« Nous sommes le Mali ». C’est le thème du grand rassemblement citoyen contre le terrorisme et pour la paix qui a réuni, le 21 janvier dernier, au Monument de la paix de Bamako, les responsables des partis politiques de l’opposition et de la majorité, de la société civile et les dignitaires religieux. Depuis l’accession du Président Ibrahim Boubacar Kéïta à la magistrature suprême, c’est la première fois que l’opposition et la majorité se donnent la main pour se mobiliser au chevet du Mali. Jusque là, toutes les tentatives pour instaurer un dialogue républicain se sont heurtées au mur des considérations partisanes. L’attentat à la voiture piégée du 18 janvier 2017 va-t-il servir de déclic à une réelle prise de conscience de la classe politique dans toute sa composante ? Ce grand rassemblement est-il une union sacrée de façade ? Difficile de répondre à ces interrogations.
C’est beau de voir les leaders de l’opposition et de la majorité ensemble, main dans la main. C’est encore réconfortant d’entendre qu’ils ont mis entre parenthèses leur rancœur, pour dénoncer le terrorisme et apporter leur soutien aux éléments des Forces armées de défense et de sécurité. Mais méfions-nous de cette union de façade qui ne tiendra que le temps du deuil. Et après, les hostilités reprendront de plus bel. Sans cadeau. L’image que l’élite politique affiche depuis le début de la crise n’est pas reluisante. Elle s’est discréditée aux yeux de la communauté internationale qui voit dans la désunion de l’élite politique et gouvernante une véritable opportunité pour faire sa volonté.
S’il y a quelque chose qui ne cesse de fragiliser le Mali depuis 2012, c’est bien la division des composantes de la nation qui mènent des querelles de clochers pour la défense des intérêts sordides. L’arrivée de la communauté internationale est essentiellement due au déchirement du peuple malien dont une partie cède aux chants de sirène des ennemis de la patrie qui rêvent de la dislocation de la République du Mali. «Quand le mur se fissure, le margouillat pénètre facilement », nous enseigne un adage. Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh ANNADIF, a répété à plusieurs reprises que la solution à la crise revient au peuple malien. « On ne peut pas faire la paix au Mali sans les maliens », insiste le diplomate tchadien en charge de la mission onusienne.
Contrairement aux discours que l’on ne cesse de nous servir à longueur de journée, le risque de partition du Mali existe bel et bien. « Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir », dit-on. Ouvrons les yeux. Prenons conscience de la gravité de la situation qui interpelle les maliens à s’unir autour de l’essentiel.
La solution à la crise malienne ne se trouve ni à Paris, ni à New York mais plutôt à Bamako. Elle ne se trouve pas entre les mains des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, mais entre les mains des Maliens. Ayons le courage d’inventer nos propres solutions à nos problèmes. Pas de questions taboues, y compris le dialogue avec les djihadistes.