Pour célébrer le 26ème anniversaire de la Marche Unitaire du 30 décembre 1990, la COMODE (Coordination des Mouvements Démocratiques) a organisé le vendredi 30 décembre 2016 à la Pyramide du souvenir, une conférence de presse. Objectif, jeter un regard rétrospectif sur les trois ans du Président Ibrahim Boubacar Kéïta et faire des propositions de sortie de crise. Cette conférence de presse, présidée par le Pr. Ali Nouhoum Diallo, président de la COMODE, était animée par le MM. Mohamed Touré, secrétaire général de la coordination et Boubacar Mintou Koné, le secrétaire administratif.
Pour les conférenciers, malgré les efforts consentis par les démocrates pour la préservation des acquis démocratiques du 26 mars 1991, la COMODE s’interroge aujourd’hui sur l’évolution de l’état de la Nation qui n’augure pas de perspectives rassurantes par les Maliens. Preuve, la majorité des Maliens ne se sentent pas engagés par l’Accord pour la Paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger qui ressemble actuellement à un diktat imposé par l’extérieur plutôt qu’une émanation interne du peuple malien. Jusqu’à présent, cet accord qui engage la vie de la nation, n’a fait objet, ni de l’adoption par les députés, ni de consultations nationales, encore moins de référendum. D’où le blocage dans sa mise en œuvre.
Depuis sa signature, reconnait la COMODE, aucun acte concret et visible n’a été entrepris dans le sens du retour de la paix dans notre pays.
Depuis deux décennies, l’organisation des élections est entachée de fraude sous toutes ses formes et à grande échelle. L’administration publique est peu déconcentrée et peu crédible aux yeux des populations maliennes et les autorités actuelles tardent à élaborer de stratégies d’anticipation afin de relever les vrais défis. A titre d’exemple, 13.000 fonctionnaires fictifs ont été découverts par le Ministère de la Fonction publique en 2016 après le contrôle physique. Nonobstant toutes les dénonciations et protestations faites par la Société civile, ce dossier reste sans suite juridique et administratif.
Aussi, l’appareil judiciaire connait des dysfonctionnements dus, aux dires des conférenciers, à la cupidité de certains magistrats, à la corruption et à l’impunité. La plupart des députés sont essentiellement préoccupés par des avantages et des augmentations de privilèges personnels au lieu de s’occuper des problèmes des électeurs.
Le front social est en ébullition constante suite à des grèves de syndicats. Les citoyens sont constamment spoliés de leurs titres fonciers sans compensation idoine malgré leur lettre d’attribution en leur possession. L’emploi des jeunes, qui touche presque toutes les familles maliennes, est devenu un sujet inquiétant avec ses conséquences incalculables sur l’avenir du pays.
A ceux-ci, il faut ajouter le déficit au niveau du système sanitaire qui manque de personnels qualifiés, d’infrastructure et d’équipements adéquats. Cependant, la COMDE encourage l’évolution de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Sur le plan économique, les Maliens sont dans l’impossibilité de faire face à leur vécu quotidien. Malgré la multiplicité des structures de contrôle dans notre pays, la corruption continue de gangrener le Mali annihilant ainsi les chances de sortie de crise économique, politique et sociale. La mauvaise gestion des deniers publics augmente la paupérisation des ménages au panier presque vide.
Sur le plan sécuritaire, la COMODE constate avec regret et amertume que le Mali a de la peine à recouvrer son intégrité territoriale depuis que l’opération militaire française Barkhane a remplacé Serval. Le drapeau national ne flotte pas jusqu’à présent à Kidal.
Devant ce tableau sombre, la COMODE propose le renforcement de l’autorité de l’Etat, des institutions républicaines et de l’Etat de droit, la moralisation de la vie publique et le renforcement de la bonne gouvernance dans un Mali juste et équitable et l’instauration d’un débat sain et constructif entre les différents acteurs sur les questions d’intérêt national.
Autres questions se sont invitées aux débats. Entre autres on peut citer la volte-face du Président Yaya Jammeh de la Gambie, l’organisation du Sommet Afrique-France, etc. Il faut noter qu’au début de cette conférence de presse, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs.