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Axe Bamako-Tombouctou : Le calvaire des usagers
Publié le mardi 24 janvier 2017  |  Le challenger
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© aBamako.com par SA
Activités du premier ministre: Diango Cissoko rencontre les troupes nigérianes au Mali.
Mardi 09 avril 2013. Banamba. le premier ministre, Diango Cissoko s’est réjoui du bon climat qui règne entre les soldats nigérians et les populations de Banamba au cours d`une visite au contingent.
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Les usagers de l’axe Bamako-Tombouctou sont dans la tourmente. Entre inquiétude d’être braqués et dépouillés de tous leurs biens utiles par des bandits armés et, mauvais traitement des transporteurs, ils empruntent un trajet inconfortable dans des conditions alarmistes.

Un passager, rencontré à la gare routière de Niafunké, sous le couvert de l’anonymat, se souvient d’un de ses voyages récents. «Je suis commerçant. J’achète mes produits à Bamako. Les bus que nous empruntons sont comme des camions façonnés et leurs sièges sont étroits à tel point que les passagers se serrent. Ils tombent très souvent en panne et de façon successive sur la route, très généralement en pleine brousse où rien n’existe (ni eau, ni nourriture)», a-t-il affirmé. Selon notre interlocuteur, la majorité des passagers de ces bus façonnés se rappellent inéluctablement des semaines qu’ils passent en pleine brousse sans nourriture, ni eau et avec les poches vides. «Le mois dernier, en dépassant Nampala, notre car a eu une panne vers 13h, sous le chaud soleil, sans un seul arbuste où s’abriter. Le chauffeur nous a laissés dans le véhicule sous une forte chaleur pour tenter de le réparer, tout le monde transpirait. Très remontés, nous sommes sortis du car pour le regarder bouche bée, en train de tripatouiller le carburateur. Après 2 heures d’attente, un camion de transport de bagages nous a rejoints et a accepté de nous déposer à Léré. On était assis à l’arrière de ce camion, sans abri avec un vent poussiéreux qui nous balayait le visage. Arrivés à Léré, on a constaté que là également tout coûtait cher (poissons cuits ou grillés, viande, plat de riz, de 500 à 1000 FCFA). Nous avons passé plus de cinq jours à Léré. Nos sous étaient finis mais, grâce à l’esprit de solidarité légendaire que l’on retrouve partout au Mali, nous nous sommes entraidés pour permettre à certains d’entre nous de trouver de quoi manger. Après avoir vécu ce calvaire à Léré, nous avons été rejoints par le chauffeur de notre car, dépanné on ne sait comment, pour nous embarquer et continuer le voyage. Nous étions très inquiets pour nos bagages également. L’attitude du chauffeur m’a mis en colère parce qu’il ne communiquait pas avec les passagers», a-t-il martelé. Et d’ajouter qu’ils ont eu la chance d’arriver à destination sains et saufs sans braquage, sachant que les zones traversées sont très dangereuses.



Mahamoud, un autre passager, en provenance de Bamako, ne va pas par le dos de la cuillère quant à l’attitude de certains agents des postes de contrôle. «Le samedi 03 décembre 2016, on était dans un car qui était suivi d’un autre. Le premier était rentré en gare et le second dépassait le poste de contrôle de 200 m approximativement. Il était rempli de passagers qui avaient faim et soif avec des enfants tenaillés par la fatigue du trajet et la menace de plus 17 véhicules remplis d’hommes armés. Les militaires nous ont fait retourner à plus de 300 m de la ville de Niafunké pour y passer la nuit. Imaginez si les hommes armés dépassés revenaient nous trouver, ça aurait été un véritable carnage», a-t-il déploré.

Niafunké-Tonka : un motocycliste trouvé dans le coma

Si les populations se réjouissent du désenclavement en cours grâce à l’aménagement de la route Goma-Coura-Tombouctou, singulièrement la route goudronnée de Niafunké, Tonka, Goundam, Diré jusqu’à Tombouctou, certains n’échappent pas aux dangers. Ainsi, un jeune paysan de 25 ans, qui serait originaire de la fraction tamasheq Kambadoumbou, non loin de Tonka, a été retrouvé dans le coma. C’était le dimanche 13 novembre 2016 vers 10h, à 7 km de Tonka sur l’axe Niafunké-Tonka de la Route Nationale 33. Ils étaient deux motocyclistes en provenance de la foire hebdomadaire de Tonka. Après 7 km de route, le second motocycliste a perdu le contrôle dans un tournant et heurté un pilier sur la route. Il est resté couché, évanoui. Il a fallu l’arrivée d’un véhicule de foire pour lui venir à la rescousse en l’admettant au CSRéf de Niafunké où il a rendu l’âme quelques instants plus tard. Selon nos sources, il était parti déposer son grand frère à Yourmi pour la récolte. C’est au retour qu’il a fait l’accident, seul sur sa moto Sanili. D’après un témoin, le casque qu’il portait aurait épargné sa tête qui aurait dû être brisée en heurtant le pilier. Et d’ajouter que «probablement, il était en excès de vitesse en prenant le tournant, il n’a pas pu maîtriser la moto. Nous l’avons trouvé inerte sans une effusion de sang ».

Goundam-Tombouctou : la route de la ruine

Selon le Docteur Abba Touré dit Djadjé, les usagers de cet axe auraient connu un moment donné un véritable ouf de soulagement grâce au retour de la fluidité sur la route. Les transporteurs en commun ont bien profité de ce moment avec l’installation des check-points, pour se faire des recettes. «Depuis quelques mois, avec l’installation des check points et des postes de sécurité dans certaines zones stratégiques et l’arrestation des chefs des bandits, la situation s’est beaucoup améliorée. Il est heureux de constater que la fluidité de la circulation entre Goundam et Tombouctou suit son cours normal. Motos, camions, véhicules, tous circulent sans qu’on ait échos de braquages, contrairement aux mois précédents. La situation évolue favorablement. La sécurité des personnes et leurs biens revient petit à petit. Cela, grâce à la présence massive de l’armée et au fait qu’on a pu repérer, identifier et arrêter certains responsables de bandits armés. Sincèrement, il y a eu une nette amélioration de la situation sécuritaire», a affirmé le docteur Abba Touré.

Pour M. Mahamane Abocar Maiga, ancien président du Conseil de Cercle de Goundam, l’insécurité persiste. «L’axe Tombouctou-Goundam est coupé malgré la présence des militaires. Ils n’ont pratiquement pas pu assurer la sécurité au niveau de cette route», a-t-il déploré.

Si le bitumage de cette route a suscité beaucoup d’engouement de la part des usagers, la parcourir est une aventure. Cet axe redevient de plus en plus impraticable ces derniers temps. On est passé de l’accalmie à un véritable terrain glissant de guet-apens. «Dans le Cercle de Goundam, il y a toujours l’insécurité résiduelle qui ne tient en réalité, ni aux rebelles, ni aux djihadistes mais à des groupes de bandits bien souvent armés qui braquent les gens», regrette M. Touré.

Selon nos sources, les points chauds inquiétant les usagers seraient Zin-Zin, Tin-Tellout, le secteur d’Acharane, car ni les piétons, ni les motocyclistes, encore moins les transporteurs en commun ou les véhicules de services ou d’ONG, ne sont épargnés a fortiori les convois militaires qui font souvent l’objet d’attaques par des hommes armés non identifiés. Les nombreuses rondes quotidiennes des hélicoptères de la MINUSMA en provenance de Tombouctou ne les empêchent pas de s’adonner à leur sport favori de tuer ou de dépouiller les paisibles citoyens. «Avant, ils braquaient seulement les passagers et les dépouillaient de leurs appareils, argent et autres biens utiles avant de les laisser partir. Mais maintenant, ils sont devenus plus virulents car ils tirent directement sur les passagers, faisant des morts et des blessés. Notre vie est liée au voyage. Donc nous ne pouvons pas rester les bras croisés car il y va de notre survie. Quelqu’un vient tout bonnement te dépouiller des biens que tu as peiné à acquérir !», nous confie un passager sous couvert d’anonymat.

Malgré ces tragédies et risques, les populations vaquent à leurs occupations, même dans les zones rurales où les nouveaux maîtres des lieux font régner leur loi. « Chez nous, au village à Fatakara, nous sommes obligés de leur payer 1000 FCFA par maison toutes les fins du mois. Ils nous ont rassurés de sécuriser le village. Nous n’avons aucun problème avec eux pour le moment. Mais dans les environs, d’autres ne savent plus sur quel pied danser ni à quel saint se vouer car ils vivent le martyre : réquisition de biens matériels, de bétail et de motos et même des bastonnades souvent», nous relate un vieillard, venu à la foire hebdomadaire de Goundam-ville sous couvert d’anonymat.

Aucun axe n’est épargné des braquages fréquents et consécutifs. Les populations déterminées, malgré la psychose et la panique ainsi que les nouvelles des attaques sporadiques ça et là dans le pays, ne perdent pas espoir. Un espoir berné pour les uns et embaumé pour les autres !

A.M.Bangou* dit ECRIVAIN, de retour de Tombouctou*
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