La capitale sénégalaise était plongée dans la psychose, dans l’après midi du vendredi 22 février dernier. Et pour cause : une alerte à la bombe, qui, en l’espace de quelques heures, à mis la ville sens dessus dessous.
Nous sommes vendredi. Dakar, à l’instar de sa population, est en mouvement. Le marché de Sandaga, situé au cœur de la ville, est plein comme un œuf. Les mines ne diffèrent guère de celles affichées la veille. Les salamalecks, Nagassoubessy et autres yanguinoss qui sont les salutations d’usages, elles n’ont plus, n’ont pas changé de ton. Tout semblait donc aller pour le mieux, en ce vendredi, jusqu’ à ce qu’on annonce la présence d’une bombe.
Alerte à la bombe
Déjà, aux environs de 11 heures, les pick-up avec à leur bord des éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) et des éléments de la gendarmerie, montaient des check point sur les artères et lieux stratégiques du centre ville de Dakar. Ces dispositifs ne semblaient point inquiéter, encore moins attirer l’attention des Dakarois. Certainement, plus préoccupés à courir derrière leur pain en ces périodes de vaches maigres. La nouvelle de la menace de la bombe ne s’était pas encore ébruitée. C’est à 12 heures, que dans son bulletin d’information, la Radio Futur Média (appartenant à Youssou N’Dour) a balancé la nouvelle. Comme une traînée de poudre et à la vitesse de l’éclair, la nouvelle s’est rependue dans le centre des affaires et dans tout Dakar. La psychose venait de s’installer.
Mesure sécuritaire
Les bâtiments stratégiques tels le ministère de l’Intérieur, la cathédrale de Dakar, l’Ambassade des Etats- Unis, le siège de la Sonatel (société de télécommunication) sont quadrillés. Un important dispositif mixte (polices- gendarmes) veille au grain. La ville se désemplit peu à peu. Si d’aucuns ont rejoint les mosquées pour les besoins de prières, d’autres ont, tout simplement, fermé boutiques pour rejoindre leur famille. Habituellement gardé par des agents de sécurité, le Centre culturel français, ce vendredi, était sous surveillance policière. A la place de la liberté, le dispositif sécuritaire est moins étoffé. L’Ambassade de la France contrairement aux autres, n’a rien changé de son dispositif sécuritaire.
En plus du déploiement de cette armada, les artificiers étaient de la partie. Des artificiers à l’endroit desquels, la presse locale ne tarit pas d’éloges. Ces artificiers seraient dotés de moyens d’intervention de dernière génération. Ils seraient aussi, toujours à en croire cette presse, spécialisés dans des missions aussi délicates comme le désamorçage de bombes et la neutralisation de colis suspects. Outre ces mesures de sécurisation, des filatures de personnes susceptibles d’assurer le relais des islamistes. Les mosquées réputées comme celles des intégristes, ne seraient pas épargnées. Il s’agit des mosquées qui ont été financées, lors de leur édification par l’argent provenant des pays, tels l’Algérie, la Libye ; l’Egypte etc. Certains Imams seraient filés.
Rumeurs?
Ça y ressemble, en tout cas. Tout serait parti d’un communiqué de l’Ambassade des Etats-Unis, faisant état d’une menace terroriste à la bombe au centre ville de Dakar. Dans ce même communiqué qui a été repris par l’agence américaine « Reuters », la chancellerie déconseillait les sujets américains de s’aventurer au centre des affaires de Dakar, précisément, ce vendredi. Le communiqué qui ne donne pas plus de détails sur la zone ciblée, ni sur la nature de la bombe, précise avoir pris langue avec les services des renseignements sénégalais qui ont assuré avoir pris toutes les dispositions pour parer à toute éventualité. L’Ambassade française, a vite réagi à travers un communiqué, invitant les uns et les autres, à éviter les fausses rumeurs en ces périodes critiques.
Dakar est très loin de Gao, Tombouctou et Kidal, où les bombes des islamistes ont commencé à exploser. Mais, s’il y a aujourd’hui un sentiment le mieux partagé entre les habitants du Nord Mali et les dakarois, c’est bien la peur….