Le centre Senè d’étude stratégique sur le co-entreprenariat et le réseau «Joko Ni Maaya» n’étaient pas d’avis que le Mali abrite le 27ème sommet Afrique-France. Dr. Abdoulaye Niang, directeur exécutif du centre Senè, n’étant pas surpris de l’attentat contre le MOC à Gao, donne les raisons de cette attaque qu’il impute à la France.
Comment avez-vous vécu le 27ème sommet Afrique-France ?
Un sommet Afrique-France dans ce processus est un obstacle. On avait dit à travers les médias qu’il serait bon qu’Ibrahim Boubacar Kéita renonce à abriter le sommet. Naturellement, nos analyses, qui sont des solutions de rechange avec ce qui avait été décidé, dans la perception, nous sommes devenus des opposants. C’est notre fonction primaire de chercheurs qui dit qu’il faut supposer la crise. Et si elle vous tombe dessus, de trouver des solutions de rechange aux politiques existantes pour juguler les effets.
Nous avons pensé que le sommet Afrique-France pouvait être une occasion pour continuer avec la déstabilisation programmée d’IBK, qui a la charge de gérer l’Etat du Mali jusqu’en 2018. Mais l’analyse des tendances nous montre que la visite d’Etat du Mali à l’Etat de France s’est terminée par l’administration de la doctrine du choc de la journaliste canadienne Naomie Klein. C’est au cours de cette visite d’Etat que le monde entier a appris qu’IBK serait avec Michel Tommy de la mafia corse qui est poursuivi par la justice française. Et qu’IBK serait le symbole de la politique africaine de François Hollande. Mais sous le regard de la justice anti-corruption française. Nous avons donc dit qu’il faut éviter le choc au sommet de l’Etat que ce soit pendant ou après.
Est-ce que le terrible attentat contre le MOC à Gao vous a surpris ?
Comment la France qui a pu mobiliser dix mille agents de défense et de sécurité à Bamako et également maintenir les autres au nord sous bonne garde, et puis après, c’est le chaos ? Dans l’attaque, il ressort que la coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) a perdu plus d’hommes que les autres groupes. Cela remet en cause la confiance entre la Cma et Bamako. Les éléments de la Cma ont mis du temps pour accepter de venir et maintenant qu’ils sont là, c’est dans les cercueils qu’ils retournent. D’où le choc N°2 de la doctrine du choc de Naomie Klein. Les forces armées spéciales de la France qui aident les rebelles syriens et qui disent les combattre au Mali sont complices de cette attaque. Pendant que des voix se levaient pour dire que le Mali est devenu fréquentable, cette action est venue rappeler que la France ne va pas quitter aussitôt le Mali.
Quelles sont les conséquences de cette mésaventure ?
C’est le choc N°3 qui va ressortir les conséquences de cet attentat lors de la conférence d’entente nationale, qui va parler de l’Azawad. C’est certain que la France va pousser Ibrahim Boubacar Kéita à créer toutes les conditions pour que l’administration issue des régions du nord puisse dire qu’elle opte pour la théorie déclarative de l’Etat souverain de l’Azawad. Et la France va supporter avec les membres du conseil de sécurité des Nations-Unies, suivi par d’autres Etats. La communauté internationale va se dire qu’après 8 à 9 mois de négociation pour un accord, des choses qui auraient dû être faites immédiatement après la signature, 23 mois après, ne sont toujours pas possibles.
IBK, en ce moment, serait en rupture vis-à-vis de son serment devant Dieu et les hommes. Les gens se retourneraient contre lui parce qu’il aurait permis tout cela par son inaction et son refus de respecter la constitution et d’appliquer la loi N°04-051 portant organisation générale de la défense nationale. Une loi qui aurait dû réorganiser l’administration publique suivant un système stratégique de défense des nations. Le choc N°3 risque de faire partir IBK, un an avant la fin de son mandat. Nous, le centre Senè d’étude stratégique et le réseau «Joko ni Maaya», ne voulons pas que ce soit Hollande qui nous donne un président et qui le prenne. Parce que le 8 mai 2013, lors d’un atelier sur l’extrême violence à Dakar, j’avais dit que si les élections avaient lieu selon l’injonction de Hollande, le Mali amènerait l’Afrique dans le chaos.
En résumé, comment le Mali peut-il résoudre cette équation ?
Je pense qu’il faut mutualiser les connaissances. Nous, nous avons le courage de partager nos recherches. Il faut que les gens viennent davantage chercher à mieux comprendre ce que nous disons par voie de presse ou sur les antennes. Nous écorchons les causes profondes de la crise et ce qui doit faire l’objet de la conférence d’entente nationale. Le président de la République doit être honnête avec lui-même. Il a promis que la conférence d’entende va réunir toutes les forces vives de la nation. Et que ce serait sur les causes profondes d’abord. Partant de là, le rôle de la France sera connu et nous pourrons déjouer le plan de François Hollande. Il nous faut préparer cette conférence pour qu’elle ne soit pas une occasion pour diviser le Mali. Nous, au réseau «Joko ni Maaya», nous offrons notre concours pour rendre cela possible. Ensemble, nous pouvons réussir le pari de la paix et de l’économie, et IBK pourrait avoir le prix Nobel de la paix.