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L’Indicateur Renouveau N° 1443 du 22/2/2013

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Forces armées nationales de défense et de sécurité : Démunies, mais avec un cœur gros comme ça !
Publié le lundi 25 fevrier 2013  |  L’Indicateur Renouveau


© AFP par DR
Crise au nord du mali : soldats français et maliens en alerte maximale dans la ville de Gao
Lundi 22 février 2013. Gao. Les militaires français et maliens sont en alerte maximale, un jour après les attaques des islamistes à Gao.


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Les images sont saisissantes, poignantes et à la limite larmoyantes. Quel Malien n’a été ahuri par les séquences des combats de rues opposant les forces armées maliennes à quelques dizaines de djihadistes dans la ville de Gao durant une bonne partie de la journée du jeudi 21 février dernier ? Des extraits diffusés en boucle par plusieurs chaînes de télévision, dont notamment l’ORTM (une grande première pour la télévision nationale qui mérité d’être soulignée).

L’éditorialiste attitré chez notre confrère « Le républicain », Adam Thiam, signait dans sa parution du mardi 19 février dernier, un article intitulé « Porter le cœur de Seydou Keita pour émerger ». Il faisait allusion aux propos de dépit, sinon d’agacement, du capitaine de l’équipe nationale de football à la suite du match comptant pour les demi-finales de la dernière Coupe d’Afrique des Nations (Can 2013) en Afrique du Sud, que les Aigles du Mali ont lourdement perdu face aux Super Eagles du Nigéria sur le score sans appel de 4 buts à 1.
Abattu probablement par la défaite, mais surement plus abasourdi par l’environnement malsain dans lequel baigne l’équipe nationale, Seydou Keita s’était confié quelques heures après à notre confrère Baba Cissouma du journal « Match » en ces termes « Quand est-ce que nos dirigeants maliens auraient-ils pitié de ce pays ? ».
Ces propos de la part de celui qui porte aujourd’hui le brassard de capitaine et qui évolue en sélection nationale depuis près d’une quinzaine d’années, expriment à eux seuls le sentiment d’indignation et de révolte que tout bon malien éprouve vis-à-vis de l’inconscience, de l’irresponsabilité frisant souvent l’insouciance dont fait preuve la plupart des dirigeants de ce pays dans des situations où l’honneur, la dignité et la fierté nationale sont en jeu. Les symboles de l’Etat ne semblent plus avoir aucune signification morale pour nombre de compatriotes.
Cet état de fait n’est malheureusement pas propre qu’au seul domaine du sport. Il gangrène tous les échelons de la société malienne. Aucun secteur n’est épargné. Un adage populaire ne dit-il pas que le poisson pourrit toujours par sa tête ? Et pourtant, le citoyen malien entretenait encore une confiance absolue à son armée nationale, seul maillon qui avait semble-t-il su préserver une certaine homogénéité dans sa forme républicaine et de configuration nationale.
Mais hélas ! Eh oui, mille fois hélas ! Malgré la débâcle subie au début de l’année 2012 et qui a été mise en avant comme motif par les auteurs de la mutinerie des soldats de la garnison de Kati ayant abouti au coup d’état du 22 mars 2012 et l’occupation/annexion des 2/3 du territoire national par les rebelles du MNLA, les terroristes d’AQMI, du MUJAO et les djihadistes d’Ançar Eddine, le peuple malien s’était remis à espérer et à refaire confiance à son armée nationale jusqu’à la date fatidique des 9 et 10 janvier 2013. En ce sens que, c’est précisément à cette date que les djihadistes et leurs complices terroristes sont parvenus à forcer les dernières lignes de défense de l’armée nationale positionnées à Konna, à environ 70 km de Sévaré, dernier verrou stratégique avant Bamako, la capitale.

Commentant lesdits événements de Konna, le porte-parole de l’Etat-major de l’Opération Serval déclenchée immédiatement après par la France à la demande expresse du président de la République par intérim du Mali, Pr Dioncounda Traoré, le colonel Thiery Burkat disait pratiquement ceci « Après 48 heures de violents combats acharnés et malgré leur détermination, leur courage et la vaillance des soldats, l’armée malienne a été contrainte de se replier sur Sévaré en raison de la puissance de feu des terroristes ». Il poursuit en ces termes : « nous avons tous été, plus ou moins, surpris par la capacité technique et la puissance de feu dont dispose les djihadistes ».

En raison de la fulgurante et efficace intervention de l’armée française, les succès militaires des premières semaines qui ont conduit à la libération successive des principales villes du nord du pays, les unes après les autres, ces propos du colonel Burkat, qui résumaient en eux seuls toute la problématique pour l’armée malienne d’accomplir sa mission, n’ont pas retenu toute l’attention méritée.

En effet, tous les experts et autres spécialistes des questions militaires sont unanimes à reconnaitre que l’armée malienne avait depuis longtemps cessé d’en être véritablement une.
Lorsqu’on voit le courage, la détermination et la vaillance de ces soldats se battant dans les rues de Gao avec des équipements presque rudimentaires, se servant de leur téléphone cellulaire personnel pour communiquer entre eux ou pour informer la hiérarchie, l’on comprend aisément les inquiétudes longtemps formulées et reprises en boucle par plusieurs organes de la presse nationale et internationale au sujet de l’état de désorganisation, du manque de moyens et de formation adéquats ainsi que l’absence de professionnalisme dans lequel baigne l’armée malienne et cela bien avant l’éclatement de la crise actuelle.
Mais qui l’eut cru auparavant ? Très peu de Maliens avaient conscience de l’état réel de déconfiture, de délabrement voire de « putréfaction avancée » comme l’affirment certains, de l’armée nationale. Ceux-là qui en doutaient encore ont surement été édifiés à partir des images de cette offensive des salafistes sur le centre-ville de Gao suivie de la riposte lancée dans un premier temps par les soldats de l’armée malienne avant que les éléments de l’opération Serval ne leur viennent à la rescousse à l’aide de véhicules blindés, de lance-roquettes et d’hélicoptères de combats. C’est donc à l’aide de gros moyens que les forces alliées sont parvenues à bout de la quarantaine d’islamistes infiltrés nuitamment dans la ville et qui s’étaient réfugiés dans plusieurs lieux abritant principalement des services publics.
Comme il est donné de constater, la guerre à laquelle le Mali doit s’apprêter à mener pendant encore longtemps, nécessite certainement du courage, de la détermination et la vaillance des hommes sur le front, mais cela n’est visiblement pas suffisant. Car, sans moyens adéquats, mal préparés, mal formés, mal équipés, mal nourris, en un mot, vivant et combattant dans « des conditions de dénuement total » comme viennent de le dénoncer le Procureur général près la cour d’Appel de Bamako, Daniel A. Téssougué et les membres d’une délégation de parlementaires en visite récemment sur le théâtre des opérations, conduite par l’honorable Touré Safiatou Traoré de la Commission de crise créée par l’Assemblée nationale, on ne peut que reconnaitre le mérite de nos soldats.

Comme l’a dit le poète « l’homme ne se nourrit pas que de pain » !
Ainsi, en plus de l’apport combien important des partenaires extérieurs (Cédéao, UA, NU, UE, entre autres) c’est toute la nation malienne qui est vivement interpelée par la situation, en premier lieu les plus hautes autorités de la République, afin de bâtir non plus une « armée de développement » comme s’en vantaient encore certains dans un passé récent, mais surtout une armée de nos besoins, une armée à la hauteur de ses missions et des ambitions du pays, une armée professionnelle apte à faire face à tous les défis actuels et futurs au service exclusif de la République, une armée consciente et soucieuse également de ses responsabilités, de toutes ses responsabilités dans un Etat démocratique et laïc.
Il y va de l’honneur, de la fierté, de la dignité et de l’espérance de chaque citoyen et citoyenne du grand Mali de nos rêves légitimes !
Bréhima SIDIBE

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