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Lâche carnage au camp du MOC à Gao: 60 morts et 115 blessés
Publié le jeudi 19 janvier 2017  |  Le Prétoire
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© AFP par STRINGER
Des soldats se rassemblent près d`un pickup après l`attaque kamikaze qui a ensanglanté un camp de Gao, au Mali, le 18 janvier 2017.
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L’attentat qui a fait, selon un bilan provisoire, 60 morts et 115 blessés est l’un des plus meurtriers depuis le début de la crise en 2012. Hier matin à Gao, un kamikaze a fait pénétrer une voiture bourrée d’explosifs dans le camp du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) alors que les soldats étaient rassemblés dans la cour pour des besoins d’exercice.

Hier, à Gao, 60 personnes ont été tuées dans un attentat suicide à la voiture piégée qui n’a toujours pas été revendiqué, a indiqué le Président de la République dans son adresse à la nation. Cet attentat est, faut-il le souligner, l’un des plus meurtriers que le Mali ait depuis le début de la crise il y a 5 ans. Environs 600 soldats et combattants des parties signataires de l’Accord de paix et de l’armée malienne se trouvaient dans le camp du MOC au moment de l’explosion. Ces éléments sont engagés dans les patrouilles mixtes pour assurer la sécurité dans les régions du Nord du pays, tel que prévu par l’Accord de paix. Joint par nos soins, le colonel Diaran Koné, Directeur de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa), explique que l’explosion est survenue aux environs de 9h, au moment où les éléments du MOC étaient réunis dans leur camp pour les besoins d’exercice militaire. Il a par ailleurs rassurés que les investigations sont en cours. Un médecin de l’hôpital de Gao, contacté par nos soins, affirme, lui, que 14 membres des forces de sécurité maliennes figurent parmi les morts. Pour un confrère de la radio Naata dans la cité des Askia, cette attaque a fait des dégâts importants au niveau du camp du MOC. Et le confrère de souligner que le bilan reste pour l’heure incertain, avant de soutenir que la manière dont l’attaque s’est déroulée laisse croire qu’elle porte la signature du groupe islamiste Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali. Pour Kader Touré de la radio Annia l’attaque d’un camp démontre que les groupes djihadistes ont toujours la capacité de au cœur du pays. L’énorme déflagration a provoqué une peur totale dans la ville, où les élèves et les commerçants ont été obligés de regagner leur domicile. Les rues de Gao étaient quasi vides dans la journée, soutient cet autre confrère de la radio Adaar.



L’indignation du Président IBK

«Vous perdrez parce que nous vaincrons»

Dans son adresse à la nation, suite à l’attentat terroriste d’hier à Gao, le président de la République est monté au créneau pour exprimer son indignation : « après une légitime allégresse de grande fierté, pour avoir réussi ce qui n’était pas attendu par beaucoup de sceptiques, te voici de nouveau dans l’épreuve, l’épreuve tant que terrible, celle que la lâcheté arrive encore à faire subir aux gens de biens. Ce jour, notre ville de Gao, alors que des jeunes maliens à la foi ardente, au patriotisme ardent se réunissaient dans un élan de fraternité, de fraternisation entre fils du pays, ceux des forces armées, appelées les FAMa et des mouvements et groupes armés se réunissaient pour lancer ce que nous appelons les patrouilles mixtes dans le cadre du mécanisme opérationnel de coordination, le MOC. Cela en vue de rassurer les personnes pour leur aller et venir, en les sécurisant en les portant également secours quand il y a lieu de le faire. Au moment où ils étaient rassemblés, voilà que, de manière très triste, surgi un véhicule aux couleurs du MOC, pour tromper la vigilance comme savent le faire les traitres et les lâches pour s’exploser au milieu d’eux, faisant ainsi des dizaines de morts. » Et le chef de l’Etat de donner un bilan provisoire assez lourd de cette sale besogne des hommes sans foi, ni loi en ces thèmes : « Au moment où je parle, le bilan dont je dispose est de 60 morts et 115 blessés. Qu’il soit clair, nous vous opposerons la résilience de notre peuple. Dans cette nation millénaire qui est la nôtre, il y a ceux qui croient en la grandeur de la patrie et ils travaillent et ceux qui parient sur l’échec de la patrie et ils y travaillent aussi avec un zèle éhonté. Ceux qui croient en la grandeur du Mali, on les retrouve dans toutes les couches de la société, dans tous les partis politiques, de l’opposition et je leur rends hommage à tous, comme du pouvoir, on les retrouve dans tous les groupes ethniques, dans toutes les confessions religieuses et autres. Mais ceux qui, à l’opposée, parient sur l’échec de la nation, y travaillent aussi avec un zèle éhonté, pour notre plus grand malheur à tous. Puisqu’ils n’hésitent pas à tuer leur propre peuple, leurs frères et leurs sœurs. Puisqu’ils n’hésitent pas à démolir ce qui se construit pour le développement et la grandeur de cette nation.»

« Il y a une semaine à peine, notre peuple était appelé à faire la preuve de sa résilience, de sa capacité à renaitre du chaos et du malheur semé par la main de l’homme, ou de quelques hommes, de grandes rencontres internationales, dans ce pays que les terroristes et autres illuminés étaient sur le point de détruire, pour en prendre le contrôle il n’y a guère longtemps. Nul n’osait y croire et jusqu’au bout, certains n’y ont pas cru. Ce peuple, le meilleur de notre peuple a réussi à relever le défi avec votre soutien à tous avec la bénédiction du tout puissant mais voici que ceux qui parient sur l’échec du Mali surgissent à nouveau, ils n’ont pas abandonné, parce que tout sujet de ce peuple dont le monde pourrait se féliciter est pour eux un échec de leur minable cause. Peut-être espèrent-ils prendre à travers cet attentat vil une revanche sur toute l’Afrique et une partie du monde considère comme une belle manifestation de la résistance du Mali», soutiendra Ibrahim Boubacar Kéita. Et de conclure ses propos par des mots de confiance et d’amour de la patrie, tout en mettant en garde les ennemis du Mali. « A ceux-là qui ne vivent que de la négativité, je dis, nous vous combattrons, nous vous vaincrons et vous n’aurez pas le dernier mot. Parce que ce peuple fier à souhait, et à juste titre, a mieux à offrir que le chaos. Les trafics illicites, les vols et viols que vous représentez, si tristement messieurs les terroristes, trafiquants, car vous n’êtes pas ce que nous sommes, vous n’êtes vraiment rien. Je m’associe pleinement au deuil de chaque famille touchée par cet odieux attentat, ce lâche attentat et le peuple malien, tout en pleurant les victimes, fait la promesse de sa résilience, nous nous relevons de tous les coups bas, de tous les coups, nous vaincrons, vous perdrez, vous serez défaits, vous perdrez parce que nous vaincrons. »

Soulignons que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a décrété trois jours de deuil national suite au carnage occasionné par cet attentat terroriste ainsi que l’envoi d’une mission ministérielle conduite par le ministre de la Défense.

Colère de la population

Dans tous les cas, l’opinion publique estime que cet attentat met en lumière l’incapacité des forces onusiennes et françaises installées dans la ville de Gao à instaurer des mesures de sécurité efficaces dans cette région. Malgré les revers militaires sur le terrain face aux troupes gouvernementales et onusiennes, les groupes djihadistes parviennent à commettre des attentats très meurtriers au cœur même de la cité des Askia. Si l’on en croit le 1er adjoint au Maire de Gao, Ben Maouloud, le camp du MOC a été quadrillé par les forces onusiennes et l’identification des victimes étaient en cours. «Le véhicule qui a explosé était un 4×4 peint aux couleurs du MOC (le Mécanisme opérationnel de coordination, Ndlr). Ce qui explique sans doute qu’il ait pu tromper la ‘vigilance’ de la garde à l’entrée du camp militaire», a indiqué l’adjoint au Maire. Après cette énième attaque, les populations locales sont remontées contre le gouvernement malien, accusé d’avoir abandonné leur cité. Car selon certains habitants de la cité des Askia, les autorités du Mali ont oublié les régions du nord depuis la crise de 2012, nous rapporte notre confrère de la radio Naata. En tout cas, cette attaque, la plus meurtrière dans la région de Gao, doit inciter nos plus hautes autorités à prendre à bras le corps la question de la sécurisation des régions nord de notre pays. Et pour ce faire, il faudra que l’on se consacre avec rigueur et détermination à la mise en application de l’accord d’Alger. Seule solution pour un retour définitif de la paix dans le septentrion malien.

Paul N’GUESSAN
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