Après les violents combats de jeudi, la traque des jihadistes qui s’étaient infiltrés dans la ville se poursuit
La situation revient à la normale à Gao après les violents combats qui ont eu lieu jeudi dans la ville. La traque des jihadistes qui se sont infiltrés dans la ville se poursuit avec désormais l’appui des drones américains déployés au Niger. En effet, les troupes françaises, maliennes et africaines bénéficient désormais sur le champ de bataille du soutien de drones américains Predators. Selon un responsable américain, les Etats-Unis ont déployé plusieurs de ces engins au Niger voisin, sur une base de Niamey, d’où ils décolleront pour des vols de reconnaissance sur le septentrion malien. Ils ne feront pas usage des missiles dont ils sont équipés, mais seront seulement utilisés pour espionner les djihadistes, selon Washington.
Tout avait commencé jeudi quand les forces alliées qui sécurisent Gao avaient dû ouvrir le feu sur un groupe de jihadistes qui s’était retranché dans les locaux de la mairie et du palais de justice. Pendant une bonne partie de la journée, de violents combats ont opposé nos militaires aux jihadistes. Grâce à l’appui des militaires français, l’armée est venue à bout des extrémistes qui ont été anéantis. L’intervention de l’aviation française qui a bombardé les sites où s’étaient retranchés les islamistes a été déterminante dans la réussite de l’opération.
Même le grand marché qui se trouve à côté de la mairie n’a pas été épargné par les bombardements. Plusieurs magasins ont été détruits par un immense incendie dont la fumée couvrait le ciel de Gao. Toute la journée du jeudi, le secteur de la mairie et du palais de justice était resté bouclé par l’armée, afin de bien cerner l’ennemi. Les habitants sont restés terrés chez eux.
Vendredi, la cité des Askia s’était encore réveillée sous le fracas d’armes lourdes émanant du côté de la mairie où quelques assaillants qui étaient encore retranchés tentaient de trouver une porte de sortie. Mais au finish, ils ont été tous tués par nos forces armées qui se sont vaillamment battues avec l’appui de leurs alliés.
L’opération de nettoyage était dirigée et coordonnée par le colonel-major Didier Dackouo, le colonel-major Elhadj Gamou, le colonel Mamadou Lamine dit Laurent Mariko, le chef du camp I de Gao, et le lieutenant-colonel Massaoulé Samaké, chef du Groupement intertactique.
Seuls les véhicules militaires étaient dans la circulation. Les rares habitants qui sont sortis étaient à pied, car les motos et les véhicules civils étaient suspectés. C’est vers 14 heures jeudi quand les armes se sont tues que les démineurs français et maliens sont entrés dans la mairie fortement endommagée par les bombardements. Les démineurs devaient vérifier si les assaillants n’avaient pas placé des mines dans l’intention de piéger nos soldats. Ils ont constaté que certains islamistes sont morts sans avoir eu le temps de faire exploser leurs ceintures bourrées d’explosifs.
Le bilan des combats de jeudi est lourd du côté des assaillants. Nous avons personnellement pu compter une quinzaine de corps à la mairie, au palais de justice et au grand marché. Du côté de l’armée nationale, il y a eu six blessés dont un grave selon les militaires. Il s’agit du commandant Abdoul Karim Daou. Ces blessés ont été tous évacués vendredi à Bamako à bord d’un avion militaire.
Par ailleurs, l’on a appris la mort de deux kamikazes à la sortie de la ville en allant vers Bourem, qui se sont faits exploser sans avoir atteint leur cible. L’attaque visait les militaires nigériens.
déminage et de fouille des décombres, les journalistes ont été autorisés à accéder aux différents sites bombardés. C’était l’horreur partout. Les cadavres de jihadistes jonchaient le sol.
Pendant tout le week-end, les forces maliennes, françaises et nigériennes sont restées sur le qui-vive. Les patrouilles se sont intensifiées dans la ville et le secteur administratif était toujours bouclé. Du côté du marché encore en feu, des enfants tentaient de trier des objets non encore détruits dans les décombres, en ignorant naïvement qu’ils pourraient sauter sur une mine posée par les jihadistes.
Au cours d’une rencontre avec la presse qui s’est déroulée au PC opérationnel basé au camp I, le chef de l’opération militaire au nord, le colonel-major Didier Dackouo, a indiqué que la situation est sous contrôle. Mais il n’a pas exclu l’éventualité que les islamistes puissent se livrer à d’autres attaques.
Comment les extrémistes se sont-ils retrouvés dans la ville que l’on croyait sécurisée après sa libération ? Explications de Didier Dackouo : «Les assaillants sont entrés dans la ville en petits groupes de 15 à 20 personnes. Ils ont pu s’infiltrer très probablement du côté du fleuve. C’est pourquoi en ce moment, nous avons mobilisé des éléments qui patrouillent le long de la berge du fleuve. Mais le danger peut provenir de la ville aussi où certains se sont probablement cachés. En tirant les leçons de ce qui s’est passé jeudi dernier, nous pensons qu’il y a encore à Gao des dépôts d’armes, de munitions et d’explosifs. Nous allons continuer à fouiller dans les maisons suspectes».
A la question de savoir pourquoi l’armée ne va pas attaquer les jihadistes qui auraient trouvé refuge dans le village de Kadji situé sur une île de l’autre côté du fleuve Niger, le colonel-major a répondu que l’armée dispose de moyens pour y aller, mais que ce n’était pas la priorité pour le moment. « Le plus important est de pouvoir sécuriser le fleuve en empêchant toute infiltration », a dit le colonel-major. Et d’ajouter qu’il n’est pas facile de cerner totalement une grande ville comme Gao avec l’effectif actuel des forces armées qui s’y trouvent.
Samedi soir, pendant que Gao avait commencé à respirer de nouveau, des rumeurs d’une attaque de jihadistes venant du village de Kadji ont fait le tour de la ville. Ces rumeurs ont mis en état d’alerte les éléments du groupement des commandos volontaires basé au quartier « Château ». Cette unité spéciale de l’armée est dirigée par le commandant Abass Dembélé.
Hier, les armes récupérées par les militaires maliens et français épaulés par des jeunes de Gao ont été présentées à la presse au camp I en présence des officiers supérieurs de l’opération. Ces armes sont composées entre autres de roquettes, d’obus, de fusils d’assaut, d’explosifs, de produits chimiques destinés à la fabrication d’engins explosifs. Une importante quantité de munitions a été également saisie.