Face à la situation de terreur que vivent les populations du Nord, la campagne agricole de cette année est menacée à Diré, un cercle réputé dans la bléiculture. Les populations ne savent plus où donner de la tête.
Qu’elles soient sous occupation ou touchées par les conséquences de l’occupation d’un chef-lieu, les élus à la base du Nord s’inquiètent pour leurs populations. L’hivernage s’installe, la population gagnée par une psychose considérable, craint d’engager la campagne agricole de peur des bandits armés.
A Diré, témoigne le maire Kalil Ibrahima Touré, les populations sont à bout parce que la situation actuelle est très dure. « Les populations ne savent plus à quoi s’en tenir. Les occupants de la zone leur imposent chaque jour de nouvelles attitudes« . Malgré tout, continue-t-il, la population s’accommode de cela. Mais le problème le plus important
aujourd’hui pour le cercle de Diré, c’est de pouvoir faire la campagne agricole.
« Le gouvernement n’a encore pris aucune disposition pour la campagne agricole. Les commerçants ne sont plus disposés à acheminer les intrants vers les populations, à cause de l’insécurité. Les populations elles-mêmes craignent de cultiver et que les bandits ne les dépossèdent de leurs récoltes. Sans une bonne campagne agricole, la crise alimentaire ne fera qu’aggraver la situation« , s’inquiète le maire Touré.
Aujourd’hui, dit-il, les populations ne souhaitent que la sécurité. « Avec des témoignages d’humiliation tous les jours, les gens risquent d’arriver à une confrontation ethnique« , craint le maire. Et de s’indigner qu’à Bamako on ne voit toujours pas les prémices d’une sortie de crise.
Le maire de M’Bouna, Aboubacrine Amirou Traoré, explique que bien que sa commune n’ait encore été la cible des bandits, la situation est partout la même dans les villes du Nord. Les populations ont peur. Il souligne qu’aucune goutte d’eau n’est encore tombée dans le lac Faguibine, mais que les gens cultivent néanmoins. Compte tenu de la situation de crise, il craint qu’il y ait plus de problème que d’habitude par rapport à l’acheminement des engrais. Pour l’heure, la campagne agricole n’a pas encore débuté à M’Bouna, situé à une cinquantaine de kilomètres de Goundam.
M. Traoré explique qu’à Goundam, où il se trouve présentement. « Les bâtiments administratifs, ceux des ONG et banques ne sont plus fonctionnels. Les archives de ces établissements sont jetées à même le sol dans les rues. Ces bâtiments sont soit en ruines, soit occupés par des hommes armés« , constate-t-il.
Petite lueur d’espoir
Et d’ajouter que malgré la forte présence des bandits dans les villes, les populations se tiennent encore débout. Elles sont solidaires les unes des autres. « Il arrive que la population se lève pour défendre les biens d’un des leurs. Et elle a souvent gain de cause à force de résister« , se console-t-il.
La situation n’est pas aussi alarmante à Soni Ali Ber, une des communes de Gao, indique le maire, Yacouba Abdourazack Maïga. Les sédentaires ont de tout temps été confrontés à des problèmes d’insécurité par ces hommes armés. « La situation n’est pas plus grave que par le passé. Ces rebelles ne font pas peur aux sédentaires, ils ont appris à vivre malgré leur présence. Les sédentaires vivent depuis longtemps dans la misère, leur plus grand problème a toujours été la nourriture« , analyse-t-il.
Au lieu d’alimenter la confusion au sud, le gouvernement et l’armée feraient mieux d’aller libérer nos compatriotes qui ne sont en rien responsables de leur incurie et de leur goût immodéré pour le pouvoir comme simple sinécure.