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Des Burkinabe vivant au Mali au président Roch : « Même sur notre territoire natal, on nous rackette »
Publié le lundi 16 janvier 2017  |  lepays.bf
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En prélude à la cérémonie officielle d’ouverture du 27e Sommet Afrique-France, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a eu une rencontre d’échanges, directs, avec la communauté burkinabè vivant au Mali dans l’après-midi du 13 janvier 2017 dans la salle de réunion de l’ambassade du Burkina Faso au Mali. Une rencontre qui a permis au Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, accompagné du ministre en charge des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, de mieux s’imprégner des difficultés que ces compatriotes estimés à plus de 1 million 200 âmes vivent au quotidien.

Le Mali est le 2e pays au monde qui compte plus de Burkinabè vivant à l’étranger, après la Côte d’Ivoire. Quoi de plus normal pour le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, lors de son séjour sur les rives du Djoliba, les 13 et 14 janvier derniers, d’échanger avec eux pour leur apporter non seulement les nouvelles fraîches du pays, mais s’informer aussi des difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Et l’une des questions qui aura le plus marqué cet échange fut l’épineuse question de la sécurité du territoire national. Sur cette question, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rassuré ses compatriotes que des actions fortes sont en cours. « Nous sommes en train de mutualiser nos moyens et nos stratégies de lutte avec les pays voisins », a-t-il soutenu. Mais encore faut-il, a-t-il ajouté, que les populations collaborent avec les Forces de défense et de sécurité. Car, a relevé le Chef de l’Etat, les terroristes ne sont plus des Touaregs, comme beaucoup de personnes l’ont toujours imaginé. « Ceux qu’on recrute pour nous attaquer sont nos frères et nos enfants », a-t-il indiqué. Et pour vaincre le terrorisme, le Président du Faso a souligné que la collaboration des populations est indispensable et mieux, chaque Burkinabè, où qu’il soit, doit jouer sa partition. Qui parle de sécurité, ne peut pas occulter la question des Koglwéogo, ces groupes d’auto-défense créés en masse en 2016. Et les Burkinabè vivant au Mali ont relevé leur inquiétude par rapport aux dérives de ces groupes d’auto-défense.

« Il est important que la Justice vide tous les dossiers pendants en 2017 »

Mais le Président du Faso les a rassurés que tout est mis en œuvre pour les réintégrer dans la police de proximité et les textes sont clairs : « Tout débordement sur les droits de l’Homme, c’est la prison (...). Tous ceux qui commettront des exactions seront punis conformément à la loi ». Outre la question sécuritaire, les dossiers pendants en justice ont été aussi abordés lors des échanges du Chef de l’Etat avec les compatriotes vivant au Mali. Il s’agit, entre autres, du dossier Norbert Zongo, de celui de Boukary Drabo. Sur ce volet, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, s’est exprimé sans langue de bois : « Il est important que la Justice vide tous les dossiers pendants en 2017. Car, on ne peut pas aboutir à une réconciliation nationale vraie, sans vérité et justice». Au plan politique, il a relevé qu’une commission a été mise en place pour doter le Pays des Hommes intègres d’une nouvelle Constitution. Laquelle Constitution devra permettre au pays de passer à une Ve République par voie référendaire. Il a surtout expliqué à ses interlocuteurs que la Commission sillonnera les pays voisins dans les jours à venir pour décliner les grands axes de la nouvelle Constitution aux compatriotes vivant à l’extérieur avant le référendum. Ce qui a amené les compatriotes burkinabè vivant au Mali à chercher à comprendre s’ils pourront prendre part à ce référendum. Et à cette inquiétude, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a été on ne peut plus clair : « Pour l’instant, il serait difficile parce qu’il n’y a pas de fichier électoral, encore moins de cartes d’électeur pour nos compatriotes de l’extérieur ». Cependant, il les a rassurés que les institutions en charge des élections au Burkina sont à pied d’œuvre pour que tous les compatriotes vivant à l’extérieur puissent accomplir leur devoir citoyen au scrutin présidentiel de 2020. La rencontre du Président du Faso avec la diaspora burkinabè vivant au Mali fut aussi une occasion pour ces derniers de lui relever les tracasseries qu’ils vivent en voulant se rendre à la terre natale. « Lorsque vous rentrez au pays, malgré votre carte consulaire, on vous demande de payer 1 000 ou 2 000 F CFA si vous ne disposez pas de carte de vaccination. Tout cela pour nous arnaquer. Même sur notre territoire natal, on nous rackette. Est-ce que ce sont les autorités qui ont imposé ces taxes ? », se sont-ils interrogés. « Non ! Le gouvernement n’a jamais fixé de taxe sur un individu », a répondu le Chef de l’Etat. Pour lui, c’est de l’arnaque et de la corruption. « Nous verrons avec les Forces de sécurité, notamment avec la police et la gendarmerie nationales, comment prendre des dispositions pour que ce genre de situations ne se reproduisent pas», a promis Roch Marc Christian Kaboré, avant d’exhorter les victimes à dénoncer de telles pratiques. Car, a-t-il ajouté, « ce n’est pas à l’honneur de nos Forces de sécurité de racketter 1 000 F par passager burkinabè rentrant chez lui ». Les Burkinabè de l’extérieur ont aussi interpellé le Chef de l’Etat sur le Consulat général de Ségou. A en croire les compatriotes qui vivent dans cette localité du Mali, depuis que le Consul général a été désigné, celui-ci refuse de rejoindre son poste. Et le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, de les rassurer que le consul général et son équipe désignés rejoindront leur poste dans la semaine à venir. L’économie, principale source du développement, a été aussi abordée lors de l’entretien du Président du Faso avec ses compatriotes. Sur ce point, le Président a d’abord présenté le Plan national de développement économique et social (PNDES). Il a rappelé aux compatriotes que lors de la conférence de Paris, le gouvernement burkinabè a présenté avec brio, ce nouveau référentiel de développement, si bien que de nombreux Partenaires techniques et financiers (PTF) ont manifesté leur intention de soutenir le pays des Hommes intègres dans la mise en œuvre dudit plan. Cependant, nos compatriotes ont cherché à savoir si l’Etat burkinabè a la garantie de pouvoir mobiliser les fonds avec les PTF. Et le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, de répondre : « La balle est dans notre camp. C’est à nous de monter des projets crédibles et fiables pour mobiliser les fonds ». Abordant la question de l’employabilité de la jeunesse burkinabè vivant à l’extérieur, le Président du Faso a relevé la nécessité d’ouvrir davantage des écoles de formation professionnelle. « Il faut une réforme importante au niveau de notre système éducatif », a-t-il souligné car, pour lui, l’éducation générale est en train de montrer ses limites. Mieux, le Président du Faso a rassuré les compatriotes que le gouvernement travaillera à convaincre davantage les Banques de la place à accorder des micro-crédits aux jeunes pour la mise en œuvre de leurs projets. Les compatriotes vivant au Mali ont aussi souhaité bénéficier de logements sociaux sur leur terre d’origine. Sur ce point, Roch Marc Christian Kaboré a indiqué que des engagements ont été pris par le ministère en charge des Burkinabè de l’extérieur et celui en charge de l’habitat, pour que les compatriotes vivant à l’extérieur puissent également bénéficier des logements sociaux. A l’image des étrangers vivant au Burkina, les Burkinabè vivant au Mali ont souhaité bénéficier de la double nationalité sur leur terre d’accueil. Sur ce point, le Président du Faso a laissé entendre que c’est une question qui doit être discutée par les deux pays, notamment le Burkina et le Mali. Sinon, a-t-il fait savoir, au Burkina, il y a la possibilité d’avoir la double nationalité. Sur le plan culturel, les compatriotes ont souligné la nécessité de la disponibilité des stands d’exposition à leur profit lors des grands rendez-vous culturels dont le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), la Semaine nationale de la culture (SNC). Prenant note de leur requête, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, les a tout de même invités à investir chez eux car, a-t-il ajouté, « si tu dors sur la natte du voisin, tu dors à terre». Mais bien avant les échanges proprement dits de la rencontre, les compatriotes, par la voix de l’ambassadeur du Burkina au Mali, le général de brigade Kodio Lougué, et celle du président de la communauté burkinabè vivant au Mali, Abdoulaye Sawadogo, ont félicité le Chef de l’Etat pour sa brillante élection au scrutin présidentiel du 29 décembre 2015 et son engagement à développer le Burkina.

Mamouda TANKOANO (De retour de Bamako)

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