Dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique n°2720 du 24 février au 2 mars, le colonel-major El Hadj Gamou crache ses vérités. Il profite de l’occasion pour étaler toutes les raisons qui l’opposent aux principaux instigateurs de la rébellion actuelle, notamment Iyad Ag Ghaly et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Pour ce Touareg bon teint, qui clame partout sa fierté d’être Malien, de vivre comme tel et heureux de l’être, « rien ne peut raisonnablement justifier les dernières rebellions qui ont mis à mal son pays ces dix dernières années ».
Refusant de se prononcer ouvertement sur ce qui l’oppose véritablement à son complice de la rébellion de 1990, Iyad Ag Ghaly, le colonel-major Gamou estime que « avec la rébellion (de 1990), nous avons obtenu tout ce que nous cherchions ». Et de poursuivre : « Moi, je n’ai pas été à l’école. Je suis pourtant colonel-major de l’armée. Pourquoi déserter ou prendre les armes ? », s’indigne-t-il.
En effet, incorporé dans l’armée nationale à la faveur du Pacte national, signé en 1992 entre le gouvernement malien et les mouvements rebelles de l’époque (Arla, Mfua, MPA, etc.), il est formé à l’Ecole militaire de Koulikoro et gravit rapidement les échelons jusqu’à se retrouver chef d’état-major particulier adjoint du président Amadou Toumani Touré, dont il était l’un des rares hommes de confiance.
C’est pourquoi, il reconnaît dans l’entretien avec JA que « depuis des années, les Arabes et les Touaregs bénéficient d’un ascenseur plus rapide que les autres nationaux dans l’armée et bien d’autres sphères de l’administration publique ».
D’où son incompréhension face aux revendications fallacieuses des séparatistes du MNLA et autres complices, notamment Ançar Eddine, MIA, etc. Il tonne enfin : « Dans le Nord, nous avions tous les postes de commandement avant cette absurde guerre. Que demander de plus à l’Etat ? »
Malgré tous ses propos rassurants, Ag Gamou fait l’objet de beaucoup de suspicions dans l’opinion nationale à cause principalement de liens étroits supposés avec le milieu du narcotrafic dans le Nord du Mali, mais également de sa déclaration « de reddition pour rejoindre le MNLA » faite sur RFI au pire moment de la débâcle des forces gouvernementales face aux rebelles en mars 2012 après le chute de Kidal, bastion des troupes placées sous son commandement.
Il le sait et il en a conscience. Mais pour l’officier supérieur, lui et ses hommes ont la conscience tranquille. Ils font un travail de renseignement et d’éléments précurseurs au profit de l’armée malienne et des forces alliées dans la reconquête des zones sous occupation des salafistes et des terroristes.
A ce sujet, El Hadj Ag Gamou est sans équivoque. « Le travail ne sera vraiment terminé que lorsqu’il pénétrera dans Kidal en anéantissant le MNLA et en arrêtant Iyad Ag Ghaly », qui selon lui, ne sont rien d’autres que « des destructeurs d’écoles, d’hôpitaux, de monuments culturels ». Donc des criminels endurcis qui ne méritent d’autre sort que d’être anéantis purement et simplement.
La guerre de libération du joug terroriste que mènent le Mali et ses alliés présentement dans le nord du pays, le colonel-major Gamou en fait désormais une affaire d’honneur personnel et d’affront à laver. Lui et ses hommes (environs 500) n’auront de répit que lorsque tous ces objectifs clairement définis seront atteints.
Comme on le voit, même parmi la minorité touareg, c’est une infime minorité qui manipule l’opinion internationale à partir d’arguments fallacieux et mensongers « d’exclusion » et de « marginalisation ».
Ag Gamou a apporté sa part de vérité pour éclairer davantage l’opinion surtout internationale. Il revient à l’Etat ainsi qu’à tous les citoyens maliens de resserrer les liens autour de la nation, afin de l’extraire de ce cercle vicieux et pernicieux des rébellions à répétition.
Bréhima Sidibé