L’impérialisme est-il de retour? La question mérite d’être posée, au regard de ce qui se passe dans la distribution du carburant dans notre pays. Autrefois, si des sociétés nationales étaient des leaders dans ce domaine, aujourd’hui force est de constater que nous en sommes très loin.
Des sociétés qui formaient le fleuron du secteur au Mali sont presque toutes à l’arrêt. Nous voulons citer les SNF, SOMAPP, SANKE, BEN&CO, et j’en passe.
La dernière phrase de notre hymne national dit: «Les champs fleurissent d’espérance, les cœurs vibrent de confiance». Après 56 ans d’indépendance, cette espérance semble être illusoire, au regard du poids du désespoir subi par ce pauvre peuple du Maliba.
Aujourd’hui, sous les yeux indifférents des plus hautes autorités de la République, la dépendance nationale en produits pétroliers est en train d’être consommée définitivement. Autrefois, les sociétés nationales s’occupaient de l’approvisionnement du pays en carburants de tous genres. Progressivement et subitement, on assiste à la disparition de stations nationales sur les grandes artères de nos villes, au profit des actionnaires étrangers. Ah, impérialisme, quand tu nous tiens!
Depuis quelques années, c’est la fermeture des stations nationales. Le made in Mali dans ce domaine est en train de devenir rare. Les raisons de la faillite de nos sociétés nationales laissent croire à un complot. Partout, à Bamako et dans les capitales économiques des régions, les stations occidentales poussent comme des champignons, sous les regards impuissants des populations. Le carburant est devenu un luxe.
Ce qui se passe est horrible. La réalité coupe le sommeil. Pendant que nos sociétés pétrolières sont rachetées et transformées en entreprises étrangères, le peuple souffre. Le chômage s’installe. Le carburant, l’essence principalement, est vendu selon la volonté de l’Occident. Au niveau de tous les points stratégiques de la capitale, ces stations sont présentes. Total, Shell, Oryx, sont les plus puissantes. Ce sont elles qui sont sur le point de monopoliser le marché pétrolier malien. Ce sont elles qui dictent leur loi. Face à cette situation, votre hebdomadaire de référence a enquêté pour voir plus clair dans ce qui se passe dans ce secteur, combien stratégique pour notre pays.
Par peur des représailles, des gérants et promoteurs de stations ont préféré garder l’anonymat. En effet, il y en a qui tiennent encore le coup et fustigent la complicité des autorités dans cette affaire. Selon un gérant de station, l’octroi des marchés est de plus en plus politisé. Certains sont allés même jusqu’à affirmer que «l’une des conditions de l’intervention française au Mali et de l’octroi de l’aide extérieure est de favoriser l’émergence des sociétés multinationales occidentales chez nous». Chut! Savez-vous où s’approvisionnent les véhicules de la MINUSMA ou de la force BARKHANE, ou de la délégation de l’Union européenne? Faites-y un tour, vous verrez.
Aujourd’hui, les sociétés nationales meurent à petit feu. Si rien n’est fait, dans cinq ans, c’en sera fini des nôtres. A ce moment-là, les carottes seront cuites. Comment y remédier? C’est aux départements de l’Economie et des Finances, des Investissements et de la Promotion du Secteur Privé de trouver les voies et moyens pour redorer le blason. Le renforcement des capacités du secteur privé national constitue une garantie de l’indépendance économique de notre nation. Le ministère de l’Economie et des Finances, au centre des décisions, doit engager les réflexions idoines que pour le bureau malien des produits pétroliers soulage les importateurs nationaux. Cela pourra soulager le bas peuple. Où sont passées les résolutions des Journées minières et pétrolières du Mali? Il est encore temps de redresser la barre. Il s’agit juste d’avoir la conviction et la volonté politique nécessaires.