Après la grave crise sécuritaire et institutionnelle de 2012, après le partage de fait du territoire, retrouvé depuis, le Mali entreprend son retour sur la scène internationale, mais des esprits malins décident de jeter le discrédit sur le pays, de traîner son honneur dans la boue… Pour 30 deniers de Judas.
Le 27e Sommet Afrique-France pour le "Partenariat, la sécurité et l’émergence" se tiendra à Bamako les 13 et 14 janvier 2016. Pour le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseini, la sécurisation des sites d’activité et d’hébergement des hôtes de ce grand rendez-vous est une priorité cardinale.
Aussi, depuis plus d’une année, le Somapep et la Somagep d’une part, l’Energie du Mali, d’autre part, n’ont ménagé aucun effort pour assurer durant cette période un service sans aucune faille au niveau de la présidence de la République, de l’aéroport international Président Modibo Kéita, du CICB, des quatorze villas des hôtes, des hôtels devant accueillir les délégations, etc.
La Société malienne du patrimoine de l’eau potable (Somapep) et la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep) n’ont lésiné sur aucun moyen, ni technique, ni humain, pour revisiter les installations et établir les conditions d’une bonne desserte de la production d’eau potable.
A l’EDM-SA, c’est le branle-bas de combat au niveau des unités de production d’électricité. De la centrale de Darsalam au Centre national de conduite (CNC), en passant par la centrale de Balingué, le barrage de Sotuba et la centrale de Sirakoro, toutes les dispositions ont été prises pour le service à 100 % d’électricité permanente et de qualité au niveau des sites ci-avant cités.
Dans cette atmosphère solennelle, où le Mali, après la grave crise sécuritaire et institutionnelle de 2012, après le partage de fait du territoire, retrouvé depuis, entreprend son retour sur la scène internationale, l’occupation de sa place dans le concert des nations, des esprits malins décident de jeter le discrédit sur le pays, de traîner son honneur dans la boue, au moment où le monde entier à les yeux rivés vers sa capitale, où une grande partie du monde est suspendue à l’actualité au Mali.
De quoi s’agit-il ?
La société Aggreko, entreprise britannique spécialisée dans la location de groupes électrogènes et de solutions de régulation de la température (groupes de froid, tours de refroidissement), dont le siège est à Glasgow, en Ecosse, entre en affaires avec EDM-SA, par le truchement de négociants maliens.
La solution Aggreko est toujours un palliatif d’urgence, recommandable lors des périodes de pointe de chaleur, où les équipements d’EDM-SA peinent à assurer le service régulier de l’électricité. C’est ainsi partout dans le monde, où les groupes d’Aggreko sont chargés sur des bateaux qui mouillent dans différents ports, le temps de vendre de la puissance et appareiller vers d’autres destinations.
Malheureusement, au Mali où rien ne se passe que pour consacrer les intérêts sordides de certains vautours, Aggreko, introduit auprès d’EDM en janvier 2014, avec l’exploitation d’un groupe de 18 MW à Darsalam, s’est fait aider à s’enraciner et à opérer dans la fourniture régulière d’électricité. Une aubaine à ne perdre sous aucun prétexte.
Seulement voilà, le ministre de l’Energie et de l’Eau, prenant la juste mesure de la difficile situation d’intercontinentalité du Mali, qui ne produit pas, jusqu’à preuve du contraire, une goutte d’hydrocarbure, a estimé que le Mali doit s’assumer et sortir de la location des groupes.
A titre indicatif, la location des groupes coûtent près de 11,5 milliards de F CFA, assorti d’une clause assassine selon laquelle, même en cas de non exploitation, le Mali est redevable de ce montant, au prétexte que les groupes sont sur le sol malien. En plus, le Mali devra débourser près de 17 milliards de F CFA au titre d’importation d’hydrocarbure, car l’alimentation de ces groupes maudits d’Aggreko incombe exclusivement au contribuable malien.
Voilà en somme le contenu de l’accord que les autorités successives à la tête du département de l’Energie et de la société EDM ont imposé au contribuable malien.
Le ministre Malick Alhousseini a décidé de défaire le Mali de cette honte, de sortir de la location et d’assurer, un tant soit peu, une indépendance énergétique au Mali, par l’utilisation du solaire et de l’éolienne, par l’exploitation optimum des barrages, laissés sans entretien, au profit de la location de groupes.
Le Mali va avancer
Alors que les autorités qui ont signé avec Aggreko en 2014 n’ont pas payé un franc de frais de location depuis 2014, c’est bien la direction actuelle d’EDM, en la personne de Dramane Coulibaly, qui paye le premier échéancier dès le 2 janvier 2017.
Seulement, la direction EDM transmet un préavis pour l’arrêt définitif du contrat de location du groupe de 18 MW de Darsalam et exécute la cessation, annoncée depuis juin 2016, sans effet depuis de la location du groupe 22 MW de Sirakoro.
En plus, la direction générale d’EDM transmet à Aggreko un échéancier clair d’apurement de ses créances, soit 7,5 milliards au plus tard le 30 janvier 2017. Sur ces déclarations de la nouvelle direction d’EDM, des responsables d’Aggreko débarquent au Mali et entreprennent un véritable lobbying, assorti de menaces sur des collaborateurs du ministre de l’Energie et de l’Eau, afin qu’EDM maintienne le contrat de location de puissance avec la multinationale.
En désespoir de cause, Aggreko accuse bonne réception de l’avance de paiement de près de 500 millions de F CFA de la part d’EDM et annonce son intention de couper le courant.
En fait, il n’y qu’au Mali, où des complicités apatrides restent tapies dans l’ombre pour assurer les intérêts sordides dans ce genre de contrat de la honte, qu’une société, à laquelle on a déroulé le tapis, peut défier la souveraineté, décider tout de go la suspension de l’électricité autour du Sommet Afrique France . Le ridicule ne tue pas.
Nos tentatives de rapprocher le ministre pour en savoir davantage n’ont pas été concluantes, le département étant entièrement à l’œuvre pour la réussite du Sommet au plan énergétique et de desserte d’eau potable. Ce qui, de l’avis de notre interlocuteur, ne fera l’ombre d’aucun doute, d’aucun manquement. Le Mali va avancer.
Affaire à suivre
Abdoul Latif