Avec une circulation de plus en plus dense dans le centre ville de Bamako, et ses autres grandes villes, le Mali affiche un inquiétant niveau d’insécurité routière avec de nombreux véhicules sans assurance faisant un nombre important de victimes dans les accidents de la circulation.
Attention à se faire faucher à Bamako. Près de 4 véhicules sur 10 impliqués dans les accidents au Mali ne sont pas assurés. C’est ce que révèle une enquête auprès de l’ANASER, organe sous tutelle du Ministère maliens de l'Équipement, des Transports et du Désenclavement.
Les chiffres de l’année 2016 en cours n’étant pas encore prêts, les données obtenues auprès du service des statistiques de l’ANASER font état de « 44.589 véhicules impliqués dans 23.430 accidents au Mali de 2012 à 2015 ». Parmi les véhicules accidentés «17.621 ne sont pas assurés ». Soit 39,51% de véhicules non assurés impliqués dans les accidents sur cette période. Le bilan de ces accidents mortels affiche « 2656 personnes tuées, 9217 blessés graves et 11.667 blessés légers ». Avec autant de véhicules non assurés impliqués dans les accidents, les victimes sont livrées à elles mêmes. «C’est triste ce qui se passe dans ce pays. Il y a six mois, j’ai été fauché par un véhicule sans assurance à jour. Mes parents ont dépensé plus de 500.000 F Cfa en soins et le propriétaire du véhicule n’avait contribué qu’à hauteur de 50.000 F Cfa », raconte A.D, 32 ans muni d’une béquille.
Amateur de football désormais impuissant face au cuir rond, il pense qu’il est temps de contraindre tout le monde y compris les motos à souscrire à une assurance préventive. En ce qui concerne ces engins à deux roues ou les tricycles, dont parle AD, ils ne s’intéressent guère aux compagnies d’assurances. Il s’agit d’un malaise généralisé comme l’observe, un membre de la Compagnie Malienne des Transporteurs Routiers (CMTR): « Ce que j’ai constaté au Mali, c’est que les gens se foutent pas mal des assurances. Du coup, dans les accrochages avec les « Kètèkètèni » comme on les appelle –conducteur de taxi moto-, il n’y a pas d’assurance, il n’y a rien. Et le malade n’ayant pas de moyens, arrivé à l’hôpital, il peut crever. Or s’il y avait une assurance qui peut s’en charger, tu peux faire des prêts pour te soigner et après poursuivre ton assurance qui te rembourser et tu rembourses les prêts après ».
Ce que dit notre expatrié est perceptible dans la conception que des transporteurs ont de l’assurance : « Les assurances, c’est comme si nous chauffeurs, jetons de l’argent par la fenêtre… Quand tu fais un accident, ils te disent de faire les premiers soins. Après les dépenses à l’hôpital, quand tu n’as pas la chance, tu te retrouves encore en prisons», lance un chauffeur de taxi reliant les quartiers de Bamako ».
Diallo