En plein marché à Markakongo, au moment où à peine on pouvait s’y frayer un chemin, une détonation se fit entendre. Du coup, c’est la panique générale. Bilan : des coqs, poules et pintades mortellement piétinés, des fruits et légumes réduits en boue, des yugu-yugu éparpillés, des calebasses et louches écrasées. Beaucoup en ont eu le souffle coupé. Et, c’est loin des lieux que certains concluaient à l’éclatement d’un pneu, de véhicule d’autres, à quelque chose de pire. Qui sait ? Avec tous ces nouveaux bandits venus de, on ne sait trop où.
En fait, il s’agissait d’un vieux chasseur profondément endormi et qui a laissé partir un coup de feu par maladresse et par inconfort.
Venu d’un village voisin accompagner ses filles pour l’achat de quelques habits et autres bricoles, l’homme, avait mis son fusil entre ses jambes, placé sa tête sur ses genoux et, le voilà parti pour le pays des rêves.
Suite aux coups de feu, notre chasseur comme tout le monde avait pris ses jambes au cou après avoir abandonné son arme.
Un téméraire paysan qui avait tout suivi s’est saisi de l’arme pour le brandir et expliquer à la foule l’origine de l’incident. Du coup, tout est rentré dans l’ordre. Le fusil a alors été remis au vieux chasseur qui en retira toutes les cartouches avant de s’asseoir de nouveau sous son arbre et de poursuivre peu après, son ‘’voyage’’ au pays de Morphée.
Soulagés, vendeurs et acheteurs n’en fûrent pas moins perplexes devant cette ‘’capacité’’ peu commune du vieil homme. Comme quoi, un chasseur sachant chasser ne dort jamais sans son fusil de chasse.
Boubacar Sankaré