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Accord Mali-UE de réadmission des migrants : Les Maliens réclament la tête de ministre Diop et complices
Publié le jeudi 12 janvier 2017  |  Le Point
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse du ministre Abdoulaye Diop
Bamako le 19 décembre 2016 le ministre a tenu une Conference de presse sur l`accord de réadmission avec l`UE a Koulouba
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« Que faut-il déduire lorsqu’un chef de famille s’explique devant les membres de sa famille sur quelque chose qu’on lui reproche, et qu’il n’arrive pas à les convaincre?... » Ces propos, qui sont d’un auditeur de radio Klédu (Le Débat politique), illustrent assez bien le débat endiablé qu’a suscité le fameux Accord Mali-UE de réadmission des émigrés maliens en situation irrégulière. Le Débat politique de ra dio Klédu du 29 décembre dernier a montré, s’il en était besoin, à quel point ce dossier cristallise la colère et la déception des Maliens vis-à-vis du régime. A n’en pas douter, la majorité présidentielle se trouve aujourd’hui isolée, malgré la multiplication des interventions, comme celle que le Président IBK lui-même a été contraint de faire, dans le vain espoir de convaincre les quelques sceptiques. Quels sont les arguments opposés ou opposables aux décideurs ? « Il n’y a jamais de fumée sans feu », Dramane Diarra, Réseau APEM (société civile)
Pour cet acteur très averti et très clairvoyant de la société civile, un accord n’a pas besoin de porter la mention « accord » pour en porter la valeur juridique. Pour lui, le document assorti de la rencontre des deux parties que le gouvernement appelle « communiqué » n’est pas « un simple compte-rendu ». Il se situe dans la continuité du Sommet de La Valette (Malte, où nos autorités étaient présentes) en novembre 2015 dont le 5ème point du plan d’action portait justement sur le retour des migrants en situation irrégulière. C’est à ce titre que des projets (6) du Mali ont été approuvés dans le cadre de qu’ils appellent le fonds fiduciaire, devant théoriquement profiter aux migrants en situation irrégulière de retour dans leur pays d’origine. En somme, l’accord signé rappellerait l’époque de la Traite des Noirs où des Noirs étaient mis à contribution pour attraper et vendre d’autres Noirs aux Blancs.

« Un gouvernement de démentis », Abdramane Diarra, président Jeunesse URD

« Trois Premiers ministres en trois ans, trois ministres des Finances, quatre ministres de la Justice, quatre ministres de la Défense, etc., tout cela en trois ans », il y a forcément un problème sérieux, analyse l’opposant de la jeunesse URD qui qualifie, par ailleurs, les gouvernements successifs de « gouvernements de démentis ». Sa logique, s’il y a tant de démentis, c’est que quelque part, « vous avez menti ». Il fustige l’attitude du parti au pouvoir de toujours chercher à faire porter le chapeau des mécontentements populaires aux opposants. Comme dans le cas du très controversé Accord Mali-UE de réadmission des migrants en situation irrégulière, où l’URD et le Parena ont été indexés comme étant derrière le mouvement qu’il y a eu en France, sur la question, et qui était dirigé ou codirigé par un militant même du RPM, ou désormais ex-militant puisqu’il aurait déclaré qu’il quittait le parti à la suite de cette affaire. En véritable opposant, M. Diarra dénonce également l’attitude peu flatteuse du gouvernement qui a consisté à faire passer la « démission » du consul en France pour un limogeage acté en conseil des ministres. Comme pour faire croire que le consul avait une part de responsabilité dans le malheur des expatriés.

Sur le fond du dossier « Migration », M. Diarra rejoint l’acteur de la société civile. Dans le plan d’action de La Valette, rapporte-t-il, il était écrit noir sur blanc que ses signataires ‘’s’engageaient à le mettre en œuvre au plus tard fin 2016’’. Il ne faudrait donc comprendre les événements douloureux de ces dernières semaines que comme la traduction du plan d’action de La Valette. Répondant à son challenger du RPM qui affirme que le ‘’communiqué conjoint’’ signé n’a pas la valeur juridique qu’on lui prête à tort, M. demande à savoir si notre « communiqué du conseil des ministres » rentrait dans le même registre ? Bonne question pour faire cesser ce jeu de mots inutile, voire stupide. Selon lui, plusieurs autres Maliens (en Allemagne, Italie, Malte…) attendent d’être expulsés avec la bénédiction du Mali qui, à travers notamment Toumani Djimé Diallo, signataire, délivre les fameux laisser-passer qui permettent aux Européens de s’exécuter conformément à l’accord.

La solution c’est la démission

Pour l’opposant, les deux ministres (Affaires étrangères et Maliens de l’extérieur) doivent démissionner, plus éventuellement le Premier ministre, qui est loin d’être tout blanc dans cette affaire. Ensuite, pense-t-il, il n’est jamais trop tard pour bien faire, le Président de la République doit se refuser à faire appliquer l’Accord. Du genre « un pas en avant, deux pas en arrière » de Lénine. Sauf que là, c’est reculer pour mieux sauter. Et non se soumettre davantage, comme on nous le donne assez souvent à voir, depuis quelques temps.

« Certaines personnes souhaitent le malheur pour ce pays », Badra du RPM

Comme pour faire écho au ministre des Affaires Etrangères, M. Diop (qui se demandait « si certaines personnes ne veulent pas mettre le pays à feu et à sang »), le représentant du RPM est convaincu que « certaines personnes souhaitent le malheur pour ce pays ». Moins qu’une conviction, ce genre de propos tient plus au manque d’arguments qu’à autre chose. Le moins que l’on puisse dire d’ailleurs est que lors de ce débat, Badra n’a pas fait honneur à son parti du fait de sa méconnaissance totale du sujet. D’où sa tentative de faire croire que le communiqué signé n’a pas une valeur juridique, ou sa stratégie de fuite en avant pour se plaindre des insultes proférées sur les réseaux sociaux à l’endroit du Président de la République qui est « une institution sacrée ». Ce qui est d’ailleurs juste, mais, « tant qu’il préserve les intérêts de son peuple », devrait-on ajouter peut-être.

Au passage, les invités de Kassim Traoré ont également abordé d’autres sujets d’actualité, notamment l’Accord d’Alger, les concertations nationales, etc.
Dramane Diarra du réseau APEM : « L’Accord d’Alger même est périmé »

Avec des dispositions qui restent en l’état alors qu’elles étaient censées être mises en œuvre dès les trois premiers mois suivant la signature de l’Accord, on pourrait dire que, trois ans après, « l’Accord même est périmé », dixit Dramane Diarra du réseau APEM. Pendant que l’on assiste à la valse des comités et autres commissions qui, de notre point de vue, ne semblent profiter finalement qu’aux seuls membres qui les composent.

Pour l’acteur de la société civile, « le président avait le choix de consulter le peuple au sujet de l’Accord d’Alger. Il en avait le droit constitutionnel. Mais il a pris le parti de ne pas consulter le peuple… Et ce qui est plus grave (à venir) ce sont les faux combattants qui seront intégrés et dont les listes circulent déjà. On peut prendre l’exemple de la Colombie, où le président, compte tenu de la gravité de la question s’en est remis au peuple à travers un référendum. Ce référendum a été rejeté et les parties sont revenues sur l’accord qui a été finalement accepté par le parlement… ».

Pourquoi refuse-t-on les concertations nationales ?

Abramane Diarra de l’URD pense que les autorités se refusent à organiser des concertations nationales « parce qu’elles ne savent pas ce qui va en sortir ». Une méfiance qui ne ferait que confirmer l’arrière-pensée qu’on prêtait sous la Transition à certains mouvements (dont le parti au pouvoir actuellement), de chercher à profiter de ces consultations nationales pour évincer le président de la transition et porter le président d’alors du RPM (IBK) à la tête de l’Etat.

« Le chien aboie, la caravane passe » ou l’arrogance démesurée de Badra

Comme Tréta, les cadres du parti majoritaire se spécialisent de plus en plus en « formules choc ». Comme si le RPM avait signé un pacte avec le peuple malien. Tréta avait clairement laissé entendre que son président sera réélu en 2018. Phrase anodine en principe, mais qui prend la forme d’une arrogance démesurée en cette période de colère généralisée et de déception sans pareil. Plus que le président du parti, le représentant du RPM au débat politique de Kassim Traoré avait assurément dépassé toutes les limites du « politiquement correct ». Aussi, agacé des critiques des autres débatteurs notamment sur l’Accord Mali-UE, l’Accord d’Alger (les difficultés de sa mise en œuvre), le prix de la Démocratie décerné à IBK, Badra, toujours en manque d’arguments, a poussé l’arrogance jusqu’à se permettre cet adage : « le chien aboie, la caravane passe ». C’était, comme on dit, « la goutte d’eau qui a débordé le vase », particulièrement auprès des auditeurs, dont certains n’ont pu s’empêcher d’aller à la même extrémité que lui. En effet, l’adage en soi, ne constitue pas une insulte ; mais, une fois de plus, comme on dit, « un mot n’a de sens que selon le contexte ». C’était fort déplacé de tenir de tels propos à l’endroit des autres débatteurs, sur une antenne de surcroît, sans compter la colère provoquée par cette décision gouvernementale sur la migration. Ce n’est pas tout. Le représentant du RPM a multiplié les bourdes. On apprend ainsi avec lui que c’est le régime IBK qui a remis en selle notre armée. Qui était justement à terre du fait notamment de la gestion d’un Soumaïla Cissé (il va jusqu’à parler d’un navire ou bateau de S. Cissé) alors ministre des Finances. C’est ainsi que Dramane Diarra lui demandera de ne pas s’approprier cette armée pour laquelle, du reste, tout le peuple malien s’est mobilisé, chacun comme il a pu. Quant à la responsabilité supposée de Soumaïla Cissé, le représentant du RPM avait peut-être oublié que le ministre des Finances était sous la responsabilité de l’actuel président de la République (alors Premier ministre), IBK, lequel est sûrement l’homme d’Etat malien qui aura le plus séjourné au sommet du pouvoir ces 20 ou 25 dernières années.

Concernant le recrutement en cours des « faux combattants », dénoncé par le représentant du réseau APEM, Badra trouve simplement à dire que ces « faux combattants vont réduire les rangs des chômeurs ». Tenir un tel discours, c’est ignorer absolument les déconvenues et autres désertions/trahisons successives intervenues au sein des forces armées. Cette question va au-delà d’un simple problème de chômage. Il y va de la survie d’une armée, d’une nation.

A ceux des auditeurs qui ont rappelé qu’IBK « a été élu sur le dossier Kidal, mais que Kidal est plus loin aujourd’hui qu’il ne l’était avant son accession au pouvoir », Badra répond : « on voit ce qui est arrivé à ceux qui ont tenté le passage en force… ». C’est vraiment plat comme réflexion. Et puis, faudrait-il comprendre qu’un Premier ministre est puissant au point d’engager une guerre sans l’aval du Président et commandant en chef des armées ?

Comité et commission

Visiblement Badra ne connaissait pas la différence entre comité et commission. Cette ignorance, doublée de l’arrogance dont il faisait montre, a poussé certains auditeurs à se demander s’il était instruit. Touché dans son orgueil, il va enfoncer le clou en faisant remarquer qu’« on se serait aperçu de quoi il est capable si le débat avait lieu en français ». Sincèrement, il valait mieux ne pas réagir, car parler français n’est pas synonyme de culture. N’y a-t-il pas des Français analphabètes ?
A la fin du débat, après les vives critiques des auditeurs toutes adressées à lui, quand tout le monde pensait qu’il avait enfin tiré les enseignements de ses interventions malencontreuses, Badra va opter pour un mot final qui peut être considéré comme le couronnement de l’ensemble de ses bévues : « Grâce au peuple malien, le RPM est la première force politique au Mali ; le RPM restera la première force politique au Mali, malgré les viles critiques ». On voit bien qu’il est à l’école de Bocari Tréta. Ces « viles critiques » sont aussi du peuple, et elles ne sont pas « viles » ; elles sont faites pour amener les gouvernants à jeter un regard dans le rétroviseur et à modifier la direction, avant d’arriver à bon port. En un seul morceau en tout cas…

(Encadré) Les réactions des auditeurs

-« Ce que fait le représentant du RPM ne profite pas au parti, au contraire. Le président lui-même ne leur fait pas confiance, puisqu’il n’a jamais choisi un Premier ministre parmi eux…»
-« La destruction des kiosques, le problème d’électricité, etc., IBk a été élu par plus de 77% des Maliens ; aujourd’hui, c’est la déception ; on ne s’en prend qu’aux pauvres. Qu’ils aillent à Kidal ! IBK a été élu pour Kidal. Kidal nous est aujourd’hui plus éloigné qu’il ne l’était ; on déroule le tapis rouge à ceux qui ont massacré… J’étais à l’enterrement d’un gendarme tué. 50 kg de mil, 50 kg de riz, 100 000 F, c’est tout ce qu’on a donné à sa famille. Au même moment, on donne 1 million à chaque footballeur, 400 millions aux rebelles… On parle de lutte contre la corruption, mais qui a déjà été arrêté pour corruption ? ATT avait dit que ‘’bè bi babolo’’, c’est maintenant que véritablement, ‘’bè bi babolo’’… ».

-« Le premier ennemi d’IBK, c’est le RPM, qui n’existait plus à son arrivée au pouvoir. C’est en souvenir de ses actions en tant que Premier ministre que nous l’avons fait élire. Les Premiers ministres, Tatam Ly, Moussa Mara, tous ces départs ont été provoqués par le RPM. Il [Badra du RPM] dit que l’armée a été détruite ; qui l’a détruite ? Qui était Premier ministre ? Il dit qu’un communiqué conjoint n’a pas de valeur juridique ; je doute même de sa formation… ».

-« Vous êtes dans l’erreur et vous ne nous respectez pas, même au sein de l’Assemblée nationale qui s’est livrée au cinéma ; ce sont pourtant nos sous qui les entretiennent. Et Treta qui dit qu’IBK sera réélu en 2018, qu’on le veuille ou non, est-ce que c’est eux qui ont fait élire IBK ? ».

-« Le peuple ne les croit plus, et pour cause : un avion avec trois prix différents, la paire de chaussettes à plus de 20 000 F, et maintenant cet Accord… On sait que Soumana Sacko ne ment pas [il a invité les autorités à ne pas ‘’infantiliser’’ le peuple au sujet du fameux Accord] ; Oumar Mariko ne ment pas. Quelqu’un [Badra du RPM] qui ne peut faire la différence entre comité et commission, un tel personnage ne devrait pas prendre part à un débat… ».

-« Le point 5 [Plan d’action de La Valette ci-dessus indiqué] est très clair, à moins qu’il [Badra] ne comprenne pas le français… ».
-« 99% des Maliens sont déçus du RPM… ».
-« IBK doit démissionner du RPM s’il veut préserver le peu de crédit qui lui reste et pour prétendre à 2018… ».
-« Que faut-il déduire lorsqu’un chef de famille s’explique devant les membres de sa famille sur quelque chose qu’on lui reproche, et qu’il n’arrive pas à les convaincre? IBK ne doit même pas songer à 2018. »
-« Le pouvoir ne respecte pas le peuple. Qu’est-ce que IBK a fait depuis son accession au pouvoir ?... ».
-« Quand ‘’le chien aboie’’ [allusion aux propos tenus par Badra, voir ci-dessus], il réveille les guerriers, alors… ».
Sory Haïdara

Prix IBK pour la Démocratie: Une petite dose de suspicion ?
Parole d’opposant ou simple réalité ? Selon Abdramane Diarra de la Jeunesse URD, la Fondation Nelson Mandela, qui a décerné le Prix, a été créée quand le député IBK représentait le Mali au Parlement Africain en Afrique du Sud. Il aurait donc proposé son fils Karim lorsqu’il lui a été demandé de proposer un « jeune dynamique » pour la Fondation. Ainsi, de cause à effet, le jeune leader de l’URD doute de la sincérité d’un tel prix. Qui plus est, arrive à un moment où l’on peut difficilement se satisfaire de la situation dans le septentrion pour laquelle (une soi-disant démocratie au Nord), la distinction a été offerte. A moins que ce ne soit un énième stratagème des ennemis du Mali pour pousser IBK à foncer droit au mur. Au grand dam de la grande majorité des Maliens. Un peu comme les médias occidentaux (manipulés par les services secrets) avaient encensé le dernier président de l’ex-URSS, Gorbatchev, (présenté comme un homme extraordinaire, un surhomme, sa tache au front analysée et interprétée par tous les charlatans du monde occidental), pour le pousser à casser l’Union.
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