WASHINGTON - Deux sénateurs américains fraîchement rentrés du Mali ont appelé lundi la France à rester engagée militairement au Mali au-delà de mars, vu l'impréparation des contingents africains appelés à prendre la relève.
"Je suis inquiet des déclarations publiques optimistes des Français, selon
lesquelles ils ont réussi à disperser les extrémistes", a dit à des
journalistes Christopher Coons, spécialiste de l'Afrique à la commission des
Affaires étrangères.
"La stabilisation de la situation pourrait requérir une présence militaire
française plus durable", a dit l'élu démocrate au retour d'une tournée
africaine, lors de laquelle il a notamment rencontré le commandant des forces
françaises au Mali.
"Sans partenaire pour assurer les évacuations médicales, le transport
aérien, la surveillance et la logistique, les villes du nord sont vulnérables
et risquent d'être reprises", a jugé le sénateur, tout en louant l'action des
Français. Les soldats africains "ne sont pas prêts pour se battre dans le
désert".
La France est engagée depuis le 11 janvier contre les jihadistes qui
occupaient la moitié septentrionale du pays depuis l'an dernier et menaçaient
de descendre vers le Sud.
Paris envisage de réduire ses effectifs si possible dès mars, mais les
récentes attaques suicide et de violents accrochages montrent que les
jihadistes ont opté pour la guérilla.
La Mission internationale de soutien au Mali (Misma) a annoncé vouloir
déployer 6.000 hommes, contre 3.300 prévus au départ, et envisagerait l'envoi
de 2.000 autres éléments, selon une source militaire africaine.
Une mission de l'Union européenne, arrivée dans le pays en février, doit
former à partir d'avril plus de 2.500 soldats maliens, mais son commandant a
averti que l'armée malienne nécessitait une refondation totale.
Autre membre du voyage, le républicain Johnny Isakson, a exprimé les mêmes
inquiétudes et incité les Français à ne pas hâter leur départ. "Nous savons
tous qu'Al-Qaïda a ses yeux rivés sur (...) tout ce qui est à l'ouest de
l'Egypte en Afrique du Nord", a-t-il déclaré. "Le Mali peut se transformer en
test de la capacité de la communauté internationale à les confronter et les
arrêter".
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