Le Mali à travers le projet Justice Prévention et Réconciliation (JUPREC) qui est la représentation malienne de l’ONG Avocat Sans Frontière Canada, la section malienne de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), avait pris par à la 15ème Assemblée des Etats parties (AEP) de la CPI. Les objectifs et retombés de cette participation Malienne à cette 15ème AEP, ont été rendus publiques le mardi 24 janvier 2017 lors d’un atelier de restitution. Organisé par le projet « JUPREC », l’atelier a été marqué par une série de présentation. Drissa Traoré de l’association Malienne des Droits de l’Homme dans sa présentation s’est beaucoup accentué sur les défis et faiblesses des procédures nationales. Selon lui, le bilan des procédures nationales est mitigé car peu d’auteurs de crime de guerre sont arrêtés et beaucoup d’autres ont été libérés. Aux dires de Drissa Traoré, l’un des défis à relever est de diligenter la création de la commission d’enquête internationale inclue dans l’accord de Ouagadougou. Il rappelle qu’au plan national, les organisations de défense des droits de l’homme ont entamé des démarches pour rendre justice aux victimes. « Elles ont déposé auprès du Tribunal de Grande Instance de la Commune III de Bamako une plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au nom de 80 femmes et filles victimes de viols et d’autres formes de violences sexuelles commis lors de l’occupation du Nord Mali par les groupes armés. Une autre plainte a été déposée auprès du Tribunal de la Commune III au nom de 33 victimes de crimes internationaux commis lors de l’occupation de la région de Tombouctou » a ajouté Drissa Traoré.
Seydou Doumbia, président de l’association « Avocats Sans Frontière Mali » (ASFM) dira que la crise de 2012, a eu des conséquences graves sur les droits de l’homme. Me. Doumbia estime que les victimes ont des difficultés à accéder à la justice au Mali. « Ces difficultés sont, entre autres, l’insécurité, le dysfonctionnement des juridictions du nord, la distance entre les localités de résidence des victimes et Bamako », note l’orateur. Abdoulaye Doucouré de Juprec estime que l’Etat malien dans sa quête de réconciliation, oublie la distribution de la justice. Doucouré invite la CPI à jouer son rôle de complémentarité et demande à l’Etat d’accélérer le procès de l’ex chef de la junte, Amadou Haya Sanogo, débuté au mois de novembre 2016 afin de mettre fin à l’impunité. L’ancienne vice-présidente de la Cour pénale internationale (Cpi), Fatoumata Diarra Dembélé a mis son expertise au profit des participants et participantes de cet atelier tout en mettant l’accent sur le principe de complémentarité entre la CPI et les juridictions nationales. Sur les relations Mali-CPI, il ressort des présentations que le Mali a saisi la CPI le 18 juillet 2012 pour qu’elle enquête sur des crimes de guerre commis au nord. L’enquête ouverte pour l’instant n’a pas permis d’identifier des suspects. Mais, cependant, au sujet de la destruction des mausolées à Tombouctou, un procès a déjà eu lieu, celui du terroriste Al-Madhi. « La CPI a rendu une décision le 27 septembre 2016 dans l’affaire Al Madhi pour la destruction de 10 monuments à caractère religieux et historique de Tombouctou. Cette affaire ne marque pas la fin, mais le début de la lutte contre l’impunité au Mali » a ajouté Abdoulaye Doucouré de JUPREC.