La rencontre Afrique-France qui s’est tenue à Bamako du 13 au 14 janvier dernier a été un succès total. Cela, grâce au dynamisme de nos hautes autorités, à nos Forces Armées et de Sécurité, mais aussi aux populations de Bamako et environs. Mais, de l’organisation du sommet de très haut niveau, il y a des leçons à tirer.
Le succès du 27ème sommet Afrique-France dans notre pays est aussi à mettre au compte des populations de Bamako et environs qui ont fait preuve (avant et au cours de la rencontre) d’un véritable esprit de civisme et de patriotisme. Elles ont, ces populations, malgré les désagréments qu’engendre l’organisation d’un évènement du genre, mis la réussite de la rencontre au-dessus de leurs intérêts et prouvé une fois de plus, que l’honneur du Mali est celui de chacun et de tous.
Il est aussi important que le civisme et le patriotisme dont nos populations ont fait montre au cours de la tenue dans notre pays du 27ème sommet Afrique-France, perdurent. Parce que, rien ne vaut de démontrer pendant quelques jours que l’on peut, pour tout arrêter après.
Si le civisme et le patriotisme règnent au Mali, tous, nous gagneront la bataille du vivre ensemble, gage de paix, donc de développement.
Il faut aussi rendre un hommage mérité à nos forces Armées et de sécurité grâce auxquelles, Bamako aura été pendant quelques jours l’une des villes les plus sécurisées au monde. Toute chose qui prouve que nos forces Armées et de Sécurité sont aujourd’hui à même de protéger notre pays.
Il est vrai qu’à l’occasion de la tenue dans notre pays du 27ème sommet Afrique-France, des dispositions particulières (du point de vue sécuritaire) ont été prises, et que celles-ci auront eu un coût faramineux. Il est vrai aussi que de telles dispositions ne peuvent être permanentes. Mais, il est très important que nos hautes autorités s’en inspirent et fassent davantage pour protéger les personnes et leurs biens à Bamako comme dans le reste du pays.
Grâce à tous les Maliens, le 27ème sommet Afrique-France à Bamako sera à jamais mémorable.
Grâce à tous, un nouveau départ pour plus de civisme, de patriotisme dans notre pays sera possible et mémorable
Alors,… continuons !
Boubacar Sankaré
27ème sommet Afrique-France à Bamako
Mémorable !
Ce sont 34 chefs d’Etats du Continent, une soixantaine de délégations et 35 autres conduites par des chefs de gouvernement qui ont pris part samedi dernier, au Centre International de Conférences de Bamako, au 27ème sommet Afrique-France axé sur le thème « Pour le Partenariat, la Paix et l’Emergence ».
Nous vous proposons les temps forts du sommet.
Trois interventions ont marqué la rencontre. Il s’agit notamment, les discours des présidents de la République du Mali, S.E Ibrahim Boubacar Keita, de la République Française, S.E François Hollande et de la République du Tchad, Idriss Déby.
Prenant le premier la parole, S.E Ibrahim Boubacar Keita a souhaité la bienvenue aux hôtes de l’évènement avant de rendre un vibrant hommage au président François Hollande, pour qui, de tous les Chefs d’Etat français, il aura été celui dont les rapports avec l’Afrique auront été le plus sincère, le plus loyal. « Cet hommage, s’il est rendu par le Président du Mali, ne saurait être rendu au seul nom du Mali, mais concerne votre action sur notre continent. Et ce n’est certainement pas mon frère Faustin Archange qui ne saurait s’y reconnaître. Cet hommage est aussi celui de nos peuples », commentera-t-il.
Le président IBK a ensuite salué l’engagement des Emirats Arabes Unis aux côtés du Mali, avec une contribution exceptionnelle à l’organisation Sommet et remercié tous les participants qui se sont investis dans la réussite des Foras ayant précédé la rencontre des chefs d’Etats, le Forum des Jeunes, le Forum Genre et Entreprenariat ainsi que le Forum économique.
Selon IBK, le Sommet de Bamako n’est pas seulement un grand rendez-vous politique et diplomatique, mais, il ouvre aussi un espace d’échanges pour les forces économiques et sociales qui, par la création de richesses, incarnent les atouts et l’avenir de nos pays. « Et, le Mali qui vous accueille aujourd’hui est une Nation qui s’est remise debout, mais qui n’ignore rien des difficultés à surmonter dans la reconquête de sa stabilité », dira le président malien.
Parlant de la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation qui a déjà comme résultat significatif la cessation complète des hostilités entre l’Etat et les Mouvements signataires, le chef d’Etat estime que sa mise en œuvre a produit d’autres effets positifs, notamment dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles. C’est pourquoi, il profitera de l’occasion pour exhorter les signataires à s’inscrire sans arrière-pensées, ni calculs dans la mise en œuvre de l’Accord. « Parce que, en dehors de celui-ci, il n’y a aucune perspective crédible pour le retour de notre pays à la normale », a signalé le Président IBK.
Il ajoutera aussi, que l’adhésion loyale et inconditionnelle à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation est d’autant plus impérative que de faire face aux attaques des groupes terroristes perpétrées contre les paisibles populations civiles, nos Forces armées et de Sécurité, les contingents de la MINUSMA et la Force Barkhane.
Aussi, après s’être réjoui de l’adoption de la Résolution 2295 du 29 Juin 2016 renouvelant le mandat de la MINUSMA qui l’autorise à adopter une posture plus robuste face aux attaques asymétriques, IBK a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles de la MINUSMA en traduisant dans les faits les innovations qu’apporte la Résolution.
A propos, le président IBK indique que l’Afrique et la France ont la possibilité de prendre les trois exigences (Partenariat, Paix, Emergence) en charge, s’appuyant sur leur longue tradition de coopération et sur leur volonté éprouvée de cheminer ensemble. « Il nous est cependant urgent d’optimiser ces atouts à l’heure où des enjeux multiples et des défis communs nous imposent un partenariat constant, tourné vers une réponse solidaire et qui prend en compte la reconstruction et le renforcement indispensable des capacités nationales de chaque Etat », préconise-t-il.
S’agissant des actes asymétriques imposés à nos armées et forces de sécurité de la sous-région par les terroristes, IBk indique qu’en construisant un espace commun de sécurité (G5 Sahel ou CEMOC), d’édifier également un espace commun de développement et de promotion humaine, cela, afin de contrer les effets ravageurs du terrorisme, de la criminalité transnationale organisée, de l’extrémisme violent et de la piraterie maritime sur la situation socio-économique de vastes zones du continent africain.
Avant de conclure, le président IBK estime qu’il nous faut aussi protéger l’Afrique au moment où celle-ci se redéfinit en mettant en avant la créativité de nos entrepreneurs, le dynamisme impatient de nos femmes et de notre jeunesse, les raccourcis de développement que nous offre la révolution numérique, cela dans le cadre d’un partenariat robuste, ambitieux et innovant avec la France pour favoriser l’émergence économique véritable de notre continent.
‘’Un pays comme le Mali, il y a peu d’exemple au monde’’
Visiblement ému par les propos tenus à son égard, le chef d’Etat français, a assuré que son pays restera aux côtés du nôtre jusqu’à l’aboutissement du processus de la paix, et que l’autorité de l’Etat soit respecté sur l’ensemble du territoire. Selon lui, c’est pour la France la preuve de sa solidarité pour un peuple ami et l’accomplissement de son devoir. « Il y a quatre ans, presque jour pour jour, les forces maliennes, françaises, africaines étaient engagées pour reconquérir le Nord du Mali. Mais la ville de Bamako était sous la menace d’offensive terroriste de grande ampleur. L’Europe pouvait regarder avec distance, ce qui se passait au Mali », a déclaré le président Hollande pour qui, nous sommes réunis aujourd’hui pour prendre la dimension de ce qui a été engagé, ici, en 4 ans. Et, il en ressort, que «les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours, les élections ont eu lieu, IBK est élu du peuple malien, l’économie repart et la réconciliation avec les accords d’Alger est en cours».
Toujours parlant du Mali, le président Hollande précisera : « le Mali un pays déchiré, menacé par le terrorisme, divisé en son sein et qui pouvait douter un moment de son propre avenir. Oui, il y a peu d’exemple au monde. Que ce même pays soit capable de se redresser très vite et de se tenir débout aujourd’hui devant nous. C’est une leçon qu’il faut adresser à l’ensemble de la communauté. Et, Nous devons dire à ces peuples martyrs, à ces pays qui affrontent des difficultés sans nom, à ces réfugiés et déplacés, à ces hommes et femmes qui ont souffert et qui souffrent encore, qu’il y a de l’espoir. Regardez vers le Mali », a commenté S.E François Hollande.
Il dira aussi, qu’en intervenant au Mali et formé son armé, la France acquitte d’une dette à l’égard des soldats morts venant de toute l’Afrique (des tirailleurs sénégalais lors des deux conflits mondiaux) pour notre liberté. « Elle fait également son devoir et d’une certaine façon poursuit son intérêt. Car, il ne peut avoir de sécurité en Europe si les groupes terroristes s’installent à ses frontières. Et ile ne peut avoir de maitrise de l’immigration sans stabilité politique et ni de paix durable sans sécurité en Afrique ».
Aussi, après avoir parlé d’un goût inachevé pour l’Afrique et promis de revenir sur le continent, le président Hollande s’est engagé à passer de 20.000 à 25.000 le nombre de soldats formés par la France. «…, l’aide au développement de la France pour le continent, prévue à 20 milliards d’euros sur cinq ans, va être révisée à la hausse de 15% pour atteindre désormais 23 milliards d’euros sur les cinq prochaines années », a promis le président Hollande.
Les propos d’un autre ami
Pour sa part, le chef d’Etat Tchadien Idriss Déby, président en exercice de l’Union Africaine, a aussi félicité la qualité des dispositions prises pour l’excellente organisation du sommet de Bamako, avant à son tour de rendre un hommage appuyé au Président Hollande, à la mesure de son amitié pour l’Afrique et à son engagement sans faille dans les moments sombres que certains de nos pays traversent.
Il aussi souhaité que ce sommet de Bamako puisse être celui de la solidarité, de l’action et du partenariat dynamique entre l’Afrique et la France. « La tenue de ce sommet à l’orée de l’année nouvelle est assurément pleine de promesses et porteuse d’espoirs. Et, au delà de la symbolique de l’agenda, il y a bien évidemment la pertinence de la thématique de nos assises : ‘’ partenariat, paix, Emergence’’ qui résume nos attentes. Car, ils identifient les vecteurs porteurs de notre partenariat et dessinent le nouvel horizon de la France et de l’Afrique », a expliqué S.E Idriss Déby
Selon lui, le triptyque « Partenariat – Paix – Emergence » n’est pas seulement dans l’aire du temps, mais il est également en totale adéquation avec nos préoccupations les plus légitimes causée une profonde crise économique et sécuritaire qui affecte de manière prononcée les Etats africains et compromet gravement leurs projets et programmes de développement. « La France, en tant que grande Nation, reçoit elle aussi, parfois douloureusement, les fragmentations du désordre et des défis mondiaux. Nous n’avons d’autres choix que d’unir nos forces. Et notre partenariat est notre atout majeur pour assurer la paix et la sécurité, non seulement au sein de notre ensembl mais également à l’échelle mondiale. »,a signalé le chef d’Etat tchadien.
Il dira aussi que l’Afrique est aujourd’hui l’espace où la paix et la stabilité sont les plus fréquemment menacées, en dépit de quelques éclaircies, un théâtre de crises et de conflits divers. « L’indescriptible situation en Libye, l’instabilité récurrente dans l’espace sahélo-saharien et dans la corne de l’Afrique ; la détresse humanitaire au Soudan du Sud, le cycle de violences et d’insécurité dans les pays des Grands Lacs et d’Afrique Centrale nous rappellent, sans cesse l’ampleur des défis à relever », a déploré le président Tchadien.
A ce tableau déjà sombre, poursuit-il, s’ajoutent le terrorisme et la criminalité transfrontalière, les trafics des humains, la piraterie maritime, le commerce de la drogue et autres stupéfiants, le commerce illicite des armes, les financements occultes des déviances idéologiques les plus criminelles, les plus sordides. « Tous ces vecteurs de la mort et de la désolation dont les premières victimes sont les populations civiles, les femmes et les enfants en particulier, appellent une solidarité agissante, forte et constante », a souligné S.E Déby.
Cependant, le président de l’Union Africaine indique que le continent est résolument engagé sur la voie de son irréversible émergence et invite à une mutualisation des forces et de conjugaison des efforts en vue de contenir la poussée du terrorisme et du radicalisme. Parce que, dit-il, Le monde est UN, la mondialisation est terriblement totalisante et le désordre et l’instabilité qui affectent une région se répercuteront tôt ou tard dans d’autres régions.
Enfin, le président de l’Union africaine interpellera la France et l’Afrique à faire bloc et à fédérer leurs actions. Parce que, conclura-t-il, les valeurs de liberté et d’égalité fondatrices de la République française forment ici une belle symbiose avec l’attachement de l’Afrique à son identité, sa dignité, son indépendance et à ses autres valeurs qui structurent l’imaginaire collectif de ses peuples.