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Issaga Traore, President Cnid Association : « Il faut une révolution démocratique pour que le Mali puisse avoir la chance d’avoir des vrais patriotes pour pouvoir gérer ce pays »
Publié le lundi 9 janvier 2017  |  Le Pouce
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Enseignant de son état à la retraite, le vieux Issaga Traoré, président du CNID Association s’indigne de l’état actuel dans lequel se trouve notre pays le Mali. Il fut ancien secrétaire général adjoint du syndicat national de l’éducation et de la culture avant de se convertir dans la politique en occupant le poste premier trésorier général du CNID Association crée le 18 octobre 1990. Membre fondateur du mouvement démocratique, le sage fait preuve d’un franc parlé. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, il nous donne son analyse de la situation politique, donne ses impressions sur le sommet Afrique–France et de la vie de la nation malienne.





Le Pouce : Comment se porte le CNID Association ?

Issaga Traoré :« Comme toutes les organisations à vocation politique, le CNID Association ne déroge pas à la règle. Beaucoup d’association sont devenues des associations de circonstance. Quand il ya un évènement, ces associations réagissent pour donner leur opinion. Ce n’est pas avant où on anticipait. Maintenant, on réagit par rapport à la situation qui est sur place. Malgré tout, il faut reconnaitre que le CNID association se réunit régulièrement, au moins une fois par mois. Il peut y avoir également des réunions extraordinaires. C’est vrai que depuis 2015, les journalistes ne voient plus le CNID Association sur la scène. Sinon, à chaque anniversaire, on organisait soit des conférences, soit des expositions photos pour marquer les évènements. Ce n’est plus le cas, mais nous sommes constamment en contact. On se réunit régulièrement une fois par mois. On se porte assez bien ».

Le Pouce : Dans moins d’un an, les présidentielles se tiendront dans notre pays. Quelle analyse faites-vous en ce moment de la situation politique et de la gestion publique ?

Issaga Traoré :« Entre nous-mêmes membres du mouvement démocratique, on n’est pas tolérant. Chacun a sa perception de la situation. Personnellement, je respecte beaucoup la vision des autres, même si, on n’est pas d’accord. Nous ne vivons pas les mêmes réalités. Donc ils peuvent avoir une vision qui n’est pas la mienne. Beaucoup de gens ne respectent pas ma vision. Quand je venais dans le mouvement politique, singulièrement dans le CNID Association, j’étais le secrétaire général adjoint du syndicat national de l’éducation et de la culture. Je suis allé à la politique, parce que les deux ne vont pas ensemble. Nous sommes venus avec des objectifs précis. Ce n’était pas obligatoirement le renversement du régime, mais le système, économique, politique, social qui était là ne nous convenait pas. Nous avons critiqué à l’époque. Le 26 mars, Moussa est parti. Il est parti, parce que, on avait un objectif. Tout ce que Moussa a fait, ce n’est plus mon problème. Je ne l’en veux pas pour telle ou telle raison. Je suis venu au politique en tant que démocrate même si mon parti n’est pas au pouvoir. C’est ce que je disais le vendredi à la présentation de vœu de maître Tall. Je disais que le CNID le veuille ou non, moralement, on est responsable de tout ce qui va se passer dans ce pays. Parce que si le CNID n’avait pas existé le 18 octobre 1990, l’Adema Association n’allait pas avoir le jour une semaine après. Si le CINID Association n’avait pas marché le 10 décembre 1990, l’Adema n’allait jamais demander à marcher. Tout ce qui est arrivé dans ce pays, nous sommes comptables devant l’histoire. Les quatre personnes qui devraient être assassiné, pour que le mouvement puisse être arrêté, sont presque tous du CNID Association, à savoir Me Tall, me Diabaté, Mariko qui était de l’UNEEM, et moi même. Si ça va dans ce pays, les premiers qui doivent être contents, c’est nous. Mais ça échoue, moralement, il faudrait qu’on accepte. Malheureusement, les autres camarades disent qu’ils ne se reprochent rien. Mais c’est une équipe. Si nous faisons une analyse de la situation, depuis le 26 mars 1991 jusqu’à nos jours, c’est un seul défi que je lance aux membres du mouvement démocratique. C’est qu’il me donne un seul point de revendication de 1990 qui nous a donné satisfaction. Nous nous sommes plaints de l’école. Nous nous plaints de la manière dont les militaires sont traités. Le CNID Association avait marché en son temps le 18 janvier 1991 pour dire, soldats, vous êtes nos frères, nous vous soutenons. Nous avions dénoncé la mauvaise gestion. La corruption du mouvement démocratique a été multipliée par un million. L’école malienne ne pouvait pas tombée si bas. La flamme de la paix à Tombouctou a mis à genoux notre armée. Je disais à un camarade de l’URD quand leur président Soumaïla Cissé disait qu’au lieu d’aller investir 8 milliards pour la rénovation du salon d’honneur de l’aéroport, il fallait les investir dans notre armée. Comme c’est un ami d’enfance, je lui ai dit que son président Soumaïla a été ministre des finances, et qu’il n’a qu’à nous dire pendant cette gestion à ce département, et sa présence au niveau du gouvernement, combien de fusil et de munitions, il a payé pour notre armée au cours des ans. Il est resté sans pouvoir dire un mot. Ne prenez pas les Maliens pour des bébés. Nous sommes en train de vivre au jour le jour les dérapages de l’Adema. L’actuel président de la république n’est qu’un pur produit de l’Adema. Il ne peut pas faire mieux. C’est l’Adema bis. Quand on me demande de faire une analyse de la situation politique, je dis que depuis un certain temps, avec la pression des radios privées, les journaux privés là on entend ce qu’on ne veut pas entendre, les choses commencent à évoluer surtout au niveau de l’armée. Quand il s’agit de la gestion, je dirais que c’est une gestion familiale, une gestion clanique, comme on a toujours vécu cela. On l’a toujours combattu. Les détournements de milliards continuent. Donc, bonnet blanc, bonnet rouge, c’est toujours bonnet. A ce niveau, je ne vois pas de perspectives pour le moment. Il faut se poser la question de savoir si les partis du mouvement démocratique peuvent redresser la situation. Parce qu’on a fait un très mauvais départ. Pendant les dix ans de l’Adema, il y avait plus de milliardaires fonctionnaires que de commerçants. Lors d’une de mes conférences, à la maison de la presse, j’ai dit que les acteurs du mouvement démocratique, qui étaient dans la clandestinité, ont pris notre démocratie en otage. Parmi les vrais acteurs du mouvement démocratique, peu sont venus au pouvoir. Ils ne sont responsables devant rien. Je n’ai jamais vu IBK marcher. Je n’ai jamais vu Soumaïla marcher. Ces gens sont responsables devant quoi ? Pas devant le peuple. Qui d’entre nous était dans sa propre maison le 26 mars 1991 ? Qui avait dans son compte 100.000 FCFA ? Les 90 % étaient dans la location. Mais en moins de 10 ans de pouvoir, certains se sont retrouvés avec 4 ou 5 villas, des vergers et autres. Ils ne sont pas venus pour le peuple. Si nous avons la chance, il faut une révolution démocratique pour que le Mali puisse avoir la chance d’avoir des vrais patriotes pour pouvoir gérer ce pays ».

Le Pouce : Le Mali a l’honneur d’abriter le sommet Afrique-France. Quels sont les sentiments qui vous animent ?

Issaga Traoré : « Un sentiment de frustration. Un sentiment de honte. Un sentiment de regret pour mon pays et pour l’Afrique. Un pays qui se respecte, qui veut son développement, ne peut avoir comme partenaire la France. La France même est un pays sous développé. La France n’a jamais pensé à construire ses colonies. Dans les années 50 avant que les pays accèdent à l’indépendance, peut-être un peu le Sénégal capitale de l’Afrique Occidentale française, sinon Brazzaville capitale de l’Afrique Equatoriale Française était presque comme un village. La France n’a jamais cherché à évoluer ces pays, mais elle a toujours cherché à crée la zizanie au sein de ces Etats. La France est à 90% responsable du problème du nord. Et cela malheureusement avec la bénédiction d’un pays frère, le Burkina Faso sous Blaise Compaoré. Je ne peux pas comprendre que malgré les incompréhensions qui peuvent exister entre ces deux pays, qu’un Burkina bé accepte d’héberger chez lui et armer des groupes rebelles maliens pour venir attaquer le Mali. Ça, je ne pas m’expliquer. Mais Dieu a lui-même réglé le compte de Blaise. Ensuite quand le journaliste Français parle de rebelles pro-Bamako, je le dis par honnêteté, qu’il doit aussi le courage de dire que la CMA est également pro France. C’est la France qui soutient tout ce que ces gens font. Il n’y a pas de pays qui accepté la France comme premier partenaire économique et qui a réussi à se développer. Seul le Sénégal commence un peu à se tirer d’affaires. C’est parce que tout simplement la France n’a rien. La France ne vit que sur l’Afrique, surtout que malheureusement ceux qui ont ce complexe de se taper avec cette pauvre monnaie de FCFA qui ne nous fait pas développer. Le FCFA sert la France que nous même. Le partenariat avec la France, c’est la régression politique, économique, sociale, culturelle, morale et spirituelle. La France elle-même a perdu toutes ses valeurs sociétales. Ils veulent nous imposer leur mode de vie. Ceux qui calquent leur vie et leur manière de faire sur la France, sont appelés à disparaitre comme la France est appelée à disparaitre aussi. On ne plus considérer la France comme repère ».

Le Pouce : Sentez-vous le sommet ?

Issaga Traoré :« Je le sens seulement que lorsque je me rends en ville. On casse par-ci, par là. On construit le goudron à des endroits. Ça veut dire que si ces gens ne venaient au Mali, on n’allait rien faire ici. On casse tout pour faire croire à Hollande que tout va bien. Si un malade fait croire au docteur qu’il est bien portant, il va tout simplement lui dire de rentrer chez à la maison. Les gens n’ont pas la même conception. Je pense que les Chefs d’Etats africains doivent chercher le partenariat avec d’autres pays. Avec la France, on n’ira nulle part. Ce sommet est un non évènement. J’encourage ceux qui organisent des actions contre-sommet. Il faudrait que ces hôtes sachent qu’il ya des gens bien que minoritaires ne sont pas du tout contents de la coopération de la France avec Mali ».

Le Pouce : Il est question qu’il n’y aura pas de marches pendant le sommet sur instruction du ministère de l’Administration territoriale. Quel commentaire ?

Issaga Traoré :« Ça ne me surprend aucunement, pour la simple raison que ceux qui se disent démocrates, sont des dictateurs patentés. C’est même bon pour le régime que la France ou d’autres africains voient de leurs propres yeux, que des maliens ne sont pas d’accord. Ils chercheront à savoir pourquoi ces gens se comportent. Je pense que c’est anti démocratique d’empêcher les gens de marcher. Ils ont certainement compris que des gens ont l’intention de marcher contre ce sommet. A mon âge, je serai prêt à marcher avec les jeunes. Je dis cette-fois que les jeunes ne vont pas mourir pour que les usurpateurs de pouvoir accèdent au trône. En 1990 -1991, des jeunes sont morts pour que des inconnus viennent s’accaparer du pouvoir. Cette fois-ci, s’il y a des manifestations, notre devoir moral, c’est d’accompagner ces jeunes, parce qu’ils ont donné leur vie. En contrepartie, ils sont laissé pour compte »

Le Pouce : L’alternance est-elle possible en 2018 ? Oui ou non ?

Issaga Traoré : « C’est une question difficile à répondre. C’est quand il y a de vrais partis politiques, qu’on peut faire d’analyse approfondie. Au Mali, il n’y a pas plus de deux partis qui répondent à ces critères. Il n’y a que des ONG. Je le dis à qui veut l’entendre. Il n’y a pas un seul parti politique qui a des militants. Les partis ont des sympathisants. Ce sont les directions des partis politiques qui financent les partis politiques et tirent les bénéfices. Les autres sont des sympathisants. Quand il y a des élections, on achète la conscience des gens avec 1000 FCFA 2000 FCFA, 5000 FCFA pour aller voter. Ils ont réduit le peuple malien à la mendicité. Il suffit de brandir seulement de l’argent pour qu’ils oublient leur personnalité. C’est très difficile et surtout que ceux les organisations religieuses, la société civile ne choisissent pas les candidats sur la base de leur programme. C’est plutôt sur des relations de personne. C’est au nom de l’amitié que ces choix sont faits. Ce n’est pas l’appartenance de tel candidat à telle religion. Le Mali est aujourd’hui, ce qu’il est. On demande à Allah d’avoir pitié du peuple malien, d’avoir pitié de nous, de ne pas regarder ces chefs religieux qui ne tiennent pas comptent des valeurs religieuses pour un candidat. C’est vraiment dommage ».

Le Pouce : Avez-vous un message ?

Issaga Traoré :« Je souhaite que le peuple malien accepte de placer l’intérêt supérieur de la nation au dessus des intérêts personnels. Au temps de Moussa Traoré, j’ai eu à dire à ma sœur que s’il s’agissait de choisir entre elle et le Mali, je préférerais le Mali à elle. Alpha Oumar Konaré est mon premier ami de la vie, mais je ne pouvais pas aller dans l’Adema. J’avais compris qu’en aucune matière l’Adema ne pouvait faire l’affaire de ce pays. Les vrais acteurs du mouvement démocratique de l’Adema ne sont pas arrivés à s’imposer. Ce sont les arrivistes qui ont pris ce parti en otage. Je souhaite que le peuple malien se ressaisisse, qu’on ait pitié de nos enfants. Au délà de ce que nous voulons, ça c’est humain. Il faut mettre l’intérêt supérieur de ce pays au-dessus de tout. On n’a besoin de celui qui est propre et qui peut faire sortir le Mal, du troui. Je crois qu’il y a en plein dans ce pays. Si on a en pas, il faut le chercher pour venir diriger ce pays. Cela est possible. Je souhaite bonne chance à mon pays, je ne savais pas que mon pays pouvait tomber si bas. Je ne pensais pas que cette France pouvait venir recoloniser mon pays. J’en ai honte. Je crois pour le reste, je ne chercherai plus à aller en Europe. Je ne pourrai regarder ces amis français dans les yeux, parce j’ai trop parlé sur mon pays. J’étais trop fier pour mon pays. Mais ces gens ont foutu mon pays en l’air ».

Propos recueillis par Jean Goita
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