Pour un mois au moins la ville de Bamako est devenue la capitale des grandes retrouvailles internationales. Après la France-Afrique, elle a abrité, la semaine dernière, la 12è conférence de l’UPCI. Sous le vocable d’éradication du terrorisme, les parlementaires de l’OCI – l’organisation intergouvernementale la plus importante après les Nations-Unies et dont le Mali est membre depuis sa naissance au Maroc en 1969 – s’inscrivent dans la même vocation : assurer la sauvegarde et la protection des intérêts, dans un élan de paix internationale et d’harmonie entre les peuples.
Quant au conclave tant annoncé à Bamako, il s’est tenu au Centre International de Conférences de Bamako, sous la présidence d’Issaka Sidibé, le président d’une institution parlementaire qui s’impose de plus en plus comme un maillon déterminant du dispositif diplomatique malien.
Et sans rivaliser avec le récent sommet Afrique-France, l’éclat de la convergence parlementaire du monde islamique peut se juger à l’intérêt exceptionnel que lui ont porté une cinquantaine de pays membres, une douzaine de présidents d’Assemblée sans compter les nombreux vice-présidents, ainsi qu’une bonne dizaine d’observateurs. Au total, pas moins de 300 participants ont répondu au rendez-vous malien essentiellement dominé par les débats, réflexions et échanges sur le terrorisme. Sujet de grande préoccupation dans le pays d’accueil de l’événement, le mal a été exorcisé d’entrée de jeu au moyen d’une brève lecture du Coran.
Le marathon a ensuite enchainé avec le discours d’ouverture du N°1 des parlementaires maliens, l’Honorable Issaka Sidibé, qui n’a point tari de reconnaissances envers les participants pour la confiance et l’honneur dont ils ont comblés le Mali en lui confiant l’organisation de la 12è conférence ainsi que celle de ses réunions statutaires. Un geste symbolique qui est source d’espoir pour un pays qui traverse l’un des moments les difficiles de son histoire contemporaine, a-t-il relevé, en félicitant Abdullah Al Sheikh, président de l’Assemblée consultative du Royaume d’Arabie Saoudite pour la prise en charge de l’intégralité des dépenses liées à l’organisation.
Celui qui sera plus tard choisi pour assurer la présidence de l’UPCI une année durant a par ailleurs profité de la cérémonie d’ouverture pour jeter une idée assez originale dans la corbeille de la 12è conférence. Il a notamment invité à envisager un mécanisme de solidarité envers les pays musulmans continentaux pour leur permettre de faire face aux contraintes liées à leur développement commercial et industriel.
Actualité oblige, Issaka Sidibé n’a pas omis non plus de rappeler que son pays accueille la rencontre dans le deuil et la consternation avec une population meurtris par l’ampleur inédite du récent attentat terroriste à Gao. Un crime qu’il attribue aux ennemis de la paix et du Mali, qui pensent avoir porté un coup au processus de stabilisation en cours, mais sans compter avec la ferme détermination du peuple ainsi que de ses dirigeants à faire triompher la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Et le président de l’Assemblée nationale d’insister sur les avancées notoires dans la mise en œuvre dudit Accord, en se réjouissant notamment de l’arrêt des hostilités entre l’armée régulière et les groupes armées, de la création de deux nouvelles régions dans le nord, de la tenue des élections communales et des patrouilles mixtes, entre autres.
«Le terrorisme ne cesse de porter atteinte aux vies de nos populations et au développement harmonieux de nos Etats », a- t-il par ailleurs déclaré dans son vibrant appel à l’éradiquer par des actes autres que les simples condamnations.
Même son de cloche du côté de l’Honorable Dioncounda Sacko, qui faisait office de présidente des femmes parlementaires pour la circonstance. En lieu et place de l’Honorable Aïssata Cissé Chato, l’élue de Diéma a insisté sur la souffrance de ses sœurs dans les zones en conflit, allusion faite notamment au cas du Mali. Selon elle, de nombreuses femmes demeurent encore marquées par le traumatisme et ont besoin de soutien psychologique social pour leur reconstruction morale et physique infligées notamment par les viols et leurs corollaires de maladies sexuellement transmissibles, etc.
Autant de raisons, à ses yeux, qui militent en faveur d’un fonds de soutien aux femmes victimes d’abus et exactions terroristes. «Notre organisation gagnerait à apporter un soutien effectif à la femme malienne en général et celle du nord en particulier», a-t-elle plaidé à l’entrée de la conférence, aidant ainsi le président Issaka Sidibé à déblayer le terrain d’une position commune de l’UPCI sur le terrorisme.
Après deux jours d’intenses et fructueux échanges, les parlementaires du monde islamique ont finalement conclu leur conclave sur une impressionnante symphonie contre le fléau de la terreur en général, de ses implications sur la crise malienne en particulier. En attestent à la fois le communiqué final et la déclaration de Bamako qui traduisent tous une volonté partagée d’aider notre pays à l’étouffer par la jonction des moyens et efforts, sans considération de quelconques courants identitaires des pays ayant l’islam en partage.
La belle entente du monde musulman autour du Mali et au nom de sa stabilité est le résultat de jalons posés par l’Assemblée nationale malienne depuis la 10è Conférence à Istanbul où le dynamisme de la délégation, sous la houlette du président Issaka Sidibé, s’est soldé par la désignation de Bamako pour accueillir la rencontre suivante.
Ainsi annoncé depuis la 11è conférence édition dans la capitale, les retrouvailles périodiques des parlementaires de l’OCI a dû avorter pour éviter, dit-on, d’éventuels chevauchements avec l’organisation de l’Afrique-France. Pour la bonne cause, est-on tenté de dire car les moyens et commodités héritée de celle-ci ont finalement servi à mieux réussir l’organisation de la 12è conférence de l’UPCI, contribuant à conforter le succès de fond par un exploit de forme.
Amidou KEITA