« Les terroristes ont été repoussés, ils ont été chassés, mais ils ne sont pas encore vaincus » avait avertit le Président Hollande après la libération sans combat des régions nord du Mali.
Aujourd’hui, les faits lui donnent raison.
Conscients, en effet de leur impuissance face à la force de frappe de l’armée française et des troupes maliennes et africaines, les jihadistes ont désormais opté pour une stratégie dite de guerre asymétrique ou encore la guérilla.
En effet, depuis quelques jours, les régions de Gao et de Kidal sont le terrain de violents combats, entre les Forces armées maliennes, ses alliées et les terroristes. Ceux-ci ayant trouvé refuge dans des villages environnants notamment dans la localité de Kadji, plus précisément sur une île.
Les premiers coups de force sont intervenus les 8, 9 et 10 février : attentats suicides à proximité de postes de contrôle de l’armée malienne et attaques contre la résidence du gouverneur et la mairie qu’ils ont occupés durant plusieurs heures, jeudi dernier.
Presque le même scénario : infiltration des combattants jihadistes et échanges de tirs nourris pendant plusieurs heures autour du quartier administratif, toujours à Gao.
Au même moment, un check-point tenu par des soldats nigériens a été pris pour cible à plusieurs reprises, aux sorties nord de Gao. Dans le centre-ville, l’armée française a dû intervenir en soutien à l’armée malienne avec des blindés et des hélicoptères. Un missile anti-char a été tiré contre l’un des bâtiments où étaient retranchés les moudjahidines.
A Kidal, la situation sécuritaire est similaire. Un attentat suicide par véhicule, a été commis jeudi dernier près d’un camp occupé par des militaires français et tchadiens.
Des éléments déterminés et un terrain difficile à cerner
A Paris, l’Etat major annonce la mort d’une vingtaine de jihadistes.
Une source militaire affirme que certains combattants portaient des gilets d’explosifs qui n’ont pas été actionnés et ont été désamorcés par la suite.
Les jihadistes sont déterminés et prêts à aller jusqu’au bout pour accomplir leur horrible dessein.
Cependant, leur foi inébranlable en leur cause n’est pas la seule source de leur rage de combattre. Les militaires maliens ont trouvé à Gao et dans d’autres régions du nord, une forte quantité de Kétamine, une drogue ultra puissante qui inhibe toute sensation de douleur et de peur et qui sert comme un puissant anesthésiant pour animaux en Europe. Selon plusieurs témoignages recueillis au sein des rangs des soldats maliens, les combattants jihadistes étaient comme possédés par le démon. L’un d’entre eux se «souvient d’un gars blessé, pendant l’attaque de Konna. Il se trouvait à 100 mètres, ses intestins sortaient, mais il continuait d’avancer… ».
Il ya aussi les difficultés du terrain. En effet, les militaires français reconnaissent que les environs de Gao permettent de se dissimuler facilement. Il s’agit d’une zone de brousse suffisamment vaste pour compliquer les opérations de ratissage. A Kidal, le relief est tout aussi marqué. La chaine de collines notamment l’Adrar des Ifoghas est l’endroit idéal pour se cacher.
Selon plusieurs sources, les éléments les plus fanatiques s’y seraient refugiés, notamment à Tessalit.
Dans cette zone d’ailleurs, 13 militaires tchadiens ont trouvé la mort vendredi dernier lors d’un affrontement avec les terroristes dont 65 ont été tués. Avant, toujours dans la même région, lors d’un autre affrontement, le sergent chef français Harold Vormezeele a trouvé la mort.
La vraie guerre, celle de la sécurisation des régions libérées est désormais enclenchée et demeure le défi majeur que devront relever les Forces armées maliennes et ses alliées.
Elle sera, cette guerre, dure et implacable, mais elle est la seule alternative pour libérer définitivement les régions nord du Mali.