Selon des sources sécuritaires algériennes, Sophie Pétronin, la ressortissante française kidnappée le 24 décembre à Gao, au nord du Mali, a été enlevée par un groupe armé d'Arabes du nord du Mali.
Selon des sources sécuritaires algériennes, Sophie Pétronin, l'humanitaire franco-suisse enlevée la veille de Noël à Gao, a été la cible d'un groupe armé d'Arabes du nord du Mali. «Il s'agit de malfaiteurs comme il y en a plein dans cette région du Sahel, poursuit notre interlocuteur. Si jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de revendication, c'est d'une part parce qu'al-Mourabitoune menait des négociations pour récupérer l'otage et d'autre part parce que des membres de la tribu arabe des Amhar essayaient d'empêcher le transfert.»
Al-Mourabitoune, fondé et dirigé par Mokhtar Belmokhtar, est affilié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Mais Mokhtar Belmokhtar, que les services de renseignements de la région pensent caché dans le sud de la Libye, ne pouvant pas téléguider une telle opération, les discussions seraient menées par Sultan Ould Bady.
Ce Malien, lui aussi de la tribu des Amhar, est un des fondateurs du Mouvement pour l'unicité du djihad en Afrique de l'ouest (Mujao) avec Abou Walid al-Sahraoui. Les deux hommes ont ensuite rejoint AQMI avant qu'Abou Walid al-Sahraoui fasse dissidence et rejoigne le groupe État islamique (EI).
«On ne sait pas exactement à l'heure actuelle si elle est passée aux mains d'al-Mourabitoune et on ne peut pas complètement exclure que l'otage soit passée chez al-Sahraoui mais cela semble peu probable car Gao n'est pas son territoire», poursuit notre source.
Quelques jours après son enlèvement, le procureur Boubacar Sidiki Samaké avait déclaré à Reuters que «selon les premières indications, elle avait certainement été enlevée par le groupe terroriste d'al-Mourabitoune».
Cette médecin spécialisée dans la malnutrition et les maladies tropicales, qui parle le tamacheq (langue touareg) et le songhaï, vit depuis de longues années à Gao où elle dirige l'ONG Aide à Gao, qui vient en aide aux enfants souffrant de malnutrition. En 2012, après avoir échappé de justesse à un rapt organisé par le Mouvement pour l'unicité du djihad en Afrique de l'ouest (Mujao), elle avait raconté au Figaro son exfiltration avec l'aide des rebelles Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
«On attend la première preuve de vie», a lancé son fils Sébastien Pétronin en guise de SOS ce lundi sur TV5 Monde. Il s'est aussi montré inquiet pour sa santé. «Si elle est au fond d'une cave et qu'on ne lui donne pas d'eau minérale et de nourriture ‘'européenne'', sa santé peut vite se dégrader. Même si elle est en bonne santé, coriace et croyante, on se fait beaucoup de souci.»
Il a enfin voulu lui passer un message: «On est avec toi, on continue de penser que ce que tu as fait, c'était bien. Accroche-toi, on va sortir de là tous ensemble.»