Les organisations de la société civile savent que c’est vers le PNUD qu’elles doivent se tourner pour réclamer une reprise rapide du financement de leurs activités relatives aux élections de 2013. Elles avaient signé des contrats avec la représentation locale du PNUD Mali, ce partenaire du système des Nations-Unies, leur accordant des subventions pour financer des activités de sensibilisation des populations en vue des élections transparentes et crédibles. Ces contrats signés mars 2012 auront moins de chance de conduire au décaissement, car quelques jours après, le 22 mars verra le renversement des institutions de la République. A cet effet les activités des partenaires, et contrats avec, ont été suspendus. Aujourd’hui, soit onze mois après, à la faveur de la feuille de route de la transition, et de la fixation du calendrier électoral, les partenaires ont repris du service. Les élections se tiendront au mois de juillet, soit dans moins de cinq mois. Les organisations de la société civile comme la Coordination des associations et organisations féminines (Cafo), le Réseau d’Ong d’appui au processus électoral au Mali (Apem), le Groupe Pivot Droit et citoyenneté de la femme (Gpdcf) et d’autres, sont sur le starting bloc pour la relance de leurs activités, mais ne retrouvent pas auprès de la représentation du PNUD au Mali, la réponse adéquate à leurs préoccupations de financement.
Pour ces Ongs, la Résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations-Unies est leur cheval de bataille, selon les interlocuteurs contactés. Suivant cette résolution, il apparait clairement que les Nations Unies, en étroite coordination avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine, va aider le Mali dans le déroulement du processus politique. A cet égard, l’organisation d’élections crédibles constitue un préalable important. Une large implication de tous les acteurs, notamment nationaux, est indispensable pour garantir la paix sociale et éviter les violences post électorales pouvant découler de contestations des résultats. A cet effet, le PNUD Mali est responsable de la coordination de l’appui des partenaires au processus électoral à travers la mise en place d’un projet d’assistance électorale. Une certaine lourdeur administrative est constatable à ce niveau, ou alors, il y a une marginalisation des organisations de la société civile, alors que rien ne peut plus justifier cela, à la phase actuelle du processus. « Depuis la reprise du processus politique, les acteurs de la société civile sont superbement ignorés et méprisés dans le cadre de la réalisation des activités de sensibilisation dont le démarrage immédiat est crucial pour la réussite des élections générales de 2013. Le PNUD Mali a recruté des soi-disant experts électoraux béninois, tous de même nationalité que le Représentant du PNUD Mali qui est également béninois », se lâche un acteur de la société civile.
Réfondation de l’Etat sur une base participative
Au moment où le Gouvernement de transition du Mali, à travers sa Feuille de route du 25 janvier 2013 adoptée par l’Assemblée Nationale le 29 janvier 2013, a décidé de l’organisation des élections générales de 2013 avant le 31 juillet 2013, il devient urgent de mener des campagnes de sensibilisation en vue de refonder l’Etat au Mali sur une base participative, poursuit notre interlocuteur. Il ajoute : « en vue d’aboutir à une tenue d’élections présidentielles et législatives pacifiques, crédibles et sans exclusive, tous les intervenants doivent travailler de concert. Cependant, il est une réalité aujourd’hui que la société civile nationale malienne n’est pas prise en compte par le Bureau du PNUD Mali qui travaille exclusivement avec le Gouvernement de transition au détriment des acteurs nationaux non étatiques ».
De son côté, la Cafo a confirmé la suspension des financements prévus, à la suite des événements de mars 2012. « C’est le problème du financement extérieur, car même si on sent l’urgence des actions à mener, on se voit limité. C’est une grande préoccupation des organisations féminines qui sont entrain de se préparer pour mieux faire », selon Mme Oumou Touré présidente de la Cafo. D’ailleurs, indique-t- elle, ce jeudi matin, un atelier regroupera à la Cafo, les femmes de la base, membres et non membres de la CAFO, autour de l’élaboration de plans d’actions pour la période transitoire. « Après cet atelier, nous allons entamer un vaste programme d’informations allant du sommet à la base pour amener les populations en général, et surtout les femmes à s’impliquer efficacement et effectivement pour des élections apaisées et transparentes, afin d’éviter des conflits post-électoraux ». Il s’agit, selon elle d’un atelier soutenu par ONUFEMMES en collaboration avec le réseau femmes sécurité et paix dans l’espace CEDEAO dont les bénéficiaires sont la CAFO et des organisations partenaires opérant à la base.
L’absence de financement est déplorée aussi par le Groupe Pivot Droit et citoyenneté de la femme (Gpdcf). « Si nous avons le financement, nous jouerons le rôle qui est le nôtre », souligne Nana Sissako. Selon elle cependant, « les partis politiques également doivent jouer leur rôle d’éducation à la citoyenneté. Même avec la crise, ils ont le financement, il faut qu’il commence à jouer leur rôle qui n’est pas seulement de se battre, d’aller à la conquête du pouvoir, mais d’aider le citoyen à jouer son rôle, qui ne sait même pas souvent ce qui est attendu de lui.
En réponse à ces différentes complaintes des organisations de la société civile, contactées des sources proches du PNUD nous indiquent qu’une rencontre aura lieu les prochains jours avec les organisations de la société civile, pour discuter avec elles. Selon lui, à la demande des autorités maliennes, une mission de la division des affaires politiques des Nations-Unies était à Bamako en novembre et décembre 2012, dans le but d’évaluer les nouveaux besoins globaux de tout le processus électoral, y compris la cour constitutionnel et la Ceni. Des recommandations de cette mission introduisent des modifications dans les documents de projets, selon lesquelles, en plus de l’éducation civique, l’éducation électorale sera prise en compte dans les actions à mener. Mais nos sources proches au Pnud ont été incapables de dire quand est-ce que les financements seront effectivement disponibles pour que les activités des organisations reprennent dans le processus électoral.
B. Daou