration, pour dire, à nos interlocuteurs, à quel point la question migratoire mérite aujourd’hui d’être discutée. Cela, parce que tous les jours que Dieu fait, il y a des personnes qui se noient dans la méditerranée. Ces hommes et ces femmes, qui perdent leurs vies, dans la méditerranée, sont des personnes humaines avant tout et qu’il n’est pas bon de se taire sur cette question. Nous sommes donc allés, à la Valette, pour examiner, avec bienveillance, les propositions africaines parce qu’il faut en parler parce qu’aujourd’hui il faut s’attaquer aux causes profondes de cette migration.
C’est pourquoi, à l’issue du sommet, il a été mis en place un fonds fiduciaire de 1,8 milliard d’euros. Et on a demandé aux différents pays de déposer les projets ; les cinq pays prioritaires, dont le Mali. Et nous avons déposé nos projets pour obtenir des financements afin de nous attaquer aux causes profondes de la migration. À l’issue justement du sommet, il a été décidé de mettre en place un haut niveau de dialogue sur la migration. C’est ce haut niveau de dialogue, entre Européens et nous, qui fait qu’en avril 2016, Bert Konders est arrivé, ici même, dans mon département, pour des échanges sur la question. Après lui, d’autres délégations européennes sont arrivées à Bamako…
Donc, la récente visite de Konders va dans le même sens de chercher les voies et moyens possibles pour s’attaquer aux causes profondes de la migration. Et c’est ce nous faisons.
Maintenant, à l’issue de ces rencontres, ce n’était pas la première fois, s’il y a des communiqués conjoints pour dire que nous nous sommes rencontrés et voilà les sujets qu’on a abordés et à l’issue de ça, voilà ce qu’on a convenu : c’est un communiqué conjoint qui est quand même différent d’un accord.
Nous avons dit et répété à nos interlocuteurs européens, qu’il n’est pas question pour nous de signer accord qui va rapatrier les Maliens par la force. C’est quand même contraire aux lois internationales. Récemment, à la 73e session des Nations-Unies, à New York, il y a eu une déclaration sur la migration, qui a été adoptée, et qui est très claire. On ne peut pas obliger.
Donc, on n’a pas signé d’accord sur cette question-là. Il n’est pas question, pour nous, de le signer. Il n’est pas question. Nous n’allons sacrifier aucun Malien. Et chaque Malien compte pour nous, qu’il soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur du pays. Et, nous avons été nous-mêmes très surpris de voir subitement enflammer la rumeur. Mais, comprenez ; Mesdames et Messieurs, qu’il y a de véritables ennemis de cette Nation qui ne veulent pas la paix dans ce pays. Et c’est ceux-là qui sont dangereux.
Je voudrais vraiment partager ces choses-là avec vous pour vous dire qu’en tant que ministre en charge de la question migratoire, et pour celui qui m’a commis à cette fonction, je le connais très bien : le président de la république préférera peut-être démissionner que de sacrifier un Malien parce qu’il y a intérêt. Quel intérêt il a derrière ça ? Quel intérêt le président de la république peut-il avoir derrière à signer un accord pour renvoyer les Maliens de l’extérieur ? NON ! C’est faux. Je viens de vous dire tout à l’heure que les 471 milliards de FCFA qui sont transférés, en 2015, par la diaspora malienne sont supérieurs à toutes formes d’aides au développement. Vous pensez qu’on n’est pas conscient des enjeux nationaux des problèmes qui se posent à nous. Je voudrais, en tout cas, vous rassurer que ce document dont il est prétendu d’être signé ne l’a jamais été. Ni aujourd’hui, ni demain, il ne le sera. Nous sommes formels là-dessus. Il s’agit, pour nous, de se battre au quotidien pour défendre l’intérêt des Maliens, partout où ils sont ».

PROPOS TRANSCRITS PAR MOHAMED D. DIAWARA
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