18 janvier 2017 – Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a fermement condamné une attaque suicide meurtrière mercredi à Gao, dans le nord du Mali, contre un camp abritant des éléments des Forces armées maliennes et de divers groupes armés, estimant qu'elle constituait une atteinte directe au processus de paix.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette attaque lâche et ignoble qui constitue une atteinte directe au processus de paix. Elle visait clairement à dérailler le processus de paix en sapant la confiance entre les parties signataires et des populations, ainsi qu'à contrecarrer les récentes avancées dans la mise en œuvre des arrangements sécuritaires de l'accord de paix », a dit M. Ladsous, lors d'un exposé mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
« L'accord de paix reste actuellement la seule avenue possible pour parvenir à la paix et à la réconciliation au Mali et j'exhorte encore une fois toutes les parties signataires à s'engager pleinement dans sa mise en œuvre. Il ne nous reste plus beaucoup de temps », a-t-il ajouté.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a indiqué que l'attaque a eu lieu mercredi matin. « Peu avant 9 heures, un véhicule suicide s'est fait exploser à l'intérieur du camp du MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) à Gao. Le camp abrite les éléments des Forces armées maliennes, de la Plateforme et de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (600 au total) qui sont censés mener les patrouilles mixtes envisagées par l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali », a précisé la Mission dans un communiqué de presse.
Les circonstances précises de cette attaque restent à être déterminées. Un premier bilan provisoire fait état d'une cinquantaine de morts, ainsi que de plusieurs dizaines de blessés.
La MINUSMA a précisé qu'elle mettait « actuellement tout en œuvre pour assister les blessés et sécuriser la ville de Gao », avec la Force Barkhane et les Forces armées maliennes.
Peu d'avancées significatives dans la mise en oeuvre de l'Accord de paix
La MINUSMA et Hervé Ladsous ont présenté leurs condoléances attristées aux familles des victimes, au gouvernement malien, ainsi qu'aux parties à l'accord de paix. Ils ont souhaité que « les auteurs de cette attaque odieuse soient rapidement identifiés et traduits en justice ».
Prévu par l'accord de paix, le MOC est chargé de la planification et de la conduite des patrouilles mixtes, associant les Forces armées maliennes, la Coordination et la Plateforme, avec l'appui de la MINUSMA et des forces internationales, afin d'assurer la sécurité dans le nord du Mali.
Selon le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, plus de 18 mois après la signature de l'accord de paix, « très peu d'avancées significatives ont été enregistrées » malgré quelques progrès.
« La mise en œuvre des arrangements institutionnels et sécuritaires intérimaires a en effet stagné et demeure hypothéquée par des désaccords persistants et le manque de confiance entre les parties signataires », a-t-il ajouté. « La fragmentation des groupes armés, en particulier au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad, et les tentatives répétées des groupes dissidents d'ébranler le processus de paix, ont également entravé la mise en œuvre de l'accord ».
« Il ne reste à l'heure actuelle que cinq mois jusqu'à la fin de la période intérimaire. L'absence de résultats tangibles est source de préoccupation majeure et m'amène à m'interroger sur la volonté réelle et l'engagement des signataires du processus de paix », a encore dit M. Ladsous.
Selon lui, « il est d'une importance primordiale de rétablir la confiance de la population malienne dans le processus de paix ». Il a noté que la MINUSMA continuait de recevoir des informations faisant état de graves violations des droits de l'homme « commises par les groupes armés et des acteurs de l'Etat ». Il a également souligné que la mise en œuvre de la stratégie de développement pour le nord du Mali, plus d'un an après la conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, n'avait toujours pas commencé.