Mauvaise volonté ou difficultés financières à tenir ses engagements ? Difficile de répondre à cette interrogation à moins d’être un alchimiste ou ‘’joueur de cauris’’ pour savoir si c’est l’une ou l’autre. Car, aucune entreprise fut-elle de communication n’acceptera de divulguer ces genres d’informations aussi sensibles sur sa trésorerie. Toutefois, il nous est revenu que le Président Directeur Général d’Africable Télévision, la chaîne panafricaine, Ismaël Sidibé dit Nayo pour les intimes, serait à couteaux tirés avec son bailleur. C’est-à-dire le propriétaire de l’immeuble qui loge le siège de la première télévision privée du Mali située au bord du cours d’eau qui sépare Daoudabougou de la Cité Unicef en face l’avenue OUA. Le premier (un ancien haut gradé de des Douanes maliennes à la retraite, dont nous tairons volontiers le nom ici) reproche au second son incapacité à tenir sa promesse depuis des mois.
Rappel des faits
Selon nos sources, les deux partenaires avaient conclu en 2002 un contrat de location pour abriter le siège de la télévision, notamment les studios de production et de diffusion, son administration, etc. Mais, depuis cette date jusqu’à ce jour, le promoteur éprouverait toujours des difficultés à rentrer en possession de ses dus. Mais, les vraies difficultés sont apparues en 2008, quand l’administration de la télévision a été incapable d’honorer ses engagements pendant six à huit mois. A cette occasion, le bailleur a naturellement commencé à s’inquiéter, ce qu’il n’a pas manqué de faire savoir à son client par une décision de justice, suite à une plainte déposée en bonne et due forme auprès du Tribunal du Commerce où il a été condamné à payer le principal et les dommages et intérêts que le préjudice a pu causer au tiers.
Le PDG d’Africable Television a payé effectivement le principal, mais il a refusé de payer les dommages et intérêts. Dès lors, le propriétaire lui a demandé de quitter le bâtiment. Mais, en homme très rusé, il a vite fait de porter l’affaire dans la famille en faisant intervenir en ses faveurs tous les siens qui puissent avoir une quelconque influence sur son bailleur, pour le faire revenir sur sa décision de rupture de contrat. Comme argument avancé pour convaincre son interlocuteur, il lui miroitait un projet de construction d’un nouveau siège pour loger sa télévision sur la colline de Koulouba. Puisqu’on est en Afrique, le bailleur ne pouvant autrement, s’est plié aux injonctions sociales. Les deux partenaires ont continué dans cette logique jusqu’à maintenant. Mais, la réalisation du fameux projet est régulièrement reportée, et ‘’Nayo’’ a fait semblant également de prélever de son propre chef les impôts qu’il doit au fisc sur les frais de location qu’il doit payer au propriétaire de l’immeuble pour régler la facture des Impôts dans le dos de son bailleur. Alors qu’en réalité, il ne les versait pas non plus. Cette autre facture allait également crescendo. Et lorsque le bailleur a découvert le manège, il aurait attiré l’attention des services des impôts sur cette pratique. Lesquels n’ont rien fait non plus pour mettre fin à la pratique. Au point que l’immeuble à travers son locataire, Ismaël Sidibé devrait aux services des Impôts plusieurs millions, d’aucun parlent d’environs 17 millions de nos francs.
Selon nos sources, Africable télévision doit verser à son bailleur 29 millions FCFA. N’arrivant pas à tenir ses engagements, le propriétaire se verrait dans l’obligation de retourner devant les juges commerciaux pour se faire payer et obtenir son expulsion de son immeuble. Qui n’est pas une œuvre de charité mais lucrative. C’est pour rallonger les fins de mois pendant sa retraite. Mais, aux dernières nouvelles, le Tribunal avait réussi à obtenir de lui un autre moratoire de paiement. C’est ainsi qu’un protocole d’entente avait été signé entre les deux, au terme duquel il s’était engagé à payer des échéances par mois. Mais, depuis la signature de ce document en juillet 2016, il n’a payé que deux échéances seulement. Après, on ne le voyait plus. Devant cette situation, le promoteur de l’immeuble s’est vu obligé d’aller prendre la justice à témoin une deuxième fois en demandant cette fois une décision d’expulsion avalisée par le Procureur de la République et avec instruction à la Garde Nationale pour régler le problème en priant Ismaël Sidibé d’évacuer purement et simplement le bâtiment s’il ne veut pas se faire taper sur les doigts. Mais, grande fut sa surprise de constater que les Gardes trainent les pieds dans l’exécution de cette décision de justice arguant qu’il faille attendre la fin du sommet Afrique-France. Par cette attitude, ils ont inutilement retardé un processus qui ne doit plus s’arrêter, à en croire notre interlocuteur. Selon lui, le sommet étant derrière nous, les Gardes se doivent de prendre leur responsabilité en mettant les affaires de Nayo dehors, nous dit le bailleur sous le couvert de l’anonymat. Ainsi, il avait été décidé qu’hier lundi 23 janvier 2017, la Garde devrait procéder à l’expulsion de l’équipe d’Ismaël Sidibé du bâtiment. Mais, une autre surprise, hier vers 10 heures, l’Huissier appelle le propriétaire pour lui dire que le procureur général a fait une opposition en écrivant au chef d’état-major de la Garde nationale pour ne pas exécuter la décision de justice, que son substitut avait déjà avalisée. Laissé pour compte, il a fait appel au droit de propriété, qui stipule que ‘’tout propriétaire immobilier a le droit de rentrer en possession du produit de son investissement’’. Si la Justice fait fi de ce droit au Mali, alors l’on ne saurait plus à qui se confier, a dit le bailleur le cœur serré.
« Si notre justice est défaillante, faudra-t-il qu’on s’adresse directement à Dieu pour se faire Justice ? », s’est-il interrogé. Avant d’ajouter qu’il s’agit pour lui de prendre le peuple à témoin pour le règlement de son affaire.