On parle tellement de la viande de cheval présentée comme celle de bœuf que l’on oublie un autre scandale plus important en matière de consommation. C’est la production de viande artificielle qui a fini de sortir des laboratoires de recherche pour entrer dans la phase de production de masse. Plusieurs entreprises sont déjà actives sur le marché et la société américaine Beyond Meat fait parler d’elle depuis quelques mois avec son poulet produit à base de soja. Les investisseurs se bousculent déjà pour développer cette filière
Différents procédés ont été mis au point pour obtenir de la viande artificielle comme le fait de cultiver des cellules souches de bovin plantées dans un morceau de tissu musculaire. Mais en dehors de ce procédé que l’on comprend mieux, il y en a d’autres à la fois curieuses et spectaculaires.
C’est le cas de celui utilisé par l’Américain Beyond Meat qui part d’une protéine poudrée de soja pour fabriquer de la viande de poulet et des petits pois pour obtenir de la viande rouge. Tirée d’une pâte liquide, cette poudre est ensuite chauffée puis extrudée à travers une machine pareille à une presse à pâtes, avant d’être refroidie.
En Angleterre, un fabricant part d’une protéine recueillie auprès des champignons qui est ensuite traitée par fermentation comme on fait pour obtenir de la bière, à la différence qu’on ne s’intéresse pas au liquide, mais à la matière solide qui est récoltée après le procédé de fermentation. Sachez le alors, cette matière recueillie ne sert pas seulement à produire de la viande, mais à faire des dizaines de produits alimentaires.
Mais la question qui se pose naturellement, c’est de savoir si ces procédés servent à satisfaire une simple curiosité scientifique ou à développer les filières économiques de la viande, notamment par une production en grande quantité pouvant faire l’objet d’une commercialisation.
Actuellement, le poulet de Beyond Meat est utilisé dans ses plats préparés et vendus dans certains magasins. C’est ainsi que ce poulet à base de soja se retrouve donc dans ses sandwiches, salades, brochettes et autres. Selon plusieurs sources qui s’intéressent à ce sujet, la commercialisation devrait s’étendre à tout le territoire des Etats unis d’Amérique, selon les prévisions des concepteurs.
De toute façon, un marché prometteur est en train de se dessiner, au vu de la demande de plus croissante de cette viande artificielle, tant en Europe qu’aux Etats unis d’Amérique où les premières expériences de production et de commercialisation ont été concluantes. En effet, aux Etats-Unis, les produits à base de substituts de viande représentent 70% des ventes de nourriture dite végétarienne.
En plus, certaines données donnent de l’espoir aux promoteurs de cette viande artificielle. En effet, selon la Fao (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), d’ici 2050, la demande en viande aura doublé. Alors que l’élevage mondial qui occupe déjà 30% de la surface exploitable de la planète pour les pâturages, aura bien du mal à suivre cette tendance à la hausse en vue de satisfaire la demande.
Puisque l’argument écologique est aussi à la mode, les défenseurs de l’équilibre de l’écosystème s’y mettent pour dire que la production de viande artificielle est un moyen de lutte contre les gaz à effet de serres car selon une étude réalisée par l’université d’Oxford et rendue publique au cours de l’année 2011, la viande créée en laboratoire produirait 78 à 96% de moins de ces gaz, comparativement à la viande conventionnelle. Ils soutiennent aussi que cela nécessite également 82 à 96% moins d’eau. Sans compter que les amis de la nature ne cessent de s’élever contre l’abattage sauvage et anarchique d’animaux pour satisfaire les besoins de la population mondiale en viande.
Considérée à tort ou à raison comme un avenir prometteur, cette trouvaille ne cesse d’attirer des investisseurs parmi lesquels sont cités les fondateurs de Twitter et de Paypal, entre autres grosses pointures des affaires qui n’avaient pourtant pas l’habitude de mettre leurs économies dans le financement de ce genre d’activités.
Du côté de l’Afrique, on est dans l’expectative car si ce filon est exploité comme il se doit, c’est notre continent qui se verrait envahi par des produits à base de viande artificielle pour permettre aux investisseurs de rentabiliser les capitaux injectés dans le développement de la filière. Déjà, l’Afrique a encore du mal à assurer un contrôle correct des produits alimentaires et c’est sûr que toutes les conserves à base de viande de cheval retirées des espaces commerciaux en Europe, risquent d’atterrir chez nous. Déjà dans nos marchés, les conserves périmées venant d’ailleurs se vendent comme de petits pains. Qu’en sera-t-il alors de la viande artificielle pour laquelle les musulmans devront d’ailleurs se prononcer pour savoir si c’est halal ou haram.
Amadou Bamba NIANG