attaque kamikaze dans un camp de regroupement du Mécanisme opérationnel de coordination a fait 60 morts et 115 blessés
Un attentat au véhicule piégé a fait 60 morts, dont 5 kamikazes, et 115 blessés à Gao. L’attaque est survenue hier aux environs de 8 heures dans un camp de regroupement du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Le camp abritait les éléments des Forces armées maliennes (FAMA) et des groupes armés de la Plateforme et de la CMA.
Un véhicule bourré d’explosifs, avec 5 kamikazes à bord, a forcé l’entrée du camp du MOC, écrasé les sentinelles en faction avant d’exploser à l’intérieur du camp parmi les 600 hommes en rassemblement.
Des témoins oculaires décrivent une scène de désolation qui n’a rien à envier à un champ de bataille avec des corps déchiquetés et éparpillés à l’intérieur du camp. Mahamadou Tamboura, un habitant de la Cité des Askia, raconte que quand il y a eu l’explosion, « la terre a tremblé à telle enseigne que j’avais cru que mon véhicule avait fait une crevaison. Quelques instants plus tard, j’ai appris que le grand bruit venait du lieu de cantonnement des groupes armés ».
Quant à Moussa Aliou Touré, il affirme qu’il n’avait jamais entendu de sa vie un bruit aussi violent. La détonation lui a fait revenir en mémoire les bombardements de l’Armée française lors de la libération de la ville de Gao en janvier 2013.
Ce premier attentat perpétré contre le camp du MOC suscite beaucoup de questions au sujet des patrouilles mixtes. Nombre de nos compatriotes émettent des doutes sur la moralité de certains éléments des groupes armés, hier proches d’Ançardine et d’AQMI, et qui font mine aujourd’hui de s’être convertis aux vertus de la paix. Une source sécuritaire de la sous-région, basée à Bamako, est très critique sur les patrouilles mixtes. « L’idée de mettre les ennemis ensemble est génial théoriquement. Mais dans la pratique, c’est suicidaire. Le MOC est infiltré par les groupes terroristes. La preuve en est qu’ils n’ont pas eu besoin de tendre une embuscade aux patrouilleurs. Ils se sont fait exploser jusqu’à l’intérieur du camp», analyse notre spécialiste.
A titre de rappel, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) a pour objectif de prévenir et de réduire tout vide sécuritaire avant, pendant et après le processus de cantonnement et de DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion). Selon les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, le MOC a été créé sous l’égide de la Commission technique de sécurité (CTS).
Le MOC conduit le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité du Mali dans l’ensemble des régions du Nord. Ces forces redéployées devront inclure un nombre significatif de personnes originaires des régions du Nord, y compris dans le commandement, de façon à conforter le retour de la confiance et faciliter la sécurisation progressive de ces régions. Le MOC est chargé de planifier et de conduire les patrouilles mixtes incluant proportionnellement des éléments des forces de défense et de sécurité, des éléments de la CMA et de la Plateforme avec, si nécessaire et si possible, l’appui de la MINUSMA et des forces internationales en présence.
Le ministre de l’Economie numérique et de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall, est intervenu hier à la télévision nationale pour condamner cet attentat ignoble qui vise à saper le processus de paix et exprimer les condoléances des plus hautes autorités aux familles des disparus. Quant au ministre de la Défense et des Anciens combattants, il s’est rendu dès hier à Gao pour rencontrer les troupes et leur exprimer le souhait des autorités. Le président de la République a décrété 3 jours de deuil national. Il s’est adressé hier à la nation avec un message solennel.