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L’attentat au Mali dément l’optimisme français
Publié le vendredi 20 janvier 2017  |  la-croix.com
Arrivée
© AFP par STEPHANE DE SAKUTIN
Arrivée du Président de la France à Gao en marche du 27è Sommet Afrique France
Arrivée du Président de la République Française, François Hollande à Gao le Vendredi 13 Janvier 2017 en marche du 27è Sommet Afrique France qui se tient à Bamako.
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L’attaque djihadiste d’un camp militaire à Gao, mercredi 18 janvier, a fait 60 morts. Quatre jours plus tôt, François Hollande en visite se félicitait avec lyrisme de la situation au Mali.

Le 18 janvier, à Gao (Mali), après l’attaque terroriste.
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Le 18 janvier, à Gao (Mali), après l’attaque terroriste. / STRINGER/AFP

Décidément, les faits sont têtus. La guerre conduite au Mali contre le « terrorisme » s’embourbe et s’enlise comme en témoigne, une nouvelle fois, l’attentat de mercredi 18 janvier contre le camp militaire du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao, où sont cantonnés les groupes armés signataires de l’accord de paix de juin 2015.

Dans ce camp, les combattants appartenant à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) et ceux des groupes pro-gouvernementaux se préparaient pour des patrouilles mixtes. L’attaque a fait 60 victimes. Elle illustre combien la paix est loin d’être gagnée dans le nord du pays.

Un sanglant démenti

Revendiquée par le groupe terroriste Al-Mourabitoune, lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et mené par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar (donné pour mort, encore, en novembre 2016), cette opération est un sanglant démenti de l’optimisme de la diplomatie française et de ses partenaires africains sur la situation au Mali.

« Nous avons gagné cette guerre. Nous avons chassé les terroristes. Nous avons sécurisé le Nord », affirmait François Hollande le jeudi 19 septembre 2013, à Bamako, à l’occasion de la cérémonie d’investiture de son ami Ibrahim Boubacar Keita. « Le Mali a retrouvé son intégrité territoriale », déclarait-il encore samedi dernier à Gao même.

A LIRE : Ibrahim Boubacar Keïta, l’homme à poigne, élu président du Mali

À Bamako, dans ce qui devrait être son dernier discours sur l’Afrique, il s’auto-félicitait en jugeant que « la réconciliation avec les accords d’Alger est en cours ». Lyrique, il poursuivait comme en 2013 : « C’est une leçon que vous adressez à la communauté internationale » et aux « peuples martyrs » de Syrie, d’Irak ou de Libye : « Il y a de l’espoir, regardez vers le Mali ! »« J’ai confiance dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Il faut avoir confiance. Ça va marcher », disait aussi l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, à la veille de son départ, le 10 septembre 2016.

Un pays de plus en plus divisé

Las, le terrorisme ne recule pas au Mali. Contenu par les forces internationales, il se fragmente, à l’image de ce pays de plus en plus divisé. L’autorité de Bamako, loin de se renforcer sur l’ensemble du territoire, se désagrège peu à peu : non seulement dans les régions qui lui sont habituellement hostiles comme le grand nord, le nord-ouest et le nord-est, mais aussi désormais le centre. Et l’accord de paix, célébré si imprudemment par la communauté internationale, s’enfonce dans les sables du désert.

À l’extrême nord, Kidal échappe toujours à l’autorité du gouvernement et le processus de désarmement est au point mort. Pire, les critiques en incompétence, en corruption et en inefficacité, lancées contre les agents de l’État malien, ne cessent de se multiplier dans les zones libérées par la France et rendues à Bamako.

La déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali, est plus objective : « En l’absence d’autorité étatique et des arrangements intérimaires, le phénomène terroriste prend des proportions de plus en plus inquiétantes au nord et au centre du Mali », a ainsi déploré le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous. Et de lancer cet avertissement : « Si la situation sécuritaire continue à se détériorer ainsi, il n’y aura plus de paix à maintenir au Mali. »

Laurent Larcher
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