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Sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger pour la paix : Le point de vue de Mamadou Ben Chérif Diabaté, expert en justice transitionnelle
Publié le jeudi 26 janvier 2017  |  La lettre du Mali
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La mise en application de l’accord d’Alger n’entrave-t-elle pas le travail de la commission vérité justice réconciliation (CVJR) ?
Les antennes régionales s’ouvrent. Considérées comme une des vitrines de la réconciliation nationale, gage de paix, les démembrements de la CVJR sont en train d’être installés et fonctionnels à l’intérieur du pays pour plus d’efficacité et de rapprochement aux ayant droits.

L’installation des antennes de la CVJR qui a débuté le jeudi 1er décembre 2016, ouvre la perspective de voir rapidement se mettre en place la justice transitionnelle au Mali et marque le début d’une réelle campagne de conciliation entre les protagonistes du conflit socio sécuritaire qui secoue le pays depuis 2012.Il est à noter que ces antennes délocalisées constituent une forte expression des hautes autorités, soucieuses de rapprocher les services judiciaires aux usagers. Pour faire valoir ses droits, l’usager se rend à une des antennes régionales de la CVJR dont les portes sont ouvertes depuis début décembre dans toutes les régions sauf Kidal ou il est reporté à une date ultérieure. Des milliers de victimes de violences ou d’exactions ont d’ores et déjà été recensées et les prochaines étapes du processus permettront de les écouter et de déterminer la meilleure suite à donner à leur cas.

Le secrétaire général des nations unies, dans son rapport sur la situation au Mali produit le 30 décembre 2016, a demandé au gouvernement à mettre en service au plus vite les bureaux régionaux restants, notamment à Kidal et à y dépêcher des fonctionnaires afin qu'ils puissent facilement rencontrer les victimes. En attendant, les maliens regardent du côté de l’ONU qui se tient prête à contribuer aux travaux de la commission vérité, justice et réconciliation ainsi qu’à l’établissement d’une commission internationale d’enquête sur les atteintes et les violations des droits de l’homme commises entre autres par les acteurs étatiques, les groupes armés et les groupes extrémistes.

Le passage en force de la loi sur les autorités intérimaires, le piétinement par le gouvernement de la loi à peine votée, la gestion chaotique de la crise du nord ont provoqué l’indignation et la colère légitime du peuple malien en général, des populations des régions du nord en particulier. La flambé de la violence le 12 juillet 2016 à Gao, la monté de la tension à Kidal, l’insécurité rampante en cinquième région, la multiplication des attaques djihadistes contre les forces armées malienne et les populations civiles sont des signes patents qui rendent difficile la mise en application de l’accord d’Alger pour la paix et qui entravent le travail de la commission vérité justice et réconciliation (CVJR).

La signature de l’accord d’Alger pour la paix ne devrait nullement occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et le centre du pays dont la résolution requiert le nécessaire dialogue entre les différentes composantes de la nation. L’immense campagne de sensibilisation organisée par le gouvernement autour de l’accord d’Alger pour la paix, n’a eu aucun effet bénéfique pour le pays. Bien au contraire, on assiste impuissant à une recrudescence de la violence avec son cortège d’attaques meurtrières contre les forces armées du Mali, les forces de la MINUSMA et les populations civiles au nord et au centre du pays.

Les principales dispositions de l’accord n’ont pas été appliquées, notamment celles concernant la mise en place d’autorités intérimaires et l’organisation de patrouilles mixtes et les combats ont repris entre la coordination des mouvements de l’AZAWAD (CMA) et la coalition des groupes armés plateforme. Entre temps de nouveaux groupes armés ont demandé à faire partie des arrangements institutionnels et sécuritaires intérimaires.
Tous les acteurs qui interviennent dans la résolution de la crise du Mali sont unanimes à constater que l’application de l’accord piétine dangereusement. L’attentat meurtrier à la voiture piégée du mercredi 18 janvier 2017 au camp du mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao qui a fait 77 morts et 115 blessés illustre d’avantage mes propos.

L’année 2017 s’annonce sur une note de désespoir et d’inquiétude pour l’ensemble du peuple malien quant à la difficile mise en application de l’accord d’Alger signé en juin 2015 ou les questions de défense et de sécurité occupent une place importante et prévoit l’opérationnalisation de la CVJR et du programme de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de réinsertion (DDRR).
MBD
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