A quatre mois de l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu pour le 7 juillet prochain, les leaders politiques peinent à redorer leur blason, tombés plus bas qu’ils sont. Surtout, au lendemain du putsch du 22 mars, qui a révélé leur seconde nature : celle d’hommes et de femmes plus préoccupés de leur bien –être personnel que celui des populations.
« Les évènements tragiques du 22 mars 2012 ont, au moins eu le mérite de nous révéler la vraie nature de nos hommes politiques, prêts à pactiser avec n’importe qui pour occuper un poste juteux ».
Les gestes hauts et forts, cet ex-fonctionnaire international et fin observateur de la scène politique nationale, ne prend pas de gant pour fustiger ce qu’il appelle « la putréfaction de la classe politique malienne ». Et son voisin, un instituteur à la retraite, d’ajouter dans un geste de colère : « Si j’étais à leur place, je me garderais bien de me présenter à l’élection présidentielle de juillet prochain. Mais comme le ridicule ne tue plus dans ce pays, les leaders politiques peuvent présenter leur candidature. Mais, une certitude quasi –absolue : aucun d’eux ne passera le premier tour du 7 juillet prochain ».
Ces deux analysent résument, pour l’essentiel, les convictions du peuple malien vis-à-vis de ses leaders politiques.
En effet, au lendemain du putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, la classe politique s’est « couchée », face contre terre. Non seulement, vis-à-vis des « nouveaux maîtres » du pays ; mais aussi, vis-à-vis des assaillants qui contrôlaient 2/3 du pays.
Réputés « sérieux », certains leaders politiques ont pris leur quartier au « camp Soundiata de Kati », dans l’espoir de se voir nommés, soit président de la République du gouvernement de transition. Soit, Premier ministre. D’autres, connus pour leur extrémisme, se sont montrés plus royalistes que les « nouveaux rois ». Grands chantres, du coup d’Etat militaire du 22 mars devant l’éternel, ils ne juraient que par le départ du Pr Dioncounda Traoré, président de la République par intérim. Mais surtout, l’organisation de concertations nationales, à l’issue desquelles entendaient se tailler des « postes sur mesure » dans les nouvelles instances de la transition.
Pendant ce temps, les populations du nord vivaient le martyr. Avec, à la clé, des lapidations à mort, des amputations de mains et de pieds, la privation des libertés les plus élémentaires.
Plus grave, alors que la 10 janvier, les jihadistes attaquaient la ville de Konna, des leaders politiques organisaient des marches à Bamako.
Avec un objectif inavoué : le renversement des institutions de la transition.
Et ce sont les mêmes –pro comme anti –putsch qui reviennent à la charge dans les starting –blocks de la présidentielle de juillet prochain.
« Les Maliens n’ont plus envie de confier la gestion du pays à ces hommes politiques qui, pendant 22 ans, ont saigné à blanc notre nation. Avant de l’abandonner dans la situation que nous connaissons », avertit le vieil instituteur.
Et son voisin, l’ex –fonctionnaire international de conclure : « Notre pays a besoin d’un président de la République à la réputation morale et intellectuelle établies, un président de la République patriote, qui n’est issu d’aucun parti politique. C’est lui seul qui peut sortir notre pays de cette impasse ».