Hier soir, la 5ème nuit de mobilisation des Maliens de la diaspora malienne de France se poursuit encore à Paris au consulat du Mali en France. On s’achemine vers la 6ème nuit et la foule ne désemplit point. Aux dernières nouvelles où l’on boucle le présent article, l’on apprend l’arrivée au consulat à Paris du ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières, M. Mohamed Ali Bathily. Il a entamé des discussions avec les responsables des collectifs. (wait and see).
Débuté le vendredi dernier à la suite de la controverse autour de la signature ou non d’un accord entre le gouvernement du Mali et l’union européenne pour envisager le retour des Maliens en situation irrégulière en Europe. Hier soir comme les jours précédents des dizaines de manifestants ont organisé un sit-in au consulat. Les chaises de la salle d’attente sont occupées par des manifestants dont une femme enceinte.
A l’appel du Collectif Mains Propres et le Collectif Citoyens Mali, des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et vieux sont déterminés pour faire aboutir une plateforme de revendications relatives non seulement à la réadmission des Maliens en situation irrégulière mais aussi par rapport aux problèmes récurrents pour l’obtention des documents maliens au consulat à Paris. Sur place un manifestant venu de la province exhibe son récépissé périmé à cause du retard accusé pour obtenir son passeport.
CRI D’ALARME : REVENDICATIONS ….
Cette plateforme revendicative comportant une vingtaine de points exige entre autres « la démission des ministres Abdoulaye Diop en charge des affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine et Abdourhamane Sylla, des Maliens de l’extérieur ; la suspension de la mesure liant l’obtention du passeport à la présentation obligatoire d’une carte NINA, le rappel des fonctionnaires maliens envoyés en Europe pour aider à identifier et expulser des Maliens en situation irrégulière ; que le gouvernement du Mali refuse de signer avec l’Union européenne l’accord en l’état sans discussion préalable avec les Maliens d’Europe ».
Concernant les problèmes récurrents que les usagers du consulat rencontrent, le mémorandum des collectifs met en exergue des problèmes d’organisation, d’accueil, de lenteur et du manque de qualification de certains agents du consulat où parfois des documents élaborés présentent des erreurs et le manque de communication entre les autorités diplomatiques et consulaires et les différentes bases de la diaspora en France. Face à ces problèmes et l’insuffisance du nombre de consulat du Mali en France, les collectifs exigent des solutions concrètes.
En effet le dimanche 11 décembre 2016 un « communiqué conjoint Mali-Union européenne » a été signé par le ministre des affaires étrangères de la coopération internationale et de l’intégration africaine, M. Abdoulaye Diop et son homologue des Pays-Bas, M. Bert Koenders au nom de l’Union européenne. Selon Bamako, ce document qui a sanctionné la visite du représentant de l’union européenne au Mali se situe dans le cadre du dialogue autour des « questions migratoires » initié entre le Mali et l’Union européenne depuis le sommet de la Valette tenu en novembre 2015 à Malte. Pour les associations qui s’occupent de la question migratoire tant au Mali qu’en France ce communiqué conjoint est ou concerné bien un accord de réadmission des Maliens en situation irrégulière en Europe.
….. CRI D’ALERTE
En pleine controverse, le gouvernement du Mali a engagé un plan de communication subie tous azimuts. Au nom du président de la république et du premier ministre, le ministre des Maliens de l’extérieur, M. Abdourhamane Sylla a tenu une réunion d’explication dans une cacophonie à Montreuil le vendredi soir dernier face un auditoire très remonté. Des Maliens de la diaspora malienne de France prenant pour insulte, des propos tenus auparavant à Bamako par le ministre Sylla les traitant de « Fasso dédjougou » (des fils ennemis du pays). Pour bon nombre d’entre eux ils ont été « vendus » et « livrés » à l’Europe. Au même moment à l’Ortm (chaîne nationale) le porte parole du gouvernement, Me Mountaga Tall annonçait que le président de la république, M. Ibrahim Boubacar Keïta, a donné des instructions au gouvernement afin qu’il ait une écoute attentive par rapport aux doléances des Maliens de France qui manifestent au consulat à Paris.
LES SOLUTIONS DU GOUVERNEMENT SONT ATTENDUES
Après cette réunion très agitée qui s’est terminé en dialogue de sourds, le ministre des Maliens de l’extérieur est allé rencontrer les différents collectifs qui ont débuté un sit-in le même soir au consulat à Paris. Selon le porte parole du mouvement M. Tapa Konté, cette rencontre avec le ministre s’est terminée par une promesse de ce dernier d’apporter une réponse d’ici une semaine aux revendications qu’on lui a présentées. « On en est au 5è jour, jusqu’ici, il n’y a pas de réponse encore de la part du gouvernement » a-t-il affirmé. Tapa Konté précise qu’ils attendent des solutions du « gouvernement » et non du ministre Abdourhamane Sylla dont leurs collectifs exigent sa démission. « D’ailleurs nous ne croyons plus à une promesse du ministre Sylla à qui des doléances présentées après la journée porte ouverte au Consulat à Paris sont restées sans suite. C’était une journée organisée par le Collectif des Maliens de France pour la Paix (CMFPaix) le 16 novembre 2013 », a rappelé M. Konté.
Par ailleurs M. Tapa Konté a annoncé également que l’ambassadeur du Mali en France M. Cheick Mouctary Diarra était passé rencontrer leurs collectifs et à qui les revendications ont été présentées. De même des bonnes volontés se sont manifestées pour mener une négociation entre les manifestants et les autorités diplomatiques et consulaires. Il s’agit entre autres M. Guillaume Hachim Diallo, président de la Magnificat (organisation des chrétiens maliens de France), M. Barry, secrétaire général du conseil économique, social et culturel du Mali, de Me Tidjane Guindo. Après avoir salué toutes ces bonnes volontés, M. Konté a précisé que ces négociations doivent être menées sur la base de leur plateforme de négociation.
Hier soir les collectifs ont préconisé des mesures d’ordre sécuritaire et d’hygiène. Vu l’affluence et le soutien grandissant en faveur du mouvement, les organisateurs ont décidé que dorénavant tout accès au consulat est subordonné à une fouille des sacs à main et un service d’ordre a été instauré de même qu’un service de bénévole pour ramasser les poubelles. S’agissant du fonctionnement des activités courantes du consulat, le porte parole des collectifs a affirmé que leur mouvement n’a pas empêché les employés du consulat de venir travailler ou les usagers de venir récupérer leurs documents. D’autre part les collectifs ont déclaré ne pas être responsables de l’éventuelle affluence des usagers à l’extérieur du consulat.
Ces cris d’angoisse voire de colère des Maliens de France raisonnent tels des cris d’alarme et d’alerte à l’endroit des plus hautes autorités du Mali qui sont aujourd’hui fortement interpellées face à ce problème qui a pris des proportions inquiétantes. Car demain serait trop tard.
Affaire à suivre