Les Maliens vivent de nos jours, les conséquences fâcheuses du délaissement systématique du septentrion malien par nos différents chefs d’Etat. Il est plus facile de s’identifier à Modibo Keita que de l’imiter dans ses œuvres. Ses successeurs n’ont pas su préserver le caractère indivisible du territoire national. La réapparition des indépendantistes sous forme de groupes mieux armés ne fut pas surprenante. Contrairement à Modibo, les hautes autorités de la 2èmeet de la 3ème République, se laissèrent engluées en 1991, dans des accords pièges. Les indépendantistes mêlés à des narcotrafiquants de tout acabit ;à des terroristes ; à des réseaux mafieux, et à des barons de la drogue, mirent l’occasion à profit, pour s’enraciner profondément dans des espaces abandonnés par nos Forces armées. Ces maffiosi s’y livrent encore de nos jours, à des ventes d’alcool, de stupéfiants, de cigarettes, d’armes et de munitions, et de véhicules volés. Combien de fois, Moussa est allé en 23 ans en visite à Gao, à Tombouctou, à Kidal…? Alpha Oumar s’y est rendu combien de foisen10 années de présidence ? Amadou Toumani n’y était pas plus fréquent en 10 ans que ses prédécesseurs. Que dire d’Ibrahim, qui semble avoir la phobie du sable, de l’espace, et de l’insécurité ? A preuve, des soldats sont tombés à Nampala, à la porte du désert, leurs cérémonies funèbres eurent lieu à Ségou. Nos présidents ont semé du vent, c’est tout le Mali qui en récolté présentement la tempête. Moussa, Alpha, Amadou et également Ibrahim, eurent tort de céder à tous les caprices d’un groupuscule d’individus armés. Plus de 700 mille kilomètres carrés d’un Mali qui se voulait” un, et indivisible “, furent progressivement abandonnés à certaines tribus de l’Adrar, qui firent de Kidal, le fief des barons de la drogue.
Les Touaregs, Arabes, Maures, et quelques Sonraï égarés ont pris militairement, sur instigations de Nicolas Sarkozy, toutes les capitales régionales du Nord-Mali. La France, au vu et au su de l’ONU, de l’UE, de l’UA, de la CEDEAO…fit don d’une partie d’un Etat indépendant et souverain aux Iyad Ag Aghrali, Moussa Ag Assarid, des rebelles séparatistes. Et pour affaibli davantage les forces de frappe de notre pays,” notre amie ” la France, s’employa au Conseil de sécurité, à mettre le Mali sous embargo, pour qu’il n’ait pas accès aux matériels militaires, devant lui permettre d’assurer sa défense et sa sécurité. Nous n’avions pas compris l’impassibilité et le mutisme des institutions continentales et internationales par rapport au cynisme de Sarkozy. La politique africaine de la France fut fortement décriée du temps de Foccart. Elle l’est encore plus aujourd’hui, pour des raisons évidentes, dans presque toutes les anciennes possessions françaises. La France est mêlée au génocide Rwandais. Elle tua Kadhafi, chassa Gbagbo, incita les Touaregs indépendantistes à se soulever au Mali, et probablement au Niger…Une inimitié viscérale, née d’une altercation verbale, s’était établie entre Amadou Toumani et Nicolas Sarkozy, à propos des émigrés maliens. Amadou d’un ton ferme, rétorqua à une sollicitation incongrue du président français en ces termes : ” ” Je n’ai envoyé personne en France, et je ne ferai revenir personne … “. Le Mali n’était pas une succursale de la France pour qu’il accepte tout d’elle. C’est sur ces entrefaites que Sarkozy rassura les Iyad Ag Aghrali, Iyad Ag Intallah… de son soutien économique, financier, militaire, et diplomatique de la France, pour qu’ils occupent d’une part toutes les villes du Nord-Mali, et d’autre part pour retirer les Touaregs de l’armée Libyenne.
L’acquisition de l’Azawad était à ce prix. Hama Ag Mahmoud des Affaires extérieures de l’Azawad, édifia le monde sur cet accord tacite : ” La France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad “. Moussa Ag Acharatoumane dans le ” MONDE ” en déballa les détails : “… les militaires français nous doivent beaucoup. La DGSE effectua le parachutage de matériels pour quelques commandants de notre Mouvement. L’ambassadeur de France à Bamako, Giles Huber son était l’émissaire secret du Quai d’Orsay auprès du MNLA… “. Jean Yves le Drian, ministre français de la défense le confirmera plus tard : ” Il y eut des relations fonctionnelles avec le MNLA, au temps fort de la guerre… “.La France, pour des raisons évidentes est de nos jours, à l’image des “Grecs de l’antiquité qui, n’ayant pas la paix chez eux, prenaient la méditerranée pour la troubler chez les autres “.La paix au Mali, ne sera pas pour demain si je ne m’abuse. Car, hier comme aujourd’hui, les plus hautes autorités de ce pays, n’ont jamais disposé d’une diplomatie dynamique et agressive, qui ait cherché à convaincre l’opinion internationale, les institutions et organisations internationales, nos partenaires, de la légitimité des interventions militaires que nous serons appelés à engager éventuellement contre ceux qui continuent à assaillir notre pays, malgré l’accord d’Alger. L’intégrité territoriale du Mali doit être nécessairement un acquis avant le départ de Hollande. Cela nous évitera bien de désagréments. Quand Hama Ag Mahmoud, un ancien du MNLA dit : ” la France nous a abandonné “, nous avons de la peine à le croire. Si c’était le cas, le Mali aurait récupérer sans coup férir sa 8ème région depuis la restructuration et l’équipement des FAMA. La Coordination des mouvements de l’Azawad vit sans conteste sous le parapluie de l’Elysée qui se trouve appuyé sans conteste, par l’ONU, l’UE…(A suivre)
Par Moussa SANGARE – Professeur de Philo-Psycho-Pédagogie – Ancien Inspecteur d’Enseignement