Depuis 2012, début de la crise multiforme que le Mali traverse, il a été toujours reproché aux différents gouvernements d’être attentistes, d’être dans la réaction, dans la passivité et manquant d’anticipation.
L’illustration parfaite est l’actuelle crise dite de l’accord de réadmission qui fait trembler les arcanes gouvernementaux.
Le gouvernement de Modibo Keita semble acculé mais fait tout pour ne pas se laisser bousculer.
La première étape à réussir était de gagner la bataille de la communication sur les accusations de signature d’un accord migratoire avec l’union européenne suite à la visite déjà mémorable de Bert Koenders le 11 décembre 2016 à Bamako. Lors de cette visite on s’en souvient, celui-ci a signé un accord commun avec son homologue malien, Abdoulaye DIOP. Aussitôt rentré, l’émissaire européen a annoncé qu’il venait de signer un accord historique sur les conditions de gestion et de retour des immigrés irréguliers maliens.
Il suffisait de cela pour déchainer les réseaux sociaux et les rangs de la communauté malienne de France et de certaines parties du continent européen. Tout ce que le ministre des affaires étrangères du Mali a essayé aussitôt de démentir, lui aussi sur les réseaux et d’autres médias. Mais les boulets médiatiques européens ont semblé plus détonné que les cartouches maliennes ; le feu a eu du mal à s’éteindre. La polémique “le gouvernement a signé ou n’a pas signé ” a valu à ce dernier une interpellation à l’Assemblée et une motion de censure.
Si le gouvernement Modibo Keïta a semblé sortir la tête et sauver ses plumes dans ces deux exercices, il n’a pas baissé les bras pour autant car il en faut plus pour calmer nos compatriotes qui semblent ne pas croire à la bonne foi de leur gouvernement sur un sujet difficile qu’est l’immigration pour les autorités maliennes depuis plusieurs décennies.
Des missions auprès de la communauté en France et en Europe
Le Gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes afin non seulement de le mettre à terre mais de le dompter. Il s’agit d’éteindre la tension et de donner des gages de sécurité et d’apaisement pour nos compatriotes pris dans le piège infernal de la migration sur le continent européen. Le Président IBK et son Premier ministre sont fermes sur cette ligne. La première mission a été menée en France du 20 au 23 décembre à Paris par le ministre des Maliens de l’extérieur Abdramane Sylla.
Il est donc allé à la veille de la motion de censure et cette mission était une preuve pour le gouvernement d’une écoute responsable des citoyens. La mission du ministre Sylla a été des plus mouvementées, qu’il s’agisse de la rencontre à Montreuil que celle au consulat de Paris qui venait le même jour d’être occupé par un mouvement appelé Mouvement Mains propres. Mais le message essentiel est passé : le gouvernement n’a pas signé d’accord avec quelque gouvernement européen que ce soit et entend continuer à défendre les intérêts des citoyens maliens à l’étranger. Dan l’avion qui l’a ramené le vendredi de Paris, le ministre Sylla a lui-même dû assister en direct à une scène d’expulsion, comme l’attestent plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Il a fallu qu’il intervienne, aidé de la pression des passagers pour que les policiers français desserrent les conditions inhumaines de traitement infligées au malheureux irrégulier.
De source sûre, malgré le caractère férié du lundi 26 décembre pour cause de noël, le Premier ministre Modibo Keïta a réuni à la Primature une réunion d’urgence à la fois pour entendre le rapport de mission du ministre Sylla mais aussi étudier toutes les mesures d’urgence possibles pour répondre aux attentes des maliens établis à l’étranger et principalement en France et en Europe. C’est ainsi que le problème d’enrôlement du RAvec doit être vite réglé par l’envoi de deux valises et d’une dizaine d’agents enrôlement auprès du consulat à Paris. Cette mesure sera étendue sur le reste des représentations consulaires du Mali en Europe et les autres continents. Il s’agit à travers cela de soulager les maliens dont les nombreuses demandes de documents d’état civil sont dans une attente prolongée.
La réunion de lundi aurait également, selon nos sources, suggéré des mesures d’urgence pour le renforcement u personnel consulaire en extirpant les agents véreux. Comme mesure forte du gouvernement et un signal positif de l’écoute des citoyens, le Conseil des ministres a relevé hier le consul général du Mali à Paris.
Pendant ce temps, la sensibilisation des compatriotes de France poursuit pour le Gouvernement avec le ministre en charge des domaines de l’état et des affaires foncières, Mohamed Ali Bathily ayant pris le relais du ministre Sylla depuis le dimanche 25 mars 2016. Aura-t-il les paroles d’évangiles escomptées pour apaiser nos compatriotes ?