57.849 tonnes de riz sont disponibles cette semaine sur le territoire, soit plus d’un mois de consommation
C’est sous le bon signe de la stabilité des prix des produits céréaliers que les Bamakois entameront cette nouvelle année 2013. En effet, les prix des céréales avaient franchi l’année passée des seuils inquiétants. Une situation engendrée par la baisse des estimations d’offre liées aux conditions climatiques défavorables, la croissance de la demande. La crise sécuritaire et celle politico institutionnelle frappent notre pays depuis mars 2012. Les produits céréaliers ont subi tout au long de l’année 2012 une hausse jamais enregistrée dans notre pays. L’année 2013 s’annonçait compliquée pour les chefs de familles et pour l’économie nationale. Heureusement, la campagne agricole 2012-2013 s’est avérée bonne. La production a été excédentaire dans la plupart des grandes zones de production. Cette hausse de productivité a eu un impact réel sur la stabilité des prix des produits alimentaires. A Bamako comme dans les capitales régionales, les chefs de familles semblent soulagés en attendant les périodes de fortes demandes, tel que le Ramadan. Cependant à Bamako, les prix varient d’un quartier à l’autre et d’une commune à l’autre. Mais de façon générale, le prix du riz, du mil, du maïs, du sorgho, de l’arachide, du fonio, de la pomme de terre, de la patate et de l’oignon a baissé par rapport à l’année passée. Les statistiques fournies par la Direction nationale du commerce et de la concurrence, sur le niveau des stocks des produits de première nécessité sont formelles. Les prix des produits de première nécessité sont en baisse sur les marchés de gros et sur les marchés de consommation. Les stocks sont rassurants. En effet, selon les chiffres de la semaine, le stock de riz disponible sur le territoire est estimé à 57.849 tonnes soit plus d’un mois de consommation. Les prix évoluent en fonction de l’offre et de la demande, surtout dans les zones de production. Dans la zone de l’Office du Niger et de l’Office riz Ségou, les prix sur les marchés ruraux ont évolué entre 250 et 300 Fcfa. Sur les marchés de consommation de la capitale, les catégories de riz importé ont été vendues entre 350 à 450 Fcfa/kg, voire 500Fcfa/kg pour le riz parfumé importé. Comme le riz, les stocks de sucre sont également stables. Les stocks de sucre sur le territoire sont estimés à 27.422 tonnes soit près de deux mois de consommation nationale. Chez les grossistes, la tonne de sucre en gros est cédée entre 425.000 à 450.000 Fcfa soit 21.500 à 22.500 Fcfa le sac de 50kg. L’huile alimentaire constitue un autre motif de préoccupation des ménagères. Cette denrée est importée par quelques opérateurs économiques. Mais les stocks sur le territoire sont évalués à 2.108 tonnes. Cette quantité rassure et couvre près d’un mois. Ainsi, sur les marchés de la capitale, le prix de l’huile se situe entre 750 et 900 Fcfa/litre. Cependant, pour prendre la température du marché, nous avons fait le tour des marchés céréaliers de la capitale. A Niaréla, Bagadadji, Bananka-bougou, en passant par Niamakoro-Soukou jusqu’à Kalabankoro, les vendeurs sont unanimes : les prix des produits céréaliers sont stables. De façon générale, les prix sont inférieurs à ceux de l’année dernière. Mais il y a une certaine harmonisation de prix dans les différents marchés. Sur les aires de vente les commerçants discutent abondamment de la bonne campagne agricole et la poursuite normale des grandes importations. UNE RéUSSITE. Pour Djibril Traoré, commerçant de céréales à Bagadadji, l’année passée a été dure sur le plan alimentaire. Mais cette année avec la bonne pluviométrie, la campagne a été une réussite. « Dans les zones de production, les céréales sont vraiment abordables. Cependant, le problème de transport n’est pas résolu. En effet, après les attaques de Diabali par les jihadistes, les forces de sécurité ont fortement investi la zone de l’office du Niger. Plusieurs transporteurs refusent de fréquenter ces zones. Mais les prix sont stables. Le riz local Gambiaka est cédé entre 350 Fcfa et 425 Fcfa/kg. Le riz importé est vraiment abordable. Nous avons diverses qualités de riz importé et les prix se situent entre 325 Fcfa à 400 Fcfa/kg », commente le commerçant. Son collègue Adama Sanogo du marché de Banankabougou pense que le riz importé est sans doute la céréale la moins chère du marché. «Vraiment, nous devons féliciter nos importateurs. Le riz importé vendu actuellement sur le marché est de très bonne qualité et surtout moins onéreux. Ici, le kilo de riz importé est cédé entre 325 à 350 Fcfa contre 400 à 425 Fcfa/kg pour nos riz locaux », explique de commerçant. Il pense que la crise actuelle a ralenti les achats de riz dans les foires des zones de production, notamment, dans les zones de l’Office du Niger et de l’Office riz de Ségou. Les céréales sèches renchérissent. Cependant, si les produits d’importation connaissent une certaine stabilité de prix voire une baisse, cela n’est pas le cas des céréales sèches qui au contraire sont confrontées à un renchérissement. En effet, le mil, le sorgho et le maïs connaissent une hausse de prix aussi bien dans les zones de production que dans les marchés de la capitale. Il faut dire que ces trois céréales sont très consommées dans notre pays et une hausse de prix est donc directement ressentie durement dans les ménagés. Nous avons rencontré la ménagère Mme Rokia Diarra, au marché de Kalabancoura. Elle est littéralement bouleversée. « Je viens d’acheter un sac de 100 kg de mil à 33.000 Fcfa, cela est incompréhensible. Comment un mil produit chez nous, et au moment où on parle de production excédentaire peut être vendu plus cher que le riz importé. Les autorités doivent veiller à ce que les prix des céréales soient à la portée des citoyens surtout en cette période particulière », s’inquiète la ménagère. Face à cette situation, les commerçants de céréales ne manquent pas d’arguments. Ce renchérissement est engendré, selon certains, par la crise sécuritaire dans notre pays. D’autres en imputent la faute aux producteurs qui retiennent leurs stocks en attendant les périodes de forte demande. Le négociant de céréales, Moussa Sangaré, fait une analyse simple de la situation. Selon lui, la campagne céréalière a été excellente dans les zones de production. « Cependant notre pays fait face à une situation particulière. Les zones de productions record de céréales, notamment, les zones de Koro, Bankass, Macina, Diafarabé ont été directement frappées par la crise sécuritaire. Les zones de forte production de San, Koutiala, Sikasso font face à une affluence de parents déplacés du Nord. Mais, malgré tous ses problèmes les céréales restent abordables dans ces zones. La semaine dernière à Koro et Bankass, le kilogramme de mil était cédé entre 110 et 120 Fcfa/kg. Et dans la zone de Koutiala, le maïs a été vendu entre 115 et 125 Fcfa /kg. Le vrai problème souligne Moussa Sangaré, c’est celui du transport. Les infiltrations des Jihadistes dans les zones de Koro terrorisent les transporteurs. Ils refusent d’emprunter les corridors », indique le spécialiste. Les caractéristiques intrinsèques des marchés agricoles sont habituellement marquées par une élasticité de la demande, par des aléas naturels difficilement prévisibles et par les anticipations faiblement rationnelles des autorités. « La volatilité des prix agricoles est exacerbée par la libéralisation non régulée des échanges commerciaux agricoles. Aujourd’hui, même si le marché est inondé de céréales à cause de la liberté des prix, tout le monde vend aux prix qu’il désire, sans contrainte », soutient notre interlocuteur. Il ajoute que la régulation des marchés agricoles est plus que jamais primordiale face à la situation actuelle. Aujourd’hui, le prix au détail couramment pratiqué sur les céréales dans nos marchés a été de 250 à 300 Fcfa le kg pour le maïs, 225 à 250 Fcfa/kg pour le mil et le sorgho, 325 à 350 Fcfa/kg pour le maïs pilé, 300 à 325 Fcfa pour le mil et le sorgho pilés. Le niébé et le fonio ont été cédés entre 400 à 550 Fcfa le kg et l’arachide à 500 à 550 Fcfa le kg. Telle est la situation actuelle du marché des produits de premières nécessités. Elle diffère d’un produit à un autre et d’un marché à l’autre. Elle évolue également d’une semaine à l’autre selon les températures dans les foires des zones de production. De façon générale, le constat est que les produits importés affichent une certaine stabilité contrairement aux céréales locales qui connaissent une tendance haussière. Cependant, tous les acteurs sont unanimes sur le fait que la situation de guerre a ralenti les échanges dans plusieurs zones de grande production. Cela est certes vrai. Mais vu ce cafouillage qui prévaut dans le secteur céréalier, une remise en ordre est nécessaire.