La Chambre des Mines du Mali (CMM) a tenu le 29 décembre dernier sa 4e Assemblée consulaire. A l’ouverture de cette rencontre, le président de la CMM, Abdoulaye Pona, a tenu un important discours qui met en valeur les acquis de l’organisation consulaire. Nous vous proposons ici l’intégralité de son intervention.
Monsieur le Ministre des Mines,
Messieurs les Présidents des Chambres Consulaires, chers amis et collègues,
Mesdames et Messieurs, distingués Membres du Bureau National de la Chambre des Mines du Mali,
Monsieur le Maire de la Commune IV du District de Bamako
Messieurs les Présidents des Délégations Régionales de la Chambre des Mines du Mali, de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal,
Mesdames et Messieurs les Membres de l’Assemblée Consulaire de la Chambre des Mines du Mali,
Mesdames et Messieurs, très chers Invités ; en vos rangs, grades et qualités,
Par la grâce de Dieu me voici encore aujourd’hui devant vous, chers collègues et amis, à l’occasion de notre rencontre statutaire, la quatrième du genre qui intervient-comme vous le savez- dans un contexte tout particulier de l’évolution de notre institution consulaire.
Faut-il rappeler que la création même de la Chambre des Mines du Mali est l’aboutissement d’un long processus pour ne pas dire qu’elle a été le résultat d’une longue lutte des acteurs miniers nationaux, tous secteurs confondus, lutte à laquelle nombre d’entre vous ont participé activement.
Alors, avant tout propos, permettez moi de m’acquitter d’un devoir de mémoire pour dire un mot à tous ceux qui ont donné de leur temps, leur énergie, leur enthousiasme et pour certains de leur vie (que leurs âmes repose en paix) afin que naisse et vive notre institution commune ; qu’ils reçoivent ici l’expression de mes sentiments de profonde reconnaissance de leurs sacrifices, leur dévouement et leur engagement constant en faveur d’un secteur minier malien de plus en plus prospère.
En ce qui me concerne, je n’insisterais jamais assez comme je l’ai toujours fait, à appeler l’ensemble des acteurs du secteur minier malien à l’union et à la cohésion, à rester toujours soudés autour des objectifs de la Chambre afin qu’aucune manœuvre dilatoire d’où qu’elle vienne ne puisse entraver la bonne marche de notre institution consulaire commune.
Il y a juste une année de cela, ici même du haut de cette tribune à l’occasion de notre dernière assemblée je vous exhortais à être fiers du travail accompli parce qu’il ne viendrait plus jamais à l’esprit de personne au Mali de nier l’évidence ; celle de la densité de nos efforts conjugués et de l’ampleur des résultats que nous avons obtenus ensemble et qui ont permis, en moins d’un mandat, de doter notre chambre d’une adresse et de lui insuffler une âme qui, je n’en doute point, survivront bien longtemps au rôle de pionnier et de précurseurs que nous avons été pour cette chambre ; non sans difficultés certes mais, comme vous le savez, les œuvres humaines restent toujours ce qu’elles sont, c’est-à-dire perfectibles et parfois ingrates.
Mesdames et Messieurs, les membres de l’Assemblée consulaire de la Chambre des Mines du Mali,
Il nous a fallu de la beaucoup de conviction et aussi une forte dose d’audace pour attaquer devant la section administrative de la Cour suprême le nouveau, disons l’ex-nouveau Décret portant organisation et modalités de fonctionnement de la Chambre des Mines du Mali et ses textes subséquents. Nous n’en attendions tirer aucune gloire mais force est aujourd’hui de reconnaître que la décision du juge, par Arrêt de la cour suprême en date du 04 août 2016 annulant ledit Décret, nous a donné une réelle satisfaction à l’endroit de la justice malienne et qu’elle fut une éclatante victoire du droit au Mali ; toute chose qui honore notre pays et son Gouvernement actuel. Il ne me reste plus qu’à vous remercier, tous et de toutes les régions, pour la grande mobilisation dont vous avez fait montre tout au long du processus dont le dénouement fera certainement jurisprudence en matière consulaire au Mali.
A la Chambre des mines du Mali nous avons définitivement tourné la page et nous n’avons ni haine ni rancœur contre qui que ce soit. Que Dieu nous en garde ! Nous en avons d’ailleurs donné la preuve lors du déjeuner de presse à l’hôtel Salam au cours duquel nous avons certes apporté les mises au point qui s’imposait et où également, nous avons davantage explicité nos ambitions, nos idées et nos idéaux pour cette Chambre que nous chérissons tant tous ici présents.
Comme vous le savez également, chers délégués, par Décision en date du 30 septembre 2016, le Ministre des Mines, notre autorité de tutelle a instruit la relecture de l’ensemble des textes régissant actuellement la Chambre des Mines du Mali. La Commission mise en place à cet effet pour une durée de six mois travaille d’arrache pieds à l’analyse des actuels textes ainsi qu’à des propositions de nouveaux textes devant régir désormais notre institution commune. Ceci appelle de notre part de l’assiduité aux travaux de ladite commission de relecture, de la vigilance et aussi une mobilisation générale par rapport aux nouvelles propositions de textes de la Chambre en cours d’élaboration et d’adoption.
Nous veillerons comme sur le prunelle de nos yeux sur tous les acquis de la CMM dont le non moindre n’est pas d’avoir hissé notre Chambre au rang de partenaire incontournable et désormais consulté par tous ceux qui, ici au Mali et partout ailleurs, s’intéressent au secteur minier de notre pays à savoir les PTF (Partenaires techniques et financiers), les investisseurs nationaux et internationaux, les pouvoirs publics, la presse nationale et internationale…etc
Les 17 et 18 Août 2016 la Chambre des Mines du Mali a été l’hôte de la réunion consultative des Chambres de Mines et Associations minières de l’Afrique de l’Ouest organisée dans notre pays par l’Union africaine (UA). L’honneur ainsi fait au Mali à travers la CMM d’abriter cette rencontre de très haut niveau de l’Union Africaine a été l’occasion pour nous de confirmer notre leadership en Afrique de l’Ouest ainsi que de confirmer la pertinence de nos choix avec la mise en place au Mali d’une Chambre des Mines de forme consulaire par opposition à la forme associative qui, chez nous, n’aurait pu à notre sens prendre suffisamment en compte tous les acteurs du secteur des mines encore moins les aspirations légitimes du plus grand nombre d’entre nous.
Mesdames et Messieurs, les membres de l’Assemblée consulaire de la Chambre des Mines du Mali,
Au nom de tous les membres du Bureau de la Chambre des Mines du Mali, du Secrétaire général et de l’ensemble du personnel de la Chambre des Mines je réitère mon énorme plaisir de vous accueillir à l’occasion de ce genre de rencontres certes statutaires mais qui, pour moi, n’en demeure pas moins des instants de retrouvailles cordiales entre nous pour échanger sur nos préoccupations respectives et sur les perspectives du secteur minier au Mali.
Mesdames et Messieurs, les membres de l’Assemblée consulaire de la Chambre des Mines du Mali,
Malgré les nombreuses contraintes, notamment celles liées aux difficultés de mobilisation des ressources, difficultés consécutives à la grave crise que le Mali a connue juste au moment du démarrage de nos activités, la Chambre des Mines a engrangé un certain nombre d’acquis qui sont, entre autres:
– L’acquisition d’un siège permanant équipé ; même si, jusqu’à l’instant où je vous parle nous n’avons pas encore reçu la subvention de démarrage qui, faut-il le dire, s’est élevée à plusieurs centaines de millions de nos francs libérés aussitôt au profit d’autres institutions consulaires créées avant la Chambre des Mines.
– L’élection et l’installation des délégations régionales dans les 8 régions du Mali ; leur pourvoi en Secrétariats Administratifs et leur dotation en moyens de déplacement (moto pour lesdits agents);
– L’élaboration d’un manuel de procédures administratives, financières et comptables ;
– La réalisation d’une tournée de prise de contact auprès des sociétés minières en 2012;
– L’acquisition d’un site d’une carrière artisanale à Dabléni dans la commune rurale de Moribabougou et l’aménagement de ses voies d’accès en faveur des exploitants de carrière artisanaux achevé en mars 2013;
– La réalisation d’une tournée de recueil des attentes et des difficultés auprès des sociétés minières en 2014;
– La réalisation des visites de recueil des difficultés/attentes et de sensibilisation des exploitants de sable et gravier installés sur les berges de Bamako et Koulikoro;
– L’appui à la création de 175 sociétés coopératives des orpailleurs, des exploitants de sable et gravier et de carrières;
– La signature le 20 Mai 2014 d’un Protocole de collaboration entre la Chambre des Mines du Mali et la Direction Nationale des Eaux et Forêts en vue de concilier les exigences de protection et de restauration de l’environnement avec la nécessité de l’accès du pays à ses énormes ressources minières ;
– La collaboration soutenue avec l’Assemblée Nationale du Mali notamment à travers les séances d’écoute et des communications écrites sur des sujets brulants relatifs au secteur minier ;
-L’élaboration et la validation des TDR pour la tenue d’un ‘’Salon International des Mines de Bamako’’, le SIMBA ;
-La participation à l’organisation et à la tenue du Forum National sur l’orpaillage au Mali en septembre 2014;
-La participation active aux travaux du Comité National de Suivi et de Mise en Œuvre des Recommandations dudit Forum National sur l’orpaillage à travers notre représentant qui siège au Comité ;
– La formation de 400 orpailleurs sur les textes régissant l’orpaillage au Mali et sur l’organisation des Orpailleurs en sociétés coopératives dans les localités de Kangaba, Kéniéba, Kadiolo et Yanfolila en 2015;
– La participation active au processus de mise en œuvre de l’ITIE au Mali à travers son Comité de Pilotage
et j’en passe… mais pas avant de mettre un accent particulier sur notre tournée, en juillet 2015, dans les Mines Industrielles en exploitation dans la région de Kayes où la sollicitude des autorités régionales et locales s’est conjuguée avec la gratitude de l’ensemble des responsables desdites Mines pour faire de cette tournée un réel et franc succès. Il s’agit des Mines Industrielles de Sadiola-Yatela, de Loulo, de Gounkoto, Tabakoto et celle de Fekola en construction. Cette tournée fait suite à celle que nous avons effectuée dans la zone Sud (Sikasso) en juillet 2014.
Mesdames et Messieurs, chers élus, membres de l’Assemblée consulaire de la Chambre des Mines du Mali,
En vue de consolider ces acquis et de mieux asseoir son encrage dans le secteur minier malien, la Chambre des Mines du Mali envisage de:
– Participer activement à la relecture du Code Minier de 2012; car, l’existence et la validité toujours en cours de plusieurs Codes Miniers applicables au Mali a créé une certaine complexité du point de vue légal et fiscal. L’adoption d’un seul et unique Code minier résoudra ce problème, j’en suis sûr.
– Organiser un Forum sur la Fiscalité Minière au Mali; parce que force est de reconnaître aujourd’hui que la pression fiscale est de plus en plus forte sur les entreprises minières et en outre, l’absence de procédures et de structures efficaces de règlement des contentieux entre l’Etat et les Mines constituent des menaces sur la rentabilité et la viabilité même de l’exploitation minière au Mali. J’en veux pour preuve l’épreuve entre d’une part l’Etat malien et d’autre part un de nos ressortissants parmi les plus importants pour le développement de notre secteur, j’ai nommé RandGold ressources.
– Travailler avec les Comptoirs d’Achat d’Or à la création d’un Guichet unique et à la fixation d’un prix unique de l’Or et, si possible, obtenir la baisse des taxes sur l’or exporté à partir du Mali ;
– Organiser des Journées d’échange sur la problématique de la mise en œuvre de la Responsabilité sociale et sociétale des entreprises minières (RSE) au Mali;
– Poursuivre la formation et la sensibilisation des exploitants miniers artisanaux dans toutes les autres régions du Mali;
– Equiper et installer quelques sociétés coopératives pilotes sur des Couloirs d’orpaillage dans les trois (3) grandes régions minières;
– Poursuivre le contact et les échanges avec les Grandes sociétés minières en vue de leur inscription sur le Registre de la Chambre des Mines du Mali;
– Réaliser une étude sur la mise en œuvre de la stratégie de développement des achats locaux dans l’industrie minière au Mali;
– Réaliser une étude sur la stratégie d’appui des nationaux en matière d’acquisition et de valorisation des titres miniers et d’exploitation de petites mines;
– Organiser un Forum d’échange sur le développement de l’exploitation artisanale mécanisée;
– Poursuivre la formation et l’organisation des Orpailleurs en Sociétés Coopératives;
– Opérationnaliser les commissions techniques de travail dans les différentes branches du secteur minier au niveau de la CMM.
Mesdames et Messieurs, très chers membres consulaires, chers invités
Vous conviendrez avec moi que les défis à relever par la Chambre des Mines du Mali sont nombreux, ils s’appellent, entre autres:
– Le défi du rassemblement, de l’unité et de la cohésion de l’ensemble des branches d’activités du secteur minier malien, notamment les grandes sociétés minières ;
– Le défi de l’organisation et l’encadrement de l’exploitation artisanale afin d’éviter qu’elle soit encore et davantage source de conflits comme ce fut le cas à Kobada-Foroko en 2013, 2014 et 2015 et même de mort d’hommes, et afin que également l’activité de l’Orpaillage soit plus rentable pour les Orpailleurs eux-mêmes et désormais profitable à l’Etat
– Le défi de la promotion des Nationaux dans la production minière, notamment à travers les petites mines, et pourquoi pas de grandes mines comme c’est le cas de Wassoul’Or ;
– Le défi de l’organisation, dans la sérénité et la concorde, de l’élection des membres de la 2ème Assemblée consulaire de la CMM courant 2017.
Le calme et à la sérénité dont nous avons aujourd’hui besoin dans notre secteur ne se décrète pas. Ils seront forcément le fruit de la persuasion, de la compréhension mutuelle entre le Ministère des Mines et la Chambre des Mines du Mali.
A la Chambre des Mines du Mali, nous n’avons jamais désespéré de la très forte capacité d’écoute, de patience et d’accompagnement du Ministre des Mines, le professeur Tiémoko SANGARE avec lui nous sommes toujours prêts à ouvrir de nouveaux chantiers pour un grand confort et la prospérité de l’ensemble des Métiers de mines au Mali.
Chers délégués, membres élus de la Chambre des Mines du Mali
Tout à l’heure, nous allons soumettre à votre auguste attention et à votre clairvoyante sagacité les points suivants de l’ordre du jour de notre Assemblée consulaire :
L’Adoption du Rapport financier d’exécution du budget de l’année 2016,
L’examen et l’adoption du Budget 2017 et enfin
Les Divers
Je requiers votre indulgence face au court délai qui vous a été imparti pour en prendre connaissance et pour en décider au grand bénéfice de notre Institution consulaire, compte tenu même des contraintes de calendrier.
Je ne saurais terminer sans adresser à tous et à chacun d’entre vous, Mesdames- Messieurs, en cette veille du nouvel an, mes vœux ardents de santé, de bonheur, de prospérité pour vous mêmes, vos familles et tous vos proches et à tous ceux qui vous sont chers.
Je vous remercie