Retardée à cause de la grève des magistrats, une plainte a été déposée, ce matin, par trois des employés de Bourama Doumbia, PDG de la société Aminata Konaté, plus connue sous le sobriquet ‘’Bara Musso’’, du nom des bouillons que fabrique la société.
Bara-Musso est-elle devenue ‘’Galo-Musso’’? Pour les employés de la société, du moins ceux que nous avons rencontrés, il n’y a aucun doute à cela. A les croire, le PDG de Bara Musso ne respecte aucune disposition du Code du travail. Intimidation, violation des clauses contractuelles, des heures supplémentaires non payées, pas de jour férié, absence de congé annuel, licenciement abusif, malgré l’avis contraire de l’Inspection du travail. Bref, les employés dépeignent un chef d’entreprise sans scrupule, capable de tout pour faire la bonne affaire. En moins d’un mois, huit (08) employés ont été licenciés. Leur tort: la création d’un comité syndical affilié à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), pour revendiquer leurs droits. C’est Gaoussou Keita, le secrétaire général du syndicat, qui fait, le premier, les frais de son audace. Dans la lettre de licenciement qui lui a été remise, il lui est reproché «d’avoir détourné deux (2) mille FCFA en mai ». Soit, six mois après les faits, mais deux jours seulement après la communication des membres du bureau du syndicat à la direction de l’entreprise.
Suite à leur licenciement, trois employés ont saisi l’inspection du travail. L’un deux, Kiba Samaké est accusé de «faute lourde», sans autre précision. Pourtant l’article 9 de son contrat de travail indique que «l’évocation de la faute lourde est laissée à l’appréciation du tribunal de travail». Pour Kiba Samaké, le motif réel de son licenciement se trouve ailleurs. Il a refusé de travailler, sans indemnité, samedi, dimanche, et le lundi de maouloud, décrété jour férié par le gouvernement, sur toute l’étendue du territoire national.
Dans son avis de non-conciliation du 28 décembre dernier, dont nous avons copie, le directeur régional du Travail constate les faits reprochés à l’employeur, mais s’avoue impuissant et en appelle au président du tribunal du travail en ces termes: «convoqué par mes services dans le cadre de la tentative de conciliation, l’employeur, à travers ses représentants, a affirmé, qu’il ne reviendra pas sur sa décision de licenciement de ces représentants syndicaux et que ceux-ci peuvent porter l’affaire là où ils veulent », indique le directeur régional du Travail. Et de conclure: « la tentative de conciliation ayant ainsi échoué à mon niveau, je vous soumets le dossier de l’affaire pour un règlement judicaire».
Bara-musso, c’est pourtant l’histoire d’une success story, à la malienne. Car, c’est aussi celle d’un commerçant qui a fondé sa propre entreprise de fabrication de bouillon. Fort de son succès, Bourama Doumbia a conquis la cuisine des femmes maliennes en se lançant dans la production du piment, du poivron, de l’ail, de la moutarde, de la pâte à tomate, ou encore de la pâte d’arachide en sachet.