Un malheur s’abat sur l’Afrique voilà 77 ans. La situation économique peu enviable de 14 pays africains partageant le CFA, a précipité le destin de ces pays de l’UEMOA et de la CEMAC, dans un gouffre. La France est en partie responsable de ces chaos économiques et politiques, en complicité avec des dirigeants africains assoiffés de pouvoir.
14 pays africains sont tous plongés dans un malheur qui les ronge depuis 1939, plus exactement depuis la création de la zone Franc. Le 26 décembre 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, dans une France dont l’économie est dévastée, Paris cherche une bouffée d’oxygène. Charles de Gaulle décide d’instaurer le Franc des colonies françaises d’Afrique, CFA, à la suite de la signature des Accords de Bretton Woods par la France. En 1948, il est rebaptisé Franc de la Communauté française d’Afrique. En 1960, au moment des indépendances des pays africains, ex-colonies françaises, cette monnaie de servitude reste en place. Les matières premières de la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Burkina, le Mali etc., sont pillés grâce à la faiblesse du CFA par rapport au Franc français. Il prendra par la suite la dénomination de franc de la Communauté financière africaine. Ainsi L’UEMOA et la CEMAC, à travers un simple jeu de mots qui cache mal les ravages de la monnaie africaine, tente d’humaniser le pillage économique et monétaire de tout un continent par un seul pays, la France.
Les économies des pays africains ruinées
Fabriqué en France plus précisément à Pessac et Chamalières, un franc CFA équivaut à 0,0015 euro. Le Franc CFA et le Franc comorien sont les seules monnaies coloniales encore utilisées dans le monde. Échappant à tout contrôle des pays africains, le CFA procure au trésor français un contrôle total sur l’économie et la politique de 14 pays africains.
C’est bien le trésor public français qui garantit la convertibilité du CFA dans n’importe quelle autre devise. Le prix de ce deal est fatal pour les pays économies africaines qui devraient déposer 50 % de leurs réserves en France. En plus, le taux de parité entre le CFA et l’euro reste fixe, un euro vaut 655,957 CFA depuis 1999. Enfin, les transferts de capitaux sont libres et gratuits dans la zone franc.
Pourtant, les pays de l’UEMOA sont en tête du peloton des pays les plus pauvres au monde, avec moins d’un dollar par jour par habitant. Selon Kako NUBUKPO, ancien ministre togolais et directeur de la francophonie économique et numérique : « Le franc CFA pour l’agriculteur de la zone franc est un objet institutionnel non identifié parce qu’il ne voit pas l’argent circulé. Si vous faites un tour en Afrique en dehors des capitales, vous avez l’impression d’être dans des économies sans monnaie parce que cette monnaie est tellement forte qu’il n’y a pas de transactions dans les villages à partir du franc CFA. C’est dramatique dans la mesure où ces populations n’ont pas de compte bancaire, n’ont pas accès à la circulation monétaire formelle. Or ce CFA ne subsiste que grâce au travail de ces agriculteurs de l’exportation du café du cacao et du coton qui produisent ces matières premières. Malheureusement, il n’ont aucun retour en termes de services public, santé, d’éducation, d’infrastructures ».
« Les fluctuations du CFA ne sont pas liées aux évolutions conjoncturelles de la zone CFA mais sont liées aux évolutions conjoncturelles de la zone euro. Par exemple, sur les 5 dernières années, sur le coton, les pays africains producteurs ont perdu 40% de leur compétitivité à l’export. Ainsi pour maintenir les marges bénéficiaires les sociétés cotonnières sont obligées d’acheter la fibre de coton à un prix beaucoup plus bas, en s’ajustant donc sur les plus faibles c’est-à-dire les petits producteurs ruraux. »
Pourquoi les pays africains détiennent-ils autant de devises en France alors que ces sommes pourraient être utilisées pour financer des projets de développement ? C’est une servitude volontaire selon la réponse Kako NUBUKPO.
Un demi-siècle de chaos politiques et migratoires
Sans crédit à l’économie, sans croissance, point de création d’emplois en Afrique, et les questions migratoires ne trouveront pas de solutions. Il est temps d’arrêter le pillage économique du continent noir. Il est temps pour l’élite africaine et ses dirigeants d’avoir une vision de développement globale pour ces milliers de jeunes qui perdent la vie chaque année, ensevelis dans les profondeurs insondables d’une Méditerranée en colère. En 2015, plus de 5400 personnes sont mortes sur les routes de l’exil dans le monde, dont 3700 en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre les rives de l’Europe. Les raisons essentielles qui poussent ces jeunes africains à un voyage parfois sans retour, sont pour la plupart économiques. Croupissant dans une pauvreté indescriptible dans ses pays d’origine, la jeunesse africaine en a marre des chaos politiques qui se succèdent au même rythme que les régimes, à la tête des Etats. Comment convaincre un jeune malien de renoncer à son ultime voyage lorsque l’espoir du développement a tari à jamais dans son cœur ? Il y aura toujours des sans-papiers en Europe, tant que le CFA va subsister. Car en pillant les ressources naturelles des pays africains, la France incite les Africains à l’envahir par terre, mer et ciel. Tant que les présidents français soutiendront des dictateurs africains au pouvoir, le cycle de la malédiction, tel le mythe de Sisyphe, s’impose comme un châtiment.