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Baba Akhib Haïdara, président de la Commission préparatoire de la Conférence d’entente nationale : « L’Inclusivité est un impératif incontournable »
Publié le mercredi 25 janvier 2017  |  L’Essor
Moussa
© aBamako.com par A.S
Moussa Mara préside l’ouverture de la 19è session de l’Espace d’interpellation démocratique (EID)
Bamako, le 10 décembre 2014. Le Premier ministre Moussa Mara qui a présidé l’ouverture de la 19è session de l’Espace d’interpellation démocratique au Centre international de conférences de Bamako.
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L’équipe chargée de l’organisation de l’événement est en train de travailler d’arrache-pied pour que la rencontre puisse se tenir au mois de mars comme l’a indiqué le chef de l’Etat dans son message à la Nation à l’occasion du nouvel an.



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Dans cette interview, Baba AkhibHaïdara souligne les enjeux de cette rencontre à laquelle sont attendus les représentants de toutes les composantes de la Nation

Dans son adresse à la nation à l’occasion du Nouvel an, le président de la République a annoncé la tenue de la Conférence d’entente nationale dans les tout prochains mois. Vous êtes le président de la Commission préparatoire de cet événement important. Pouvez-vous en expliciter les objectifs ?

Baba AkhibHaïdara : Il faut tout d’abord rappeler que l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé entre les parties maliennes en 2015, prévoit l’instauration d’une période intérimaire, au cours de laquelle seront prises des initiatives qui faciliteront le retour de l’apaisement dans notre pays après la terrible crise que nous avons connue. Parmi les actions préconisées figure l’organisation d’une Conférence d’entente nationale. Celle-ci enregistrera «une représentation équitable des parties» impliquées dans la crise au nord du Mali, en vue de permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit. La conférence devra notamment produire une Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation. Celle-ci sera élaborée sur une base consensuelle et prendra en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique de la crise malienne. Elle scellera l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali. Voilà ce que dit l’Accord. Les objectifs de la conférence sont donc des plus clairs.

Les récents événements à Gao vont-ils influer sur ces objectifs ?

Baba AkhibHaïdara : Ce qui s’est passé à Gao rend leur atteinte primordiale.Je voudrais tout d’abord avoir une pensée pieuse pour nos fils qui ont perdu la vie dans cet attentat barbare et présenter mes condoléances aux familles éprouvées. Je voudrais aussi souhaiter prompt rétablissement aux blessés. Ce qui s’est passé dans la capitale des Askia montre que les ennemis de la paix n’ont pas désarmé et qu’ils tentent une ultime escalade. La réponse du peuple à la barbarie doit impérativement concilier vigilance, solidarité et résilience. C’est cette réponse que la Conférence d’entente nationale va aider à fortifier. Je dois préciser que le président de la République, en me faisant l’honneur de me confier la préparation de la Conférence d’entente nationale, a tout particulièrement insisté sur le caractèreinclusif que doit avoir cette rencontre. Celle-ci doit être l’occasion pour toutes les composantes de la nation de se parler, en toute vérité, dans le respect mutuel, dans la sincérité et dans la courtoisie, comme cela est recommandé dans les meilleures traditions culturelles de notre pays.

Comment allez-vous atteindre cette inclusivité ?

Baba AkhibHaïdara : Nous pouvons atteindre cet objectif en faisant participer aux préparatifs, puis aux travaux, toutes les composantes de notre nation. Ces composantes comprennent tout naturellement les parties signataires de l’Accord. Mais aussi les jeunes, les femmes, la classe politique (majorité et opposition), les organisations de la société civile, les mouvements non signataires de l’Accord et qui par leur présence et leurs actions sur le terrain font maintenant partie de la problématique de la paix, et les institutions, les représentants des confessions religieuses, les autorités coutumières, les organisations professionnelles, les syndicats, les notabilités individuelles, les médias et les communicateurs traditionnels. Nous n’oublierons pas d’associer à la concertation les partenaires qui s’investissent à nos côtés.

L’importance des thématiques qui seront abordées et qui sont liées aux causes profondes de la crise, tout comme l’importance des solutions consensuelles qui devraient être élaborées font qu’il est indispensable de faire participer aux échanges toutes les sensibilités sociales, toutes les forces vives qui ont à cœur un meilleur devenir de notre pays. En effet, quand les Maliens se parlent entre eux, parlent ensemble des questions de leur existence et de leur avenir, ils se comprennent, et c’est l’âme du pays qui s’exprime. Nous avons donc le devoir de tout faire pour que la Conférence d’entente nationale soit l’espace de dialogue que s’offrent les Maliennes et les Maliens pour dissiper les malentendus et les incompréhensions liés aux causes profondes de la crise.

Ce seront donc des enjeux très élevés qui vont caractériser la Conférence d’entente nationale ?

Baba AkhibHaïdara : Incontestablement. La Conférence d’entente nationale est porteuse tout à la fois de grandes espérances et d’objectifs ambitieux pour tous les fils et les filles de notre pays. Les participants auront l’occasion d’aborder, sans tabou, les thématiques de la crise qui a touché notre nation dans son âme, de formuler en toute lucidité des pistes de solutions et d’aboutir à des consensus pour garantir notre devenir commun. A mon avis, et en me référant à l’actualité que nous vivons, la Conférence d’entente nationale représente sans aucun doute une grande opportunité pour endiguer le scepticisme quasi général entourant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et relancer la dynamique de l’apaisement et de la stabilité.

La Conférence d’entente nationale offre une réelle possibilité de diagnostiquer les entraves à la mise en œuvre de l’Accord et constitue une opportunité pour le peuple malien de baliser une sortie de crise après avoir débattu de ses causes profondes. Enfin, la Conférence d’entente nationale est le moyen pour nous Maliens de valoriser davantage la réhabilitation des éléments basiques de notre vivre ensemble, à savoir la cohésion sociale, la cohabitation harmonieuse et l’entraide entre les communautés.

Le président de la République a indiqué quela Conférence se tiendrait en mars 2017. Est-ce que ce délai vous permettra d’organiser un événement véritablement inclusif ?

Baba AkhibHaïdara : Ce n’est pas une question que je me pose aujourd’hui. La commission préparatoire travaille pour que soit tenu le calendrier indiqué par le président de la République. Je voudrais vous assurer déjà que nous sommes à pied d’œuvre pour relever le défi d’une organisation réussie. Les groupes techniques de travail sont constitués et fonctionnent. Nous aurons recours également à des personnalités connues pour leur expertise ou leur expérience. J’ai entamé mes prises de contact et me suis également entretenu avec des participants potentiels. J’ai établi un calendrier de consultations avec des groupes cibles et des individualités, dont l’exécution est en cours et durera jusqu’à mi-février 2017. Nous avons déjà une bonne cadence de travail. Mais je tiens à vous le dire : l’impératif de l’inclusivité ne sera pas sacrifié à la nécessité d’avancer vite et bien.

Propos recueillis
par M. KEITA

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