La mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation tue plus que les épidémies et autres maladies. Si en 2016, on a enregistré une centaine de morts, l’année 2017 commence très mal, car, pour le seul mois de janvier, on décompte plus de 100 morts. 30 militaires maliens, 43 combattants du côté de la Plateforme, 37 de la Cma et 1 du côté de la Minusma.
Tout cela pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, pourrait-on dire, un document issu du processus d’Alger en 2015. Un document, selon plusieurs observateurs, qui risque d’être caduc parce que sa mise en œuvre se relève plus que difficile.
Si le gouvernement malien et les groupes signataires de ce document se réjouissent de la fin des hostilités entre l’armée malienne et les combattants des groupes armés, ces parties n’ont pu se mettre ensemble pour faire face à la réalité du terrain. Et c’est l’armée malienne qui fait les frais sur le terrain, car opposée à tous. Les Forces armées maliennes sont sur plusieurs fronts avec des moyens limités, et surtout dépourvues du vecteur aérien.
Des terroristes et jihadistes au centre du pays et au nord, des combattants des groupes armés qui se reconvertissent en bandits armés, s’attaquent aux positions des Fama à Tombouctou. Une situation qui ne laisse aucune place à la paix. Des forces étrangères invisibles, Barkhane et Minusma sont plus préoccupées par leur propre sécurité que celle des Maliens. Conséquence, à ce jour, ce sont l’armée malienne et la Plateforme, pour ne pas dire le Gatia, qui enregistrent les plus grosses pertes humaines et matérielles.
Les 111 morts de ce mois de janvier 2017 s’explique de la façon suivante sur le terrain. La première attaque de l’année 2017, c’était le 6 janvier 2017. Le check-point des Fama a été attaquée tôt le matin à Ansongo par des hommes armés non identifiés. Bilan : 1 militaire mort et 4 autres blessés. Dans la nuit du 10 au 11 janvier 2017, 5 soldats maliens ont perdu la vie suite à l’explosion d’une mine ; ces soldats ont trouvé la mort dans le cercle de Macina, une zone qui est dominée par les attaques du prédicateur invisible Amadou Kouffa. Suite à cette attaque, l’armée malienne a entrepris un vaste programme de déminage dans la région de Ségou.
Mercredi 18 janvier 2017 : attentat à Gao au Mécanisme opérationnel de coordination. Cette attaque kamikaze a fait un bilan provisoire de plus 77 morts, 50 corps étaient au niveau de l’hôpital régional de Gao, il y a eu 112 blessés dont 37 graves ; 8 ont été évacués à Bamako avec la délégation ministérielle. L’attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune. Une enquête est en cours pour situer les responsabilités. Selon nos sources, suite à cette attaque, les Fama ont perdu 18 soldats ; la Cma : 37, et la Plateforme : 29.
Le 19 janvier 2017 à Ségou : accrochage entre les Fama et des assaillants sur la route Niono-Dogofri en construction. Les assaillants ont tendu une embuscade aux Fama au niveau d’une carrière, il y a eu des échanges de tirs. Bilan : 3 morts (Fama), 3 blessés, un véhicule détruit par une explosion de mine, 2 véhicules emportés. L’attaque a eu lieu au niveau d’une carrière sur la route en construction.
Le samedi 21 janvier 2017 à Kidal : le poste du Gatia à Erharzigui (Tinassako) a été attaqué à 04h par la Cma. Bilan : 14 morts côté Gatia. Pourtant, il y a un ennemi commun qui s’était manifesté dangereusement le 18 janvier 2017 à Gao. La mission qui a attaqué le poste tôt le samedi matin est rentrée dans l’après-midi à Kidal où elle sera sécurisée par Barkhane et la Minusma. Comme si de rien n’était.
Un convoi de l’armée malienne a sauté sur une mine à Gao, c’était le samedi 22 janvier 2017. Bilan : 3 soldats maliens tués, 13 blessés. La toute dernière attaque, pour le moment, s’est passée le 23 janvier. Des obus ont été lancés contre le camp de la Minusma à Aguel’hoc. Bilan : un casque bleu tchadien tué, et des blessés.
L’accord pour la paix issu du processus d’Alger est à son 19 mois sans aucune application concrète. Si le Mali a un ennemi sinon des ennemis, c’est bien sûr les politiques françaises et les défenseurs de ces politiques, et la seule et l’unique solution demeure la concertation nationale et l’annulation de cet accord de perte de temps et de vies humaines. Le Mali ne peut plus continuer à souffrir alors que certains de ses partenaires profitent de la situation en fermant la ville et la région de Kidal aux Maliens, en composant tantôt avec les terroristes, tantôt avec les jihadistes.