Le verdict est tombé depuis le 16 décembre 2016 à Kayes. Selon ledit verdict, les habitants du hameau de Toukamakan vont payer 250.000FCFA par jour à titre d’astreinte s’ils ne quittent pas le hameau. A cause du conflit relatif à un champ, opposant les habitants du village de Kembélé à ceux du hameau de Toukamakan, les récoltes dudit hameau ont été incendiées suite à la décision de justice. L’arrêt de la cour d’Appel abonde dans le sens de la décision du tribunal.
Les Konté du village de Kembélé et les Baradji de Toukamakan, dans la commune rurale de Diakon, cercle de Bafoulabé, région de Kayes, se disent tous propriétaires d’un même champ. Et ils ne sont jamais parvenus à trouver un compromis à ce problème qui remonte à 2007. Il a fallu recourir aux juridictions compétentes. L’affaire était d’abord devant la justice de paix à compétence étendue de Bafoulabé. Ensuite, elle a été portée devant la cour d’Appel de Kayes et finalement devant la Cour suprême, mais elle sera renvoyée à nouveau devant la cour d’Appel de Kayes.
Pour rappel, la démolition du village de Toukamakan est intervenue après une décision de justice le lundi 18 janvier 2016.
Ce fut un grand malheur car, les villageois ont tous perdu, avec en plus, leurs vivres incendiés Tous leurs biens sont partis en fumée. Cette première opération de démolition était dirigée par Me Amady Diallo, Huissier de justice à Kayes avec le soutien d’une trentaine de gendarmes. Le hameau de culture de Toukamakan a été fondé par Diakidjankan en 1967.
La maison de Diakidjankan a été envahie par les gendarmes sous les ordres de l’Huissier, Me Amady Diallo. En cette période de froid d’alors, tous les biens de la famille Diakidjankan furent saccagés, détruits, pour tout dire anéantis, le feu mis au grenier.
Personne ne peut s’opposer certes à l’exécution d’une décision de justice. Là est le côté cour. Mais le côté jardin est que brûler des vivres, des céréales en cette période critique est-ce une exécution de l’esprit et de la lettre de la loi aussi ? Les villageois se battent corps et âme pour assurer leur dotation alimentaire.
Aujourd’hui, chez ces pauvres citoyens, c’est la désolation, le désespoir.
En son temps, aucun élu du cercle de Bafoulabé ne s’est déplacé pour compatir avec ces martyrs de la vindicte. Du côté des décideurs, c’est le silence radio.
Comme le malheur ne vient pas seul, voilà que le second arrêt rendu par la cour d’Appel à l’issue de son audience du 16 décembre 2016 ordonne encore une démolition et une expulsion, avec en sus, une astreinte de 250.000FCA par jour.
Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. En voilà des perdants d’un procès en justice qui pensent par ignorance, croiser un bras de fer avec la justice, or, cela aggrave leur situation comme on le voit. C’est la pédagogie qui manque souvent dans l’administration de la justice. Ce sont des frères en conflit. A l’ère actuelle, le pays n’a pas besoin de cela. Ce conflit fratricide n’amène le pays nulle part. Il est important que les habitants des deux villages comprennent que rien ne vaut la cohésion sociale, la cohabitation et le vivre ensemble. Les autorités devaient tenir un tel langage pour limiter les dégâts.
Moussa Kéita