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L’Essor N° 17380 du 26/2/2013

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Camp I de Gao : l’armée bivouaque dans des ruines
Publié le mercredi 27 fevrier 2013  |  L’Essor




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Les militaires vivent actuellement dans les conditions précaires dans des bâtiments complétement détruits, privés d’eau et d’électricité

Au cœur du Camp I de Gao basé à l’aéroport, presque plus rien n’est en état normal en ce moment. Les bâtiments administratifs, les dortoirs, les garages, l’infirmerie, l’école, tous ont été pillés et saccagés par les jihadistes qui ont occupé la ville pendant neuf mois. Après la libération de la ville avec l’appui des forces françaises, nos militaires ont retrouvé leur camp en ruines. La plupart des bâtiments n’ont plus de toit. D’après les informations que nous avons reçues, ces bâtiments ont été saccagés par les envahisseurs qui régnaient en maître dans la Cité des Askia.

En visitant vendredi le bâtiment abritant l’infirmerie, nous avons pu vérifier que tout avait été totalement détruit. Le médecin colonel Badani Dembélé et ses hommes qui effectuent les consultations sous un arbre, s’attachent à faire de leur mieux. Les soins sont administrés dans un petit bâtiment. Nous avons vu deux soldats blessés dans les derniers affrontements avec les islamistes. Ils étaient sous perfusion, couchés à même le sol. Mais le plus préoccupant dans ce camp, c’est le manque de médicaments dans la pharmacie de l’infirmerie. « On est toujours à court de médicaments pour soigner nos blessés. Souvent, on n’a même rien à leur donner comme calmant », témoigne un médecin militaire. Avec la guerre et la violence des combats à Gao, l’infirmerie du camp militaire joue pourtant un rôle vital car les blessés graves y reçoivent les premiers soins avant d’être transportés à Sévaré ou à Bamako. La pénurie alimente la rumeur et parfois un début de grogne.

N’ayant plus de dortoirs, les soldats du Camp I, avons-nous appris, passent la nuit à la belle étoile. Les rares bâtiments récupérables servent de bureaux. Ainsi le PC opérationnel de l’armée malienne dirigé par le colonel major Didier Dacko est logé dans un petit bâtiment. Dans le bureau du chef de la région militaire de Gao, deux nouveaux fauteuils venaient juste d’être installés. Les autres bureaux n’étant pas encore équipés, les gens s’assoient sur des bancs en bois.

Le Camp I de Gao est aussi confronté à un problème d’électricité et d’eau. Les installations électriques ayant été détruites avec les bâtiments, des efforts ont été fait pour brancher les bureaux sur un générateur récupéré après le départ des islamistes. Celui-ci ne fonctionne que pendant quelques heures dans la journée. Depuis dimanche, le courant est disponible du soir jusqu’au petit matin. Un officier que nous avons accompagné dans un tour des bâtiments a regretté la lenteur dans la réinstallation d’un minimum pour la vie dans ce camp. A défaut de réhabiliter tout de suite les bâtiments, le gouvernement, préconise-t-il, devrait envoyer des équipements permettant de faire le travail dans des conditions moins extrêmes.

Le chef de la région militaire de Gao, le colonel Mamadou Lamine dit Laurent Mariko, juge que tout est à refaire dans ce camp sur le long terme. « Le militaire est entrainé à travailler dans toutes les conditions. Pour le moment on travaille avec les moyens de bord et ça ne pose pas un grand problème. On s’adapte sachant qu’il y a des efforts en cours pour réhabiliter le camp. Plus on va vers la normalisation, il faudra que les choses se mettent en place avant le retour de nos familles », a-t-il indiqué. Cependant, l’officier supérieur reconnaît que des efforts suppléments doivent être fait rapidement pour préserver le moral d’hommes actuellement exposés aux attentats suicides et aux attaques des terroristes.

Les conditions de vie et de travail des soldats sont actuellement un grand sujet de conversation à Gao. Des militaires que nous avons interrogés mettent ainsi en cause la quantité mais aussi la qualité des aliments qu’on leur donne dans la journée. Ces soldats qui bénéficient d’une prime générale d’alimentation spéciale de 1200 Fcfa par jour, jugent cette somme insuffisante dans une Cité des Askia où la guerre fait flamber les prix.

Envoyés spéciaux

M. KEITA

A. SISSOKO

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