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Afrique-France : les « Sans Papiers » exigent « une autre type de coopération »
Publié le mardi 10 janvier 2017  |  Studio Tamani
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© aBamako.com par Momo
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A 3 jours du 27ème sommet Afrique-France, un contre sommet a débuté ce mardi à Bamako. Il est organisé par le collectif des « Sans Papiers » maliens en France. Des délégations venues de la sous- région, d'Europe et des États-Unis mais aussi de l'intérieur du pays vont participer à cette rencontre. Objectif : demander une autre forme de coopération entre les États africains et la France. Au même moment, le député français François Loncle regrette la gestion de Kidal par son pays. Il estime que Kidal n'est pas encore « suffisamment stable et suffisamment bien gérée ».

Depuis le premier sommet Afrique-France organisé en 1973, les thèmes sont restés les mêmes selon les organisateurs de ce contre sommet. Pour eux pendant 43 ans ces rencontres n'ont rien apporté aux états africains. Ils estiment que seule la France tire bénéfice de sa coopération avec l'Afrique.
Pour le collectif des « sans papiers », il est temps de revoir le contenu des sommets Afrique-France en incluant des sujets qui prennent en compte les préoccupations des peuples du continent. Au cours de la rencontre de cinq jours qu'ils organisent, les participants vont aborder les questions de l'insécurité, de l'accaparement des terres mais aussi des accords sur la migration conclus entre l'Afrique et l'Union européenne lors du sommet de Malte.
Ils dénoncent ces accords et demandent à la France et à l' Union Européenne de revoir leurs engagements qui prévoient l'expulsion des migrants en situation irrégulière.
Pendant cinq jours des ateliers seront organisés sur ces thèmes dont les synthèses seront présentées aux dirigeants africains et français qui seront réunis à partir de ce vendredi à Bamako.

La Coalition Internationale des « sans papiers » dénonce une coopération déséquilibrée entre les états africains et la France. Selon ses responsables qui demandent un partenariat d'égal à égal, les chefs d'Etat africains doivent être capables de tenir un discours de vérité face aux dirigeants français.
Anzoumane Sissoko porte parole du collectif des «sans papiers » maliens de France et d’Europe au micro de Samba Doumbia :
« Nous, la coalition, on pense que ça ne marche pas. Et quand quelque chose ne marche pas, il faut la changer. Donc c'est ce que nous proposons. Il faut que la France traite la coopération avec l'Afrique à part égale. Il n'y a pas d'égalité. La France est un pays et l'Afrique est un continent, donc déjà il y a un problème. Parce que la démarche que nous, nous voulons c'est un vrai changement radical. Et ça ils ne sont pas prêts aujourd'hui de l'accepter. C'est une autre Françafrique qu'il faut mettre en route. Une Françafrique qui respecte les africains dans leur globalité. Une Françafrique qui considère que toute vie est une vie et que toute vie est égale à une vie. Aujourd'hui, la vie d'un européen n'est pas égale à la vie d'un africain. Donc il y a un problème. Et si on veut faire une coopération, c'est d'égal à égal. Et on peut être utile à nos chefs d’État africains, parce que je suis sûr qu'ils sont incapables de tenir ce discours face à la France, mais nous on le tient ».

En prélude au Sommet Afrique-France, prévu à Bamako les 13 et 14 janvier prochains, l'organisation Faso Kanu et ses partenaires ont entamé samedi deux jours de réflexion sur la problématique des relations entre l'Afrique et la France. Cette rencontre, qui a eu lieu à Bamako, a pour thème « la Françafrique : subtile, hypocrite, encore plus criminelle ». Pour les organisateurs, les pays africains ne tirent aucun profit sur ce sommet. Il offre plutôt, selon eux, « un moyen pour la métropole de s'enrichir davantage des richesses africaines ».

Abdourahamane Sangaré, membre de l'organisation Faso Kanu est au micro de Moumine Sindébou :

« Cette relation de France-Afrique n’apporte que de conséquences néfastes à l’Afrique, mais tous les intérêts vont en France. Donc c’est cette situation qui nous amène nous, en tant que jeune africain et malien en particulier, d’essayer de sensibiliser la population dans sa grande majorité de comprendre que notre sort c’est dans nos mains. Nous estimons que l’Afrique n’a jamais tiré d’intérêt positif à travers ces sommets et ça ne tirera pas autre intérêt que les moyens pour encore tirer les ressources naturelles que regorge l’Afrique. Nous ne revendiquons pas la suspension du Sommet Afrique-France, nous voulons juste qu’à travers ce sommet Afrique-France, suscité la réflexion chez nos populations africaines, afin de se dire que l’heure est au bilan d’évaluer depuis combien de temps cette situation d’Afrique-France ? Et concrètement rien n’est fait par cette France pour l’Afrique après plusieurs centaines d’années de colonisation ».


Le député français François Loncle n'a pas la même vision des relations entre la France et l'Afrique. Selon lui, le bilan du président Français en Afrique est satisfaisant. Cependant le parlementaire regrette que Kidal ne soit pas encore suffisamment stable et suffisamment bien gérée.
François Loncle est membre de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale française. Il était l'invité Afrique de RFI ce matin :
« Le bilan de François Hollande en Afrique est bon. Il est même très bon. Et aujourd’hui, on ne peut pas employer à nouveau le terme de Françafrique. Il y a des relations différentes. A un moment donné, il fallait sauver le Mali. Je suis allé au Mali pour constater qu’il y a en effet encore des problèmes, mais que le dispositif français à Gao, la formation des militaires maliens par l’Union européenne et l’implication onusienne, certes imparfaite, mais commence à monter en puissance, fait qu’on ne baisse pas les bras dans la lutte contre le terrorisme et qu’on y arrivera ».


Dans la guerre du nord-Mali, l’armée française ne s’est-elle pas appuyée sur une alliance avec les rebelles touaregs du MNLA et n’a-t-elle pas créé du coup un point de tension avec Bamako qui persiste jusqu’à aujourd’hui ?

« Alors ça, oui. Je suis objectif et je le regrette personnellement. J’ai regretté depuis longtemps la manière dont nous avions agi ou plutôt nous n’avions pas agi à Kidal. Et je ne l’ai pas toujours très bien compris. Bref, Kidal n’est pas encore suffisamment stable, suffisamment bien gérée. Et il y a eu des tensions qui me paraissent justifiées entre Bamako et la France sur ce point ».

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