On commence à en savoir davantage sur le litige foncier de Dougoulakoro qui oppose l’opérateur économique Modibo Kéita de GDCM à son homonyme Modibo Diawara. Au fur et à mesure qu’on avance dans le dossier, le voile se lève sur certains aspects conjugués aux révélations inquiétantes. Un doigt accusateur est pointé sur le CB de Baguineda et des soupçons de corruption pèsent sur le Procureur général lui-même. Beaucoup s’interrogent pourquoi le dossier n’a pas été jugé en première instance au mépris du droit par le tribunal de Kati. Mieux, l’accaparement de l’affaire par le procureur en personne en l’occurrence Malamine Coulibaly en dit long sur ses intentions et les intérêts inavoués des uns et les autres. Faut-il conclure que c’est le Procureur qui a ordonné la construction des murs de séparation sur le site ? L’opérateur n’a-t-il pas emprunté 2 milliards de FCFA à la BIM - Mali avec ce dossier non encore jugé ? L’étau se resserre sur les deux hommes.
Pour les populations de Dougoulakoro que nous avons approchées, Modibo Kéita de GDCM ressemble à un dealer foncier impitoyable et prêt à broyer n’importe qui sur son passage même sur la base du faux. Il ressort des témoignages que des véhicules ont été livrés à des CB, des liasses de billets de banques gratuitement distribuées pour faire pencher la balance de son côté. Dès lors, il fallait s’attendre à des tripatouillages dans le dossier.
Le déploiement des forces de l’ordre constaté par les autorités n’a pas contribué à aplanir les malentendus. Au contraire, il a révélé au grand jour le mode opératoire d’un homme déjà épinglé dans des dossiers scabreux à l’Office du Niger. Cette attitude prouve que nous ne sommes pas sérieux dans notre pays.
Nos informations révèlent aussi que des ministres ont touché des pots de vin, que CB et autre PG ont léché leurs babines au détriment de leur serment. Si tel n’était pas le cas, pourquoi le procureur général a-t-il alors déplacé le dossier du tribunal de Kati à celui de la Commune VI avant de le faire parachuter sur son bureau ? L’argent n’a-t-il pas parlé ? Que le Procureur dise pourquoi Kati a été dessaisi et expliqué son immixtion malencontreuse ? Le Mali serait-il en train de perdre sa dignité à travers le comportement de certains ?
Selon la population de Dougoulakoro, le Procureur général est en train d’aider une seule personne pour ses intérêts sordides au détriment de tout un village sur la base du faux. Pour elle (population), le risque est grand pour le responsable en robe noire dont l’attitude est encline à des révoltes pouvant déboucher sur des affrontements directs avec comme corollaires des morts d’hommes. A en croire la population, le Procureur n’avait pas à déplacer le contexte du jugement en prenant en mains le dossier. Vu sous cet angle, il s’est tiré une balle dans le pied. Cette attitude suspecte met à mal la justice malienne et montre un doigt accusateur sur celui qui doit dire le droit au nom des Maliens dans leur entièreté.
Dans le milieu judiciaire, l’implication directe de Malamine est interprétée comme ayant pris fait et cause pour une partie. Ce penchant pour l’autre partie est-il gratuit ? Voilà pourquoi beaucoup pensent qu’il s’est fait manger dans la sauce de Modibo Kéita sans autre forme de procès. En attendant, il s’est fait discréditer à telle enseigne qu’il salit en même temps que lui ses substituts qui ne savent plus sur quel pied danser.
Au niveau du département de la Justice, on croit dur comme fer que Modibo constitue la vache laitière pour des personnalités impliquées dans le dossier. Alors, pourquoi le ministre lui-même est-il si muet ? Il nous est aujourd’hui loisible de penser que le Procureur général doit se dessaisir de ce dossier scandaleux et laisser libre cours au tribunal de première instance de statuer pendant qu’il est encore temps. Modibo Kéita est un citoyen ordinaire et Malien à part entière comme les autres. Donc, l’immixtion directe du PG dans le dossier autorise les Maliens à croire qu’il y a un deal entre lui et l’opérateur économique. A lui de prouver le contraire. Nous y reviendrons.