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Magistrature malienne: La corruption frôle la gangrène
Publié le jeudi 26 janvier 2017  |  Nouveau Réveil
Rentrée
© aBamako.com par A S
Rentrée des cours et tribunaux 2015-2016
La rentrée solennelle des cours et tribunaux a eu lieu le 26 Novembre 2015 au CICB en présence du Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA
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La justice malienne est pourrie. Pourrie par la corruption et gangrenée par une « magistrature, indépendante de tout, sauf de l’argent sale ». Et à l’image des juges malhonnêtes, la magistrature malienne n’a pas fini de se faire une mauvaise renommée. Chaque jour qui passe, des citoyens se plaignent de certaines brebis galeuses du pouvoir judiciaire qui doit-être, en principe, l’un des piliers de la démocratie, parce qu’il est censé dire le Droit, défendre et distribuer une justice égale pour tous. Sans discrimination aucune. En clair, la magistrature malienne peut être peinte en si peu de mots et en trop de maux : corruption et mépris pour les justiciables. Un malaise ressenti par les uns, vécu par les autres.
« La justice malienne est indépendante de tout, sauf de l’argent sale ».
Lancée, par l’ex ministre de la Justice, Me Fanta Sylla, et bâtonnier de l’Ordre des Avocats à l’époque, cette boutade a retenti comme un tonnerre dans le ciel bleu de la magistrature. C’était, à l’occasion de la rentrée judiciaire de l’année 2004.
Treize ans après, les choses n’ont pas bougé d’un iota. Bien au contraire. De funeste mémoire, jamais la magistrature n’a été discréditée. Les libertés provisoires sont vendues, au nez et à la barbe de tous, au plus offrant. Pendant que des voleurs de poule croupissent en prison –et dans l’anonymat le plus total, les fossoyeurs du dénier public se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles. Ou à l’ombre des forteresses, la main sous les soutien-gorges. Résultat : tout est devenu normal dans notre pays. Le vol du dénier publique est devenu un sport favori pour la santé. Même les plus grands vices sont banalisés. Le Droit n’est plus droit au sein de la justice, mais dicté selon la tête du client. Pendant que des innocents meurent en prison, des criminels réputés pleins aux « AS », sont à l’air libre ; et drapés dans leur Bazin, brodé de la tête aux pieds, en narguant le « bas peuple ».
L’affaire dite de « l’APEJ », qui a dépouillé le Trésor Public de 5,45 milliards CFA, en est la parfaite illustration. Les prévenus, réputés riches, s’en sont sortis avec sursis. Les protestations qui s’en sont suivies –celles du Chef de l’État en premier lieu –ont fini par s’émousser. Depuis, plus rien. Motus et bouche cousue. Mieux, où en est-on aujourd’hui, avec le rapport du Vérificateur Général ? Et l’affaire dite de «l’engrais frelaté » ? Autant de dossiers étouffés dans l’œuf.
Bref, tout se passe au sein de la magistrature malienne, selon la célèbre fable de Jean de la Fontaine : selon que vous soyez puissant ou misérable, le jugement des cours vous rendra blanc ou noir.
L’espoir, suscité par l’arrivée du ministre, Me Mamadou Ismaël Konaté, à la tête de la Justice a fait place au désespoir. Succession d’espoirs avortés, banalisation des plus grands vices. Aux larmes, pauvres justiciables.
Pourtant, tout a été mis en œuvre par le PRODJ, afin que le Droit soit dit par les magistrats : leurs salaires ont été multipliés par deux. Ou presque. Avec à la clé, des indemnités princières. Mieux, les cours et tribunaux ont été dotés d’infrastructures d’accueil décentes. Sans compter les milliards de nos francs, investis dans l’informatisation des tribunaux. Mais pour quel résultat ? Une fois installés, dans ces bâtiments flambant neuf, c’est la déchéance.
Juger les juges
La société elle-même, du fait de la cupidité des juges, peut se trouver bouleversée. Quand la force du pouvoir judiciaire se retourne constamment, de manière systématique, injuste, contre les citoyens, il se produit, au sein de ces derniers, c’est-à-dire du peuple, un immense sentiment d’injustice, de frustration, enfin un ardent désir de vengeance contre ses oppresseurs, les corrompus et les corrupteurs.
Comment peuvent-ils accepter de comprendre que ceux censés défendre la loi en appliquant la justice, soient ceux-là mêmes qui s’adonnent à un affairisme de mauvais aloi, devenant, comme les bandits qu’ils défendent, les pires ennemis de la société ?
Au lieu que les mauvaises graines de la corruption des magistrats, qui jettent l’opprobre sur elle pour leurs décisions scandaleuses et iniques, soient dénoncées et rapidement annihilées, elles sont au contraire protégées par la loi du silence. Une sorte d’omerta digne des bandits de grand chemin siciliens. Une mesure de sauvegarde et de protection à l’efficacité redoutable. Dans le meilleur des cas, le juge ou le procureur fautif n’est nullement inquiété. Il a le plein loisir de continuer à exercer ses activités, hautement, délictuelles sur le dos des justiciables, pour le grand malheur de l’équité et de la morale essentielle à la pérennité de la société malienne et aux activités des différentes communautés. Dans le pire des cas, le magistrat ripou se trouve affecté ailleurs, loin des feux de la rampe, des regards et des oreilles indiscrets, pour continuer ses petites affaires et ses connivences au profit des puissants et des plus offrants.
La problématique de la corruption ne se trouve ni dans la minorité ni la majorité du phénomène dans l’appareil judiciaire. Un juge corrompu décide toujours en toute impunité au mépris des lois. En absence de clause de conscience, l’essentiel de son pouvoir de magistrat réside dans le pouvoir financier des justiciables. Les citoyens riches sont presque sûrs de gagner le procès. Pourquoi alors confier son sort à une justice où certains juges jouent aux dealers ?
Ce qu’il faut craindre devant cette foire aux larrons, c’est un ras-le-bol généralisé de ceux qui ont été lésés, la perte de patience de ceux très peu nombreux, qui font encore un peu confiance en la justice malienne, dont toutes les étapes, procédures et instances semblent gangrenées par le mal. Du tribunal de première instance à la Cour suprême, en passant par la Cour d’Appel. Les jugements scandaleux sont légions, qui interpellent ces tribunaux. Qui a dit qu’une seconde révolution comme celui du 26 mars 91 sera provoquée au Mali, par les effets dévastateurs de la corruption des juges ?
Mariam Konaré
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